ZNIEFF 930012776
COTEAUX STEPPIQUES EN RIVE GAUCHE DE LA DURANCE DE LA FONT D'EYGLIERS À L'ARGENTIÈRE

(n° regional: 05100146)

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Description


Localisé dans sa partie est du département des Hautes Alpes dans la région du Guillestrois, dans la vallée de la Haute Durance (en rive gauche), entre le massif des Ecrins à l'ouest et le massif du Queyras à l'est, le site correspond au bas du versant entre l’Argentière la Bessée et Saint Crépin.
Le site s'étend sur un substrat d'éboulis et de moraines mélangés, où affleurent localement des calcaires et des flyschs.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine dauphinoise, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Il s’étend de 920 m à 1790 m d'altitude, aux étages de végétation montagnard et subalpin inférieur.
Longé par la Durance dans sa partie basse et bordée par des pinèdes sylvestres dans sa partie haute, il est caractérisé par les plus belles pelouses d'affinités steppiques des Alpes françaises, au regard de leur diversité biologique et de leur état de conservation. Celles ci sont établies sur la partie inférieure des versants de la vallée. Par ailleurs, le site recèle la plus grande et la plus remarquable thuriféraie de France, dans laquelle l'ambiance, dépaysement assuré, et la biodiversité présentent de fortes similitudes avec l'Atlas marocain.


Milieux remarquables


Les trois habitats déterminants que compte le site comprennent des milieux semi ouverts thermoxérophiles. Ce sont :
• les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)] : cet habitat, d’une très grande valeur patrimoniale, apparaît de manière très caractéristique, avec l’ensemble de son cortège floristique, enrichi d'espèces végétales d'origine orientale ;
• les mattorals arborescent à Genévrier thurifère (Junipera thurifera), formations xériques semi ouvertes piquetées d’arbres épars (32.136) ;
• les bois de Genévrier thurifère (Junipera thurifera) [all. phyto. Juniperion thuriferae (42.A28)], dont celui de Saint Crépin constitue le plus spectaculaire boisement de ce type en France. Dans le département des Hautes Alpes, seuls quatre sites présentent de très beaux peuplements de Thurifères : Saint Crépin, le plus célèbre d’entre eux, l’adret de Théus, le Bois du Revuaire à Saint Genis et la Forêt Domaniale de l’Eygues à Saint André de Rosans. Localisés essentiellement dans les Alpes du sud, ils constituent un habitat rare particulièrement remarquable en France. A ce titre ils sont classés déterminants. La thuriféraie du site, particulièrement bien préservée, est généralement pure, et localement associée à des formations plus ouvertes (mattorals arborescents, pelouses steppiques …)
• les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)], accueillant une végétation de petites plantes annuelles, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale.
Cinq autres habitats remarquables sont également présents : les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [all. phyto. Ononido rotundifolii Pinion sylvestris (42.53) et Deschampsio flexuosae Pinion sylvestris (42.55)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso sedion albi (34.1)], milieux ponctuels disséminés au sein du complexe de pelouses, et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis (62.15)].
Les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)], constituent, d’autre part, un habitat présentant un intérêt écologique marqué par la diversité de sa flore et de son entomofaune.


Flore


Le site comprend dix espèces végétales déterminantes dont quatre sont protégées au niveau national : le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire historiquement signalée sur le site et à rechercher, la Nonnée brune (Nonea erecta) et la Corbeille d'argent du mont Aurouse (Iberis aurosica). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Fraxinelle blanche (Dictamnus albus), belle rutacée des lisières et broussailles sèches. Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle se localise aux seules vallées de la Durance et de l'Ubaye, où elle occupe les pelouses d'affinités steppiques, la Phélypée des sables (Phelipanche arenaria), la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux pelouses sèches à répartition très restreinte en France, le Cotonéaster de l'Atlas (Cotoneaster nebrodensis) et l'Aster linosyris (Galatella linosyris var. linosyris).

Par ailleurs, le site comprend une espèce végétale remarquable protégée au niveau national : la Gagée des champs (Gagea villosa).


Faune


Le site recèle un patrimoine faunistique d’un intérêt assez élevé puisque vingt-cinq espèces animales patrimoniales dont sept sont déterminantes.
Les mammifères locaux d’intérêt patrimonial sont représentés par une espèce déterminante, le Loup (Canis lupus) qui parcoure d’immenses territoires et une espèce remarquable, le Cerf élaphe (Cervus elaphus). L’avifaune nicheuse renferme plusieurs espèces intéressantes : Aigle royal (Aquila chrysaetos), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Petit duc scops (Otus scops), Tétras lyre (Tetrao tetrix), galliforme en régression et nicheur possible, Huppe fasciée (Upupa epops), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique, d’affinité méridionale, Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Alouette lulu (Lullula arborea), Torcol fourmilier (Jynx torquilla) Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), oiseau rupestre potentiellement nicheur.
L’entomofaune locale patrimoniale abrite plusieurs espèces à prendre en compte. Trois espèces déterminantes de lépidoptères sont présentes : l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, d’affinité méditerranéo montagnarde et propre aux éboulis et versants accidentés et ensoleillés jusqu’à 1700 m. d’altitude, le Moiré provençal (Erebia epistygne), espèce méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) et l’Isabelle de France (Actias isabellae), espèce emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest méditerranéenne morcelée (en France : Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence et Pyrénées Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre sur les versants abrités entre 600 et 1800 m d’altitude. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : l’Apollon (Parnassius apollo), espèce protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 300 et 2500 m. d’altitude, l’Hermite, lépidoptère en forte régression, lié aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes) et la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.).


Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF


Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
De par sa position le long de la Durance, large vallée glaciaire, qui est une voie importante de pénétration à l’intérieur des Alpes, le site se trouve sur un flux migratoire nord sud.
L'abandon des cultures ou de l’irrigation et de la fauche, sur les anciennes terrasses agraires, a conduit à l'installation de pelouses sèches propices à l’établissement de zones de parcours ovins. La pression pastorale tendant actuellement à se réduire, la dynamique de végétation se poursuit par la colonisation d'une végétation ligneuse comprenant des landes, des fourrés et des matorrals à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera), précurseurs de l’installation de boisements de Pin sylvestre (Pinus sylvestris). Ce stade végétal ultime qui accroît les risques d'incendies et banalise le paysage, tend à se généraliser sur ce site.
Des actions d'entretien de la thurifèraie ont déjà été entreprises, afin de contenir la dynamique ligneuse.
Les complexes de milieux steppiques de l’ensemble des vallées de la Durance et du Guil constituent un ensemble fonctionnel interdépendant présentant de nombreuses connexions. Le cloisonnement progressif de ceux ci par l’embroussaillement et le reboisement naturel ou volontaire d’une part, ou par le grignotage de l’urbanisation et des infrastructures linéaires (routes, etc.) d’autre part, est susceptible de conduire à terme à un amoindrissement de leurs composantes biologiques et à une perte de la biodiversité.

Comments on the delimitation

L’assemblage d’habitats rocheux et xérophiles (pelouses sèches, fruticées, boisements thermophiles) et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale est le critère essentiel ayant servi à la délimitation du site, dont le périmètre se cale sur des éléments topographiques marqués et sur des repères géographiques importants (ruptures de pente, routes, dessertes, etc.)