ZNIEFF 930020114
LE DRAC, LA SÉVERAISSE ET LEUR CONFLUENCE

(n° régional : 05113100)

Commentaires généraux

Description

Le site est établi sur la bordure centre nord du département des Hautes-Alpes, à la confluence de deux rivières, le Drac et la Séveraisse, à l’entrée de la vallée du Valgaudemar.
Du point de vue climatique, le site est établi dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires dauphinoises. Les influences atlantiques s’y font encore nettement sentir au niveau des principales vallées ouvertes vers l’ouest.
Compris entre 770 m et 870 m d’altitude, le site est inclus dans l’étage de végétation montagnard inférieur.
Il concerne un tronçon de chacune de ces deux rivières avec leurs ripisylves et divers milieux connexes associés : bras secondaires, espaces de divagation, bancs d’alluvions, saulaies pionnières...

Milieux remarquables

Ce site possède un habitat représentatif des cours d’eau de bonne qualité, à savoir les milieux aquatiques d’eau douce de la zone à truite (24.12), qui présentent ici un bon état de conservation.
En dehors de ceux ci, le lit de la rivière comprend des formations végétales pionnières herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)] associés en mosaïque avec des bancs de graviers sans végétation (24.21)]. Les formations arborées et arbustives des rives sont composées essentiellement par les fourrés de saules pionniers des berges et alluvions torrentielles à Saule drapé (Salix elaeagnos), Saule faux daphné (Salix daphnoides) et Saule pourpre (Salix purpurea) [all. phyto. Salicion incanae (44.111 et 24.223)], quelques boisements riverains en galeries d’Aulne blanc (Alnus incana) [all. phyto. Alnion incanae (44.21)] et des aulnaies frênaies medio européennes [all. phyto. Alnion incanae (44.3)].

Flore

Le site comprend cinq espèces végétales déterminantes, dont deux sont protégées sur le plan national : la Laîche à épis d'orge (Carex hordeistichos), espèce des prairies humides en grand déclin à l’échelle national, qui serait à retrouver sur le site, et la Petite massette (Typha minima). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium), saxifragacée des rochers et sous bois humides aux inflorescences dorées. Les autres espèces déterminantes du site sont l'Anémone fausse-renoncule (Anemone ranunculoides), rare dans les Alpes du Sud, et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Par ailleurs, le site comprend deux espèces végétales remarquables, l’une protégée au niveau national : la Gagée jaune (Gagea lutea), petite liliacée aux fleurs jaunes affectionnant les boisements humides, l’autre protégée au niveau régionale : la Fausse Giroflée des montagnes (Coincya monensis subsp. cheiranthos).

