ZNIEFF 930020324
PLATEAU DE CASENEUVE

(n° regional: 84119100)

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Description de la zone

Dans la partie orientale du département de Vaucluse, à la limite des Alpes de Haute Provence, entre le « massif des ocres » de Rustrel/Gignac et la haute vallée du Calavon, s’exprime un ensemble au relief peu marqué, constitué de calcaires en plaquettes, d’argiles vertes et de grès tendres datant de l'Oligocène. L'altitude relativement élevée (500-600 m) tempère la chaleur du climat méditerranéen et confère à cette zone un caractère montagnard. L’activité y est organisée autour de l'agriculture traditionnelle et de l'élevage. Les champs de céréales y alternent avec des cultures de légumineuses fourragères, de lavande, de sauge sclarée, le tout émaillé de quelques friches. Ces cultures extensives permettent à des plantes liées exclusivement aux céréales, les messicoles, de survivre et de se développer dans de bonnes conditions. Bien des espèces qui se manifestent dans ces milieux ont accompagné la progression de l’homme néolithique à partir du bassin méditerranéen et sont, de ce fait, très attractives et populaires.

 

Flore et habitats naturels

Dans cet ensemble, l’élément patrimonial est constitué par des agrosystèmes à céréales d’hiver. Leur maintien a été favorisé par l’utilisation de semences non sélectionnées, par un emploi très réduit d’engrais chimiques et par l’absence d’usage de pesticides et d’herbicides dans le but de protéger les troupeaux des agriculteurs ou des éleveurs. Ils hébergent une flore messicole qui doit être considérée ici comme étant du plus grand intérêt biologique par la rareté, l’importance et la diversité des espèces qui s’y développent, et entre autres, par la présence de très nombreuses espèces menacées comme Androsace maxima (androsace à grand calice), Adonis annua (adonis annuel), Adonis flammea (adonis rouge feu), Gagea villosa (gagée velue), Consolida pubescens (piedd’alouette pubescent), Conringia orientalis (roquette d’Orient), Asperula arvensis (aspérule des champs), Cnicus benedictus (chardon béni), Vaccaria hispanica (vachère), Agrostemma githago (nielle des blés), Ceratocephalus falcatus (cératocéphale en faux), Camelina microcarpa (caméline à petits fruits), Turgenia latifolia (turgénie à larges feuilles), Valerianella echinata (valérianelle à piquants), Sideritis montana (crapaudine des montagnes), Polygonum bellardii (renouée de Bellardi), Galium tricornutum (gaillet à trois pointes), Polycnemum majus (grand polycnémum), etc. Ces messicoles, qui sont souvent très spécialisées par leur écologie et leur biologie, s’avèrent très vulnérables aux modifications de leur environnement. La plupart d’entre elles se développent très rapidement au printemps et fleurissent avant la moisson, mais certaines poursuivent leur cycle sur les chaumes (flore postmessicole). Cette flore peut s’effacer et réapparaître au gré des changements de cultures, si on lui en laisse néanmoins la possibilité. Certaines ségétales peuvent même subsister dans des jachères ou des friches jeunes pendant quelques années. Sur les talus des bords de route, il existe peut-être encore Allium rotundum (ail rond) qui se présente toujours de façon très sporadique et souvent en individus isolés.

 

Faune

Le plateau de Caseneuve présente un intérêt faunistique assez élevé avec 29 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont cinq déterminantes.

L’intérêt du site sur le plan mammalogique se traduit par la présence de deux chiroptères déterminants, la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid et susceptible de gîter sur le site qui est riche en vieux chênes porteurs de microhabitats, et le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), chauve-souris menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présente jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations. Ils sont accompagnées de quatre chauves-souris remarquables, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce forestière relativement fréquente qui pourrait gîter sur le site, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, mais aussi du Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m.

Sur le plan ornithologique, le site est visité par le Vautour fauve (Gyps fulvus), rapace nécrophage déterminant nichant en PACA essentiellement dans le Verdon mais utilisant un domaine vital de près de 400 000 hectares pour se nourrir. Il héberge également plusieurs espèces nicheuses (au moins potentiellement) dont deux déterminantes, le Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce paléoxérique, d’affinité méridionale, et le Rollier d'Europe (Coracias garrulus), oiseau cavicole et inféodé aux paysages ouverts méditerranéens, ainsi que 10 espèces remarquables : la Caille des blés (Coturnix coturnix), oiseau fréquentant les prairies naturelles et artificielles, les pelouses alpines, les champs de céréales ou les parties sèches du bord des marais et menacé par la mécanisation de l'agriculture et les aléas climatiques, le Petit-duc scops (Otus scops), petit rapace nocturne se reproduisant dans les cavités des arbres ou des vieux murs, le Bruant proyer (Emberiza calandra), qui fréquente les milieux ouverts de plaine et qui semble en déclin dans la région, le Bruant fou (Emberiza cia), qui affectionne les pelouses et les landes avec rocailles bien ensoleillées, les éboulis avec des buissons et des arbres clairsemés, les landes ouvertes, etc. et menacé par la fermeture des milieux, le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce de milieux à faible végétation en régression dans la région, la Chouette chevêche ou Chevêche d’Athéna (Athene noctua), Strigidae occupant une grande variété de milieux ouverts, chassant dans la végétation basse et nichant dans des cavités (arbres, bâtiments, tas de pierres, etc.), la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) et l’Alouette lulu (Lullula arborea) espèces de milieux ouverts et semi ouverts, le Faucon hobereau (Falco subbuteo), rapace paléarctique des lisières de bois, de préférence à proximité de zones humides, le Pic épeichette (Dendrocopos minor) qui recherche les boisements et bosquets de feuillus, se trouvant souvent près des bois tendres de bords de cours d’eau, et le Guêpier d'Europe (Merops apiaster), espèce dont l'évolution des effectifs est difficile à estimer mais qui semble en régression dans la région. Il convient de préciser que le Moineau soulcie, le Bruant proyer, le Bruant fou, la Pie-grièche écorcheur, le Pic épeichette, le Petit-duc scops et la Chouette chevêche n’ont pas été observés sur le site depuis deux décennies, mais celui-ci étant peu prospecté et n’ayant pas subi de dégradation notable au cours de cette période, il reste susceptible d’accueillir ces espèces malgré l’absence de données récentes.

Sur le plan herpétologique, mentionnons la présence d’espèces remarquables comme le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, cependant non observé depuis 1998, du Psammodrome d'Edwards (Psammodromus edwarsianus), espèce ouest méditerranéenne, affectionnant les milieux ouverts secs, du Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et de la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Parmi les insectes, deux lépidoptères remarquables se trouvent sur le site : la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo-asiatique protégée au niveau européen, se reproduisant sur plusieurs espèces d’Aristolochia en fonction des milieux qu’elle fréquente, zones humides ou chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1 300 m d’altitude, et la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude.

De plus, les vieux chênes du plateau abritent un coléoptère remarquable, le Capricorne velouté (Cerambyx welensii), longicorne (Cerambycidé), principalement inféodée au bois sénescent de chênes dont se nourrit sa larve.

Comments on the delimitation

Répartition et agencement des habitats : dans cette zone, ce sont les agrosystèmes à messicoles qui occupent l’essentiel de l’espace et qui permettent de définir les limites de la ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le fonctionnement de ces agrosystèmes.

Les secteurs ne relevant pas de la même unité fonctionnelle ont été exclus.