ZNIEFF 930020319
LE TOULOURENC

(n° regional: 84114100)

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Description de la zone


Au nord est du mont Ventoux, un cours d’eau à caractère torrentiel prononcé, le Toulourenc, se fraye un passage au fond d’une vallée très ample, barrée à l’est par les montagnes de Bluye et de Geine. Il prend sa source dans la Drôme près d’Aulan et se jette dans l’Ouvèze entre Entrechaux et Mollans. La partie vauclusienne de ce cours d’eau s’étend du village de Savoillan, au sud ouest du village de Saint Léger du Ventoux, pour la totalité de son lit, et à partir de ce dernier village, sur la rive gauche seulement. Alors que dans sa partie centrale, il coule en fond de vallée sur une pente assez faible, à l’aval du village de Saint Léger du Ventoux, il pénètre dans une succession de gorges souvent très étroites avant de déboucher dans la plaine alluviale de l’Ouvèze .
L’assise géologique est constituée d’alluvions fluviatiles parfois grossières, de colluvions et de roches dures, principalement des calcaires compacts de type urgonien du Crétacé. Ces derniers ont permis de mettre en évidence un modelé de type karstique dont l’élément le plus marquant est le canyon du cours aval avec ses grottes perchées, ses escarpements abrupts (avec éboulis en piémont), ses marmites de géant qui ont façonné un paysage sauvage et très tourmenté mais d’une grande qualité esthétique.
Le Toulourenc est un cours d’eau à régime torrentiel de type méditerranéen qui, en raison de la localisation et de la configuration de son bassin versant, peut être affecté par des crues brutales, violentes et d’une amplitude dévastatrice. Habituellement pérenne, il peut, comme la Nesque, présenter sur certaines parties de son cours des pertes à cause de la nature du substrat.
Sur son cours inférieur, entièrement situé dans l’étage mésoméditerranéen, c’est la ripisylve à peuplier qui constitue l’élément majeur. Dans la partie occupée par les gorges, la ripisylve est repoussée en situation abyssale, alors qu’en contre haut, dans les escarpements et les éboulis, se sont installés les taillis de chêne vert et de chêne pubescent, ainsi que des formations édaphiques. Sur le cours supérieur, lorsqu’on passe à l’étage supraméditerranéen, la ripisylve devient plus « montagnarde » avec saussaies pionnières à saule drapé et aulnaies à aulne glutineux et aulne blanc. Lorsque le cours d’eau traverse un substrat moins filtrant (argiles, etc.), des agrosystèmes ainsi que quelques prairies ont pu s’implanter à sa proximité immédiate.

Flore et habitats naturels


La ripisylve du Toulourenc, très diversifiée, est exceptionnellement bien conservée, mais sa strate herbacée y est souvent appauvrie. Au niveau des gorges, et en contre haut de la ripisylve, ce sont les formations saxicoles qui occupent les escarpements et les éboulis de leur piémont. Les matorrals à Juniperus phoenicea (genévrier de Phénicie) y sont particulièrement bien représentés et certains d’entre eux, dans un ravin affluent du Toulourenc, et à proximité de Veaux, sont parasités par Arceuthobium gambyi  (gui du genévrier). Sur des pelouses xérothermophiles situées en contre haut des gorges, et toujours dans le même secteur, on rencontre Kengia serotina (cleistogène tardif).
Du fait de l’usage de produits phytosanitaires et de graines sélectionnées, les agrosystèmes à messicoles ne présentent plus la biodiversité qu’on leur connaissait jadis à une époque où on pouvait encore observer : Agrostemma githago (nielle des blés), Turgenia latifolia (turgénie à feuilles larges) et Vaccaria hispanica (vachère). La présence de quelques prairies de fauche permet à Tulipa sylvestris subsp. sylvestris (tulipe des forêts) de se maintenir, principalement autour du village de Savoillan.

Faune


Cours d’eau de type montagnard, le Toulourenc présente un intérêt faunistique élevé sur le plan patrimonial avec la présence de 30 espèces animales patrimoniales dont 8 espèces déterminantes.
Le couple de Faucon pèlerin nicheur du mont Ventoux vient chasser habituellement dans cette zone. Le reste de l’avifaune est constitué des espèces nicheuses suivantes : Bondrée apivore, Circaète Jean le blanc, Autour des palombes (un couple nicheur), Faucon hobereau, Pigeon colombin, Grand-duc d’Europe, Martin pêcheur d’Europe, Guêpier d’Europe, Huppe fasciée, Torcol fourmilier, Pic épeichette, Cincle plongeur, Monticole bleu, Fauvette orphée, Pie grièche écorcheur. Les mammifères sont représentés par le Cerf élaphe ainsi que par deux chauves-souris, le Petit Murin (Myotis blythii) espèce déterminante thermophile occupant des cavités souterraines ou bâtis en reproduction et chassant en milieux ouverts, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes. Quatre espèces de Poissons fréquentent ce cours d’eau : Le Toxostome, le Blageon,  l’Anguille d’Europe et le Barbeau méridional.

L’entomofaune patrimoniale comprend deux espèces, le Sténobothre cliqueteur (Stenobothrus grammicus), espèce déterminante de criquet à répartition ibéro provençale, distribuée en populations dispersées, typique des milieux secs, arides et pierreux de l'étage montagnard méditerranéen et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable de papillon de jour, protégée au niveau européen, rare dans le Vaucluse, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti.


Comments on the delimitation

Répartition et agencement des habitats : l’espace occupé par le cours d’eau ainsi que par quelques agrosystèmes proches correspond à la totalité de cette zone, permettant ainsi de définir les contours de cette ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le caractère de l’ensemble des habitats de ce cours d’eau : ils appartiennent tous à la même unité fonctionnelle. Si quelques agrosystèmes ont été pris en considération, c’est qu’ils se sont installés sur des sols alluviaux.

Dans la partie inférieure du cours d’eau, les gorges ont été retenues dans leur globalité, et ce jusque dans leur partie haute, car elles appartiennent entièrement au complexe Toulourenc.