Faune

Le cortège faunistique présent sur ce site est d’un intérêt élevé, avec plus de cinquante espèces animales patrimoniales, dont 10 sont déterminantes.
Deux espèces de chauves-souris remarquables sont répertoriées : le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude et la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce forestière relativement fréquente. Les autres mammifères sont représentés par deux espèces remarquables : le Cerf élaphe (Cervus elaphus) et le Lièvre variable (Lepus timidus).
Un amphibien déterminant est également présent sur le site : le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce à effectifs faibles et vulnérable, en déclin, d’affinité médio européenne et montagnarde, affectionnant les petits points d’eau peu profonds, dans les endroits restant frais et humides en été.
Les oiseaux nicheurs comprennent plusieurs espèces d’intérêt patrimonial, toutes remarquables :, Petit Gravelot (Charadrius dubius), Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), espèce paléarctique liée aux rivières et torrents à courant rapide, Petit duc scops (Otus scops), Faucon hobereau (Falco subbuteo), Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), Huppe fasciée (Upupa epops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) et Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Bruant fou (Emberiza cia) et Fauvette grisette (Sylvia communis). Ses espèces nicheuses sont accompagnées par des oiseaux déterminants de passage ou qui viennent se nourrir : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Faucon kobez (Falco vespertinus), Busard cendré (Circus pygargus), Chevalier gambette (Tringa totanus), Grande Aigrette (Ardea alba), Héron pourpré (Ardea purpurea), Cigogne blanche (Ciconia ciconia). Enfin, de nombreuses espèces remarquables sont observées ponctuellement : Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Chevêche d'Athéna (Athene noctua), Hibou grand-duc (Bubo bubo), Vanneau huppé (Vanellus vanellus), Aigrette garzette (Egretta garzetta), Fuligule milouin (Aythya ferina), Grèbe huppé (Podiceps cristatus), Tarin des aulnes (Carduelis spinus), Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), Fauvette grisette (Sylvia communis), Bécassine des marais (Gallinago gallinago), Guêpier d'Europe (Merops apiaster), Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), Hirondelle de rivage (Riparia riparia) et Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax).
Chez les invertébrés d’intérêt patrimonial, mentionnons la présence de l’Iule des sables (Ommatoiulus sabulosus), espèce déterminante de Myriapodes Diplopodes de grande taille, appartenant à la famille des Iulidés, fréquente en montagne où elle peut dépasser 2000 m d’altitude dans les Alpes, localisée dans la région aux trois départements alpins et au Vaucluse où elle est menacée.
Sept espèces d’insectes d’intérêt patrimonial sont présentes. Parmi celles-ci, deux sont déterminantes : du Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce de lépidoptère protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France et le Criquet des iscles (Chorthippus pullus), espèce rare et en régression d’orthoptère, strictement liée aux grèves de cours d'eau en tresses. Elles sont accompagnées d’espèces remarquables : le Grand sylvain (Limenitis populi), espèce typique des lisières et clairières à Trembles, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce d’Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, le Leste des bois (Lestes dryas), odonate Zygoptères (demoiselles), en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud, localisée et inféodée aux pièces d'eau temporaires et le Tétrix des grèves (Tetrix tuerki), espèce peu commune d'orthoptère dont la présence est strictement liée aux bordures de cours d'eau en tresse.
Notons également la présence de l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), Crustacé Décapode remarquable, en régression et devenu assez rare et localisé en région Provence Alpes Côte d’Azur aujourd’hui.
Enfin, une espèce de poisson remarquable est présente dans les cours d’eau : le Blageon (Telestes souffia).

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 n’englobe pas de ZNIEFF de type 1.
Elle est en revanche en continuité avec des ZNIEFF de type 2 : 05_122_100 « Dévoluy septentrional : Massif de la Montagne de Féraud » et 05_114_100 « Bocage du Champsaur de Saint Michel de Chaillol à Saint Jacques en Valgaudemar ».
Ces divers habitats boisés sont de grand intérêt écologique, car ils forment des corridors en contact avec les milieux adjacents aux cours des rivières, notamment les espaces bocagers et les boisements montagnards de bas de versant. La situation du site à la confluence de deux rivières principales renforce encore ce rôle de corridor écologique indispensable à la circulation et à la diffusion des différentes espèces tant animales que végétales.
Par ailleurs, l’écocomplexe fluviatile du Drac présente un important niveau d’organisation étroitement dépendant de la dynamique hydraulique torrentielle et du charriage des alluvions, conditions strictement dépendantes du bon fonctionnement de l’ensemble de son bassin versant. Ainsi, les secteurs de lit en tresses présentent de nombreux îlots végétalisés, présentant à la fois les premiers stades de la dynamique de végétation indispensables au maintien des espèces pionnières, ainsi que des stades de ripisylves plus évolués, habitat d’espèces spécialisées strictement inféodées aux forêts riveraines humides.

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site englobent l’écocomplexe fonctionnel du Drac et de l’un de ses affluents : la Séveraisse. Elles incluent les cours d’eau cités, leurs ripisylves et zones connexes proches. La délimitation est assez nette et exclut l’essentiel des zones fortement anthropisées (cultures, urbanisation).