ZNIEFF 930020225
LA BASSE DURANCE, DU BARRAGE DE BONPAS À LA PETITE CASTELETTE

(n° régional : 13150149)

Commentaires généraux

Description de la zone

Entre le barrage de Bonpas et la Petite Castelette, l’espace durancien est délimité par une piste qui s’appuie sur une digue, ce qui lui confère un aspect artificiel prononcé. Alors que vers l’amont, la ripisylve à peupliers est réduite à une bande étroite souvent soumise aux crues et aux eaux vives de la Durance, elle s’exprime davantage  vers l’aval avec des formations méditerranéennes plus matures et bien conservées (avec frêne oxyphylle, aulne, orme champêtre et chêne pubescent). Le lit mineur en tresse, très large, alterne chenaux et iscles limoneux recouverts de galets. Ceux-ci sont colonisés par les groupements herbacés et arbustifs pionniers tels que la saulaie et la peupleraie dépassant rarement deux mètres.

Flore et habitats naturels

Malgré un espace durancien de plus en plus soumis aux influences du climat méditerranéen, ce site permet encore à une forêt galerie méditerranéenne évoluée, celle du Fraxino angustifoliae Ulmenion minoris de se maintenir entre la Petite Castelette et la Croix d’Or, et ce à la faveur de la présence d’un espace sans doute plus protégé des crues. En bordure des chenaux, les formations nitratophiles sont encore bien représentées. En particulier le Nanocyperion, formation de petites cypéracées qui apparaît en fin d’été sur de petites plages exondées. Sur les iscles, la formation à Imperata cylindrica (impérate cylindrique) et Tripidium ravennae (canne de Ravenne) y est relictuelle.

Faune

La Basse Durance dans le secteur de Bonpas accueille 17 espèces animales d’intérêt patrimonial dont quatre espèces sont déterminantes.

Le Castor d’Europe (Castor fiber) fréquente ce secteur, en compagnie d’un cortège d’oiseaux nicheurs assez riche et le maintien d’une des principales colonies d’ardéidés de Basse Durance : Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), Aigrette garzette (Egretta garzetta). La présence d’un lit vif encore mobile (érosion de berges, plages mobiles) accueille des espèces comme la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), espèce déterminante, le Petit gravelot (Charadrius dubius), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) et le Martin pêcheur (Alcedo atthis). Enfin, une ripisylve intéressante abrite le Gobemouche gris (Muscicapa striata) et le Faucon hobereau (Falco subbuteo).
Ce tronçon de la Durance abrite plusieurs espèces de poissons qui méritent d’être prises en considération comme l’Alose feinte (Alosa fallax), la Truite de mer (Salmo trutta trutta), la Loche de rivière (Cobitis taenia), la Bouvière (Rhodeus sericeus), le Blageon (Telestes souffia), le Toxostome (Chondrostoma toxostoma) et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis). L’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla), grand migrateur amphihalin, y a été observée dernièrement. Cette espèce déterminante est en forte régression depuis les années 1980 et même maintenant considérée comme espèce menacée ou en risque d'extinction, en Europe.

Les reptiles sont représentés par la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Une seule espèce d’insecte d’intérêt patrimonial est signalée sur le secteur : le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante de lépidoptère nocturne, protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches et berges de cours d'eau peuplées d'argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France. Les observations anciennes de ce papillon mériteraient des prospections ciblées afin de confirmer sa présence.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre l’ensemble de l’espace durancien.

Les limites de la zone suivent le rideau de ripisylve réparti d’amont en aval au bord de la piste.

La dégradation du terrain en haut des berges, liée aux passages des véhicules et à la fréquentation automobile de la piste, explique leur exclusion de cette ZNIEFF.