ZNIEFF 930020453
LA BASSE DURANCE, DES ISCLES DES GRANDS CAMPAS AUX ISCLES DE LA FONT DU PIN

(n° régional : 13150144)

Commentaires généraux

Description de la zone

Entre les Iscles des Grands Campas en amont, et les Iscles de la Font du Pin (Bel Hôte) en aval, l’espace durancien devient franchement méditerranéen. Situé à moins d’un kilomètre des premiers contreforts du versant sud ouest du petit Luberon, cet ensemble comporte une mosaïque de formations où alternent lônes, iscles et ripisylves. Mais les sites voués à l’agriculture (maraîchage, arboriculture et viticulture) ne sont jamais éloignés et arrivent même parfois à s’insinuer dans les lambeaux des boisements. La végétation thermophile y est partout présente. Certes, on y rencontre toujours la ripisylve à peupliers blanc et noir accompagnés par le saule blanc et l’aulne blanc, mais le tamarix de France ainsi que le platane apparaissent. Ce dernier est particulièrement bien représenté à la Barthelasse à Mérindol. De même, la présence du pin d’Alep et du chêne vert disséminés vers l’amont et dans les Iscles de la Font du Pin contribue à accentuer encore plus cette tendance. Mais les influences d’un climat méditerranéen chaud et sec se font encore plus sentir dans les clairières de la ripisylve, au niveau des dunes fluviatiles fossiles où des espèces de milieux arides arrivent à s’installer. Ces milieux ouverts côtoient de nombreux bras morts et lônes, qui, pénétrant dans les terres, déterminant des zones marécageuses à eaux stagnantes et des roselières denses où se réfugient les derniers rares éléments médio européens. Épargné par les aménagements hydroélectriques, ce site offre un point de vue paysager remarquable sur la vallée de la Durance. La quasi totalité de cette ZNIEFF est située dans le Vaucluse. Son prolongement dans les Bouches du Rhône est très réduit.

Flore et habitats naturels

En raison de sa localisation, la ripisylve favorise ici une certaine biodiversité à la faveur d’une présence moins continue en surface et plus pauvre dans sa structuration. Sous son couvert à peine ombragé, et sur les marges des milieux ouverts (à la Barthelasse à Mérindol en particulier), se réfugie Anacamptis fragrans (orchis punaise, parfumé). Mais la forêt riveraine laisse une large place occupée par les dunes fluviatiles fossiles sableuses à Tripidium ravennae (canne de Ravenne) et Imperata cylindrica (impérate cylindrique), en particulier face aux Iscles du Mois de Mai. Très bien préservées, elles s’avancent jusqu’au lit mineur et conjuguent flore xérothermophile (sur de petites buttes très déconnectées de la nappe phréatique et à la végétation très dispersée) et flore mésohygrophile (dans des cuvettes peu prononcées). On y rencontre encore Ophrys fuciflora subsp. souchei (ophrys frelon, élevé) qui semble bien être une constante sur l’ensemble du cours durancien. Dans les lônes proches, Carex pseudocyperus (laîche faux souchet) existe toujours à la Barthelasse et y apporte une touche médio européenne. Les grèves de sables humides et les bancs de galets hébergent encore Polygala exilis (polygale grêle). C’est la seule station actuellement connue de la Durance vauclusienne.

Faune

Ce tronçon de Durance dispose d’un patrimoine faunistique relativement intéressant. Il comporte 25 espèces animales patrimoniales dont huit sont déterminantes.

Les mammifères d’intérêt patrimoniaux sont représentés par le Castor d’Europe (Castor fiber) espèce déterminante à nouveau en expansion après avoir frôlé l’extinction en France, liée aux formations de ripisylves.

Les oiseaux comptent deux espèces déterminantes : Le Rollier d'Europe (Coracias garrulus) et la Sterne pierregarin (Sterna hirundo). Elles sont accompagnés de plusieurs espèces remarquables : le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Petit Gravelot (Charadrius dubius), le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), le Pic épeichette (Dendrocopos minor), l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), l’Alouette lulu (Lullula arborea), la Huppe fasciée (Upupa epops) et le Bruant proyer (Emberiza calandra).

Deux espèces remarquables de reptiles s'y rencontre, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

L’ichtyofaune locale renferme notamment trois espèces remarquables : le Blageon (Telestes souffia), le Toxostome (Parachondrostoma toxostoma), le Barbeau méridional (Barbus meridionalis).

Les insectes patrimoniaux sont représentés par deux espèces déterminantes de papillons : l'Hespérie de la ballote (Carcharodus baeticus), papillons de jour d'affinité ouest méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare) et le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), hétérocère protégée en Europe, inféodé aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'argousiers, rare et probablement en régression et dont le bassin de la Durance représente un bastion en France. Elles sont accompagnées par deux espèces d’odonates : le Sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum), espèce déterminante rare et en régression, dont la larve aquatique est inféodée aux pièces d’eau temporaires ou à niveau fluctuant et le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), espèce remarquable inféodée aux canaux et cours d'eau intermittents, peu commune en France et dont le bassin de la Durance représente également un bastion Enfin, citons également la présence du Tridactyle panaché (Xya variegata), espèce déterminante d'orthoptères rare et en régression, liée aux plages sablonneuses ou limoneuses dans le lit ou sur les rives des cours d'eau en tresses et de la punaise Erianotus lanosus, espèce déterminante de Leptopodidés, rare et strictement liée aux terrasses alluviales sèches des bordures des cours d'eau dynamiques.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre l’ensemble de l’espace durancien.

Les contours en lisière de cette zone suivent les ripisylves réparties le long du lit non perturbé par les zones cultivées et les iscles du lit mineur. Les sites trop dégradés n’ont pas été retenus.