ZNIEFF 930020327
PLAINE DE LA BASTIDE-DES-JOURDANS À BEAUMONT-DE-PERTUIS

(n° régional : 84122100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Entre grand Luberon au nord et massif du Saint Sépulcre au sud se développe une zone de hauts plateaux à vocation essentiellement agricole constitués de terres froides (argiles grises) et de grès datant de l'Oligocène qui s'élèvent progressivement du nord au sud jusqu'à plus de 500 mètres d'altitude. C’est le secteur le moins thermophile du Pays d'Aigues, celui où le vignoble cède la place à une agriculture plus traditionnelle de moyenne montagne, apportant une note particulière dans un paysage typiquement méditerranéen. Des agrosystèmes à céréales de type extensif s’expriment, en mosaïque avec des cultures de légumineuses fourragères, des parcelles de vignes et de friches ainsi que des bosquets à pin d'Alep, chêne vert, chêne pubescent et genévrier. Le maintien de ce type d’agriculture permet à des plantes liées exclusivement aux céréales, les messicoles, de survivre et de se développer dans de bonnes conditions. Bien des espèces qui se manifestent dans ces milieux ont accompagné la progression de l’homme néolithique à partir du bassin méditerranéen et sont, de ce fait, très attractives et populaires.

 

Flore et habitats naturels

Dans cet ensemble très composite, ce sont les agrosystèmes à céréales d’hiver qui constituent le principal élément patrimonial. Leur maintien a été favorisé par l’utilisation de semences non sélectionnées, par un emploi très réduit d’engrais chimiques et par l’absence d’usage de pesticides et herbicides dans le but de protéger les troupeaux des agriculteurs éleveurs. Ils hébergent une flore messicole qui doit être considérée ici comme étant du plus grand intérêt biologique par la rareté, l’importance et la biodiversité des espèces qui s’y développent et entre autres, par la présence de très nombreuses espèces menacées comme Androsace maxima (androsace à grand calice), Camelina microcarpa (caméline à petits fruits), Adonis annua (adonis annuel), Adonis flammea (adonis rouge feu), Adonis aestivalis (adonis d’été), Ceratocephalus falcatus (cératocéphale en faux), Turgenia latifolia (turgénie à feuilles larges), Bifora testiculata (bifora à deux coques), Conringia orientalis (roquette d’Orient), Roemeria hybrida (roemérie hybride), Centaurea benedicta (chardon béni), Vaccaria hispanica (vachère), Consolida pubescens (pied d’alouette pubescent), Agrostemma githago (nielle des blés), Bupleurum rotundifolium (buplèvre à feuilles rondes), Gagea villosa (gagée velue), Galium tricornutum (gaillet à trois pointes), Sideritis montana (crapaudine des montagnes). Ces messicoles, qui sont souvent très spécialisées par leur écologie et leur biologie, s’avèrent très vulnérables aux modifications de leur environnement. La plupart d’entre elles se développent très rapidement au printemps et fleurissent avant la moisson, mais certaines poursuivent leur cycle sur les chaumes (flore post messicole). Elles peuvent donc s’effacer et réapparaître au gré des changements de culture si on leur en laisse néanmoins la possibilité. Quelques-unes arrivent même à subsister dans des jachères ou des friches jeunes pendant quelques années.

 

Faune

Cette plaine présente un intérêt faunistique assez marqué avec 14 espèces animales patrimoniales présentes localement et qui comptent parmi elles trois espèces déterminantes.

Parmi les mammifères, citons le Castor (Castor fiber), espèce déterminante à nouveau en expansion après avoir frôlé l’extinction en France, liée aux formations de ripisylves.

Le Rollier d’Europe et le Moineau soulcie (nicheur possible) sont les deux espèces déterminantes d’oiseaux les plus intéressantes de cette plaine mais il convient aussi de mentionner la présence de la Bondrée apivore, la Caille des blés, le Petit duc scops, la Chevêche d’Athéna ou Chouette Chevêche, le Guêpier d’Europe, la Huppe fasciée, le Cochevis huppé, le Bruant proyer, l’Alouette lulu.

L’herpétofaune est représentée entre autres par le Seps strié (Chalcides striatus), espèce remarquable à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables.

Commentaires sur la délimitation

Répartition et agencement des habitats : dans cette zone constituée d’une mosaïque de milieux, ce sont les agrosystèmes qui occupent l’essentiel de l’espace et qui permettent de définir les limites de la ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le fonctionnement de ces agrosystèmes.

Les secteurs ne relevant pas de la même unité fonctionnelle (grand Luberon, etc.) ont été exclus.