ZNIEFF 930020315
PLATEAU DES CLAPARÈDES

(n° régional : 84106100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Le vaste plateau des Claparèdes (dont l’origine vient du mot clapier qui est un tas de pierres) situé en piémont nord du massif du grand Luberon s’étend depuis les côtes d’Auron, les Esconfines et les Ramades à l’ouest, jusqu’au-dessus du village de Saignon à l’est. Il est entaillé par un ensemble de vallées : vallons de la Loube où se blottit le village de Buoux, du château de Buoux, et surtout vallée de l’Aigue Brun qui marque ses limites sud et est. Le socle de cet ensemble est formé de molasses du Miocène. Ce calcaire biodétritique, tendre mais imperméable car compact, peu fissuré et facile à travailler, a très tôt été utilisé par l’homme pour la construction. L’emploi de la pierre des champs a permis depuis la préhistoire la construction de murets et de cabanes en pierre sèche, les « bories », destinées aux usages agricoles et dont le plateau des Claparèdes présente une concentration surprenante. Mais cette roche est également à l’origine de phénomènes d’hydromorphie temporaire. En apparence très sec, le plateau prend des allures de marécages lors des fortes précipitations de l’automne et du printemps. De plus, son hydrographie y est très particulière puisqu’on y observe un grand nombre de sources et de ruisseaux pérennes. Système agro sylvo pastoral, ce plateau présente un paysage équitablement partagé entre les forêts de chênes pubescent et vert, les pelouses sèches, les matorrals à genévriers et les agrosystèmes (lavandes, céréales, fourrages, etc.). À l’ubac du vallon d’Auron, se développe une population d’if, véritable arbre relique des régions froides et humides.

Flore et habitats naturels

Les pelouses xérophiles du plateau abritent Gagea lacaitae (gagée de Lacaita) près des Ramades et Ophrys saratoi (ophrys de la Drôme) au Petit Auron et à Salen. On y trouve également à la Bastide Neuve, la seule station vauclusienne d’Anacamptis fragrans (orchis parfumé), non située dans un contexte rivulaire. La sécheresse de ces milieux convient également parfaitement à des espèces de milieux steppiques. Mais l’originalité de ce secteur repose aussi sur une mosaïque d’habitats à laquelle contribue l’hydromorphie temporaire. Les vallons humides et plus froids hébergent une flore mésophile.

Faune

Ce plateau revêt un intérêt assez grand pour la faune puisque les naturalistes ont recensé dans ce secteur la présence de 15 espèces animales patrimoniales (dont trois déterminantes).

L’intérêt faunistique de ce plateau réside plus particulièrement dans son cortège d’oiseaux nicheurs, dominé par les espèces de milieux ouverts et semi ouverts. Celui-ci se compose en effet de plusieurs espèces tout à fait intéressantes telles que, en premier lieu, le très rare Petit-duc scops, la Chevêche d’Athéna ou Chouette Chevêche, la Huppe fasciée, l’Alouette lulu, la Huppe fasciée, la Fauvette Orphée et le Circaète Jean-le-Blanc.

L’herpétofaune locale héberge en particulier le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce remarquable des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, le Triton palmé, espèce remarquable d'Europe occidentale peu commune et en limite d'aire de répartition en PACA, le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce remarquable ouest-européenne d'affinité méridionale, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés, la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce remarquable à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce remarquable à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables.

Trois espèces déterminantes d’arthropodes sont signalées : le Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis bellezina), lépidoptère très localisée représenté par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata ; pour les Hémiptères ainsi que deux Punaises de la famille des Pentatomidées : Pscasta tuberculata, espèce circum-méditerranéenne assez commune en Provence,  vivant sur les tiges de Vipérines et Psacasta conspersa, espèce très localisée en France, en limite d’aire en Provence où elle ne se rencontre que dans quelques rares stations toutes situées dans le département du Var, vivant sur les tiges de Vipérines (Echium sp.). Il convient également de mentionner la présence de d’une sauterelle et d’un coléoptère protégé : la Magicienne dentelée (Saga pedo) et le Grand Capricorne (Cerambyx cerdo).

Commentaires sur la délimitation

Contraintes du milieu physique : cette ZNIEFF repose sur la structure géomorphologique du plateau.

Répartition des populations d’espèces de faune et de flore : la concentration des espèces intéressantes sur les secteurs est et sud-ouest du plateau explique une partie de la délimitation du zonage.

Répartition et agencements des habitats : l’extension jusqu’aux parois rocheuses surplombant la vallée de l’Aigue Brun des milieux ouverts permet de définir la limite sud de la ZNIEFF. Ces biotopes correspondent aux pelouses sèches et thermophiles associées aux parcelles cultivées, évoluant vers les matorrals et brousses à genévriers. À l’ouest le couvert végétal présente une strate arborescente plus développée et plus dense. La biodiversité de cet habitat est plus réduite. Il n’a donc pas été retenu.

Relation et fonctionnement des écosystèmes : les milieux humides des vallons, les zones écotonales et d’interfaces entre forêts, pelouses et cultures et les zones ouvertes et chaudes sont complémentaires pour la vie faunistique. Ils constituent les zones de nidification et les aires de chasse de l’avifaune. Il est donc pertinent de les regrouper.

Artificialisation : les parcelles soumises à une culture intensive ont été exclues de la ZNIEFF. Il en est de même du village de Buoux.