ZNIEFF 930020486
LA BASSE DURANCE, DU PONT DE PERTUIS AU PONT DE CADENET

(n° régional : 13150142)

Commentaires généraux

Description de la zone

Entre Gourre d’Aure, en amont et le pont de Cadenet en aval, la Durance s’exprime dans un espace de plus en plus soumis aux influences du climat méditerranéen et qui a été en partie aménagé (en amont de la Grande Bastide) par plusieurs retenues d’eau qui contribuent au maintien de zones marécageuses aux eaux stagnantes favorables à des formations à hydrophytes et à hélophytes. La ripisylve, discontinue en amont du dernier barrage, se densifie et couvre régulièrement le lit majeur vers l’aval, en même temps qu’un réseau de lônes se développe. Si les formations pionnières à saules arbustifs et à peupliers noirs prédominent, des éléments de ripisylve plus mature y trouvent également leur place avec la présence de l’aulne glutineux. En aval des Vieilles Iscles, les roselières bien développées, bordent des eaux stagnantes d’une grande richesse floristique. Le secteur situé sur la commune de Villelaure, entre la Grande Bastide et les Pradas, offre une ripisylve plus ouverte et plus modeste où les groupements arbustifs sont majoritaires. Parmi les rejets de peupliers noirs et de saules, s’étend, sur la terrasse alluviale, une dune fluviatile fossile dont la végétation xérothermophile est entièrement déconnectée de la nappe phréatique.

Flore et habitats naturels

Alors que les formations forestières offrent une flore réduite, la présence de très nombreux sites aux eaux stagnantes permet à une biodiversité élevée de se manifester avec des espèces médio européennes en limite de leur aire de répartition. Mais cette biodiversité se retrouve également dans tous les milieux ouverts, clairières de la ripisylve en particulier. Dans les eaux stagnantes ou à faible courant se réfugie Zannichellia palustris subsp. pedicellata (zannichellie des marais, pédonculée), en compagnie d’un fort contingent d’autres hydrophytes. À la fin de l’été, et les années où l’étiage est sévère, l’exondation laisse apparaître, sur les marges de ces sites, des plages toujours réduites de sable ou de limon favorables à l’apparition d’une formation nitratophile à petites cypéracées, le Nanocyperion. Puis, plus ou moins progressivement, les formations à hélophytes apparaissent, transition entre les formations aquatiques et terrestres. Lorsqu’elles sont bien représentées, on y rencontre Carex pseudocyperus (laîche faux souchet) à Pertuis, Typha minima (petite massette) à Cadenet et à la digue de la Garde à Villelaure ainsi que Juncus fontanesii (jonc de Desfontaine) à Gourre d’Aure et à la digue de la Garde. Ces trois espèces sont toujours très rares et très localisées sur le cours de la basse Durance. Sur les iscles du lit majeur, la dune fluviatile fossile se maintient toujours par place avec sa formation à Tripidium ravennae (canne de Ravenne) de l’Imperato Erianthion. Elle accueille également, au niveau des Vieilles Iscles, une station très réduite (quelques individus seulement) de Clematis recta (clématite dressée), ultime avancée vers l’aval de cette espèce bien mieux représentée sur le cours moyen de la Durance. Ces milieux ouverts sont également propices à la présence de pelouses à orchidées avec entre autres Ophrys fuciflora subsp. souchei (ophrys frelon, élevé).

Faune

Ce secteur de la Basse Durance héberge un cortège d’espèces extrêmement intéressant avec 48 espèces d’intérêt patrimonial dont 18 sont déterminantes.

Au niveau de l’avifaune nicheuse, les ripisylves accueillent un cortège important avec les espèces déterminantes suivantes : le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), l’Hirondelle rousseline (Cecropis daurica); et des espèce remarquables comme le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Circaète Jean Le Blanc (Circaetus gallicus), l’Aigrette garzette (Egretta garzetta) et le Pic épeichette (Dendrocopos minor). Les roselières, scirpaies, jonçaies et typhaies abritent les espèces déterminantes suivantes : le Butor étoilé (Botaurus stellaris), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), la Marouette ponctuée (Porzana porzana), le Héron pourpré (Ardea purpurea) la Grande aigrette (Ardea alba),  et la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon) ; et des espèces remarquables comme la Rouserