ZNIEFF 930020138
SAINTE-AGNÈS

(n° regional: 06100123)

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Description de la zone
Le vallon du Pescaïre situé en partie sud de la ZNIEFF est une belle région formée de collines et de ravins boisés appartenant à l’étage méditerranéen (Peuplier blanc, Charme houblon, Chêne pubescent, Pin d’Alep …). Ce secteur présente un grand intérêt historique par la présence d’éléments de l’aménagement rural traditionnel ancien (canaux d’irrigation, terrasses de culture...). Les vallons sont creusés à leur base en canyons formant parfois des boyaux où règne un microclimat particulier (forte hygrométrie et températures relativement basses). Ces sites sont uniques en Europe par la rareté des espèces qu’ils contiennent et la particularité des groupements biotiques qui s’y développent. Ce secteur recouvre principalement une zone située sur substrat siliceux (grès oligocènes), et une zone située sur substrat calcaire et marneux. Les faciès géomorphologiques de cet ensemble sont très proches de ceux rencontrés dans les vallons obscurs de la Plaine du Var. De plus, placés dans une situation bioclimatique comparable, on y rencontre les mêmes biotopes.
Le secteur du Mont Ours est constitué de forêts de feuillus et de pinèdes de l’étage supraméditerranéen. Fraîches et fermées en versant nord, elles sont ouvertes et sèches en versant sud où elles laissent le plus souvent la place à des garrigues très dégradées. La gestion pastorale passée et la fréquence des incendies ont modelé les différents biotopes rencontrés. Les parties basses des adrets sont occupées par les séries méditerranéennes du Chêne vert et du Genévrier de Phenicie. Les parties hautes des adrets et les ubacs sont colonisés par des forêts, des garrigues et des pelouses de la série subméditerranéenne du Chêne pubescent et de la série du Charme houblon.

Flore et habitats naturels
Les éléments remarquables de la végétation sont le développement de forêts d’affinité orientale composées de Charme houblon (Ostrya carpinifolia) : yeuseraie à Frêne à fleurs (Fraxinus ornus) du Fraxino orni Quercion ilicis dans le mésoméditerranéen et ostryaies du Carpinion orientalis dans le supraméditerranéen et le montagnard, les formations de tuf (Cratoneurion commutati), les falaises calcaires et entrées de grottes, riches en endémiques des Alpes maritimes et des Alpes sud occidentales, représentées notamment par les associations du Potentilletum saxifragae et du Ballotetum frutescentis, parfois associées à des vires calcicoles à Seslérie bleue (Seslerion elegantissimae), les falaises calcaires thermophiles méditerranéennes de l’Asplenion glandulosi. Parmi les espèces déterminantes des Alpes Maritimes, on note par exemple le Cytise d’Ardoino (Cytisus ardoinii), le Muscari en grappe (Muscari botryoides), l’Ophrys aurélien (Ophrys bertolonii), la Primevère marginée (Primula marginata), la Fougère de Crète (Pteris cretica), la Renoncule de Gargano (Ranunculus garganicus). C'est également ici que l'on trouve une des trois populations confirmées du Crocus de Ligurie (Crocus ligusticus), espèce endémique.

Faune
Cette zone renferme un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique relativement élevé, avec 32 espèces animales d’intérêt patrimonial dont 8 déterminantes.
L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, est riche en espèces d’affinité biogéographique plutôt méditerranéenne et montagnarde. Deux espèces déterminantes sont présentes, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace rupicole rare et localisé en France et dans la région mais en augmentation et le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), espèce d’affinité méditerranéenne, rare et localisée, en légère régression dans la région, affectionnant les zones rocailleuses dénudées avec quelques buissons et arbustes jusqu’à 1 300 m d’altitude, accompagnées de nombreuses espèces remarquables : Bondrée apivore (Pernis apivorus), nicheur probable, correspondant à un rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), nicheur probable  correspondant à un rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Autour des palombes (Accipiter gentilis), nicheur probable, rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole d’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, nicheur probable localement (un couple), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), passereau plutôt localisé et en léger déclin, d’affinité méridionale marquée, propre aux coteaux boisés, secs et ensoleillés riches en buissons élevés jusqu’à 1 300 m d’altitude, Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Bruant fou (Emberiza cia), passereau d’affinité à la fois méridionale et montagnarde, propre aux milieux ouverts et rocailleux, secs et ensoleillés, de 300 à 2 600 m d’altitude.
L‘herpétofaune locale est représenté par le Phyllodactyle d’Europe (Euleptes europaea), espèce déterminante, rare et localisée de gecko, de nette affinité méditerranéenne, pour laquelle le site inclut plusieurs des seules stations continentales françaises localisées dans le département des Alpes-Maritimes et le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), également appelé Hydromante, espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région P.A.C.A., correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude
Les arthropodes patrimoniaux sont riches de plusieurs cortèges.
La Lycose de Narbonne (Lycosa tarantula), espèce remarquable d'affinité ouest méditerranéenne qui recherche les pelouses sèches dans lesquelles elle creuse son terrier est présente sur le site.
Les coléoptères sont représentés par le Charançon Troglorhynchus augustae, espèce déterminante de Curculionidés, cavernicole et troglobie, endémique du département des Alpes-Maritimes où elle se trouve strictement localisée à deux stations.
Citons également la présence de la Mante terrestre (Geomantis larvoides), espèce remarquable et peu commune d'affinité ouest méditerranéenne, liée aux pelouses rases et sèches où elle chasse ses proies en courant sur le sol.
Du côté des orthoptères, trois espèces remarquables ont été inventoriés l'Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), criquet à mobilité réduite et endémique de Provence, qui peuple les pelouses sur les plateaux calcaire et garrigues ouvertes, le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest méditerranéenne dont la sous espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole, endémique franco italienne du sud ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.
Cinq espèces déterminantes font parties des lépidoptères : la Noctuelle des peucédans (Gortyna borelii), Noctuidae dont la sous-espèce lunata n'est présente en France que dans les pelouses xérophiles calcaricoles des Alpes-Maritimes, du Var et de la Corse, la sous-espèce stygia de la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus stygia), l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga et le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus dolus), dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp). Il est également important de signaler la présence ancienne de la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce déterminante de papillon de jour en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var et qui mériterait des prospections ciblées dans les milieux favorables du site.
Chez les crustacés isopodes, signalons la présence du cloporte Porcellionides myrmecophilus, espèce remarquable et endémique franco italienne, méditerranéenne et localisée en France au Var et aux Alpes Maritimes, myrmécophile ayant comme hôte exclusif des fourmis granivores du genre Messor.
Les peuplements de mollusques gastéropodes présentent un très fort intérêt avec la présence d’espèces très rares et endémiques, citons, l'Aiguillette de Gorbio (Renea gormonti), espèce remarquable et protégée en France, très rare et vulnérable, micro endémique limitée à deux stations dans les Alpes Maritimes, vivant dans la litière des forêts et parmi les rochers, la Pagoduline lisse (Argna bourguignatiana), espèce remarquable et protégée en France, endémique provenço ligure, très rare, exclusivement signalée en France de deux stations dans les Alpes Maritimes, la Grande aiguillette (Platyla foliniana), espèce remarquable et protégée en France, rare et vulnérable, micro endémique signalée seulement de deux stations dans les Alpes Maritimes, vivant dans la litière des forêts et la Cristalline des Alpes Maritimes (Vitrea pseudotrolli), espèce sud alpine remarquable et protégée en France, endémique franco italienne, exclusivement présente en France dans deux stations des Alpes Maritimes, vivant dans la litière des forêts humides et sur les rochers.

Comments on the delimitation

La ZNIEFF représente la partie la plus méridionale des préalpes de Menton. Elle inclut la chaîne montagneuse du Pic de Baudon au Mont Ours, en suivant une logique de massif, ainsi que les adrets et les canyons qui descendent jusqu’à Menton. Les zones anthropisées ont été exclues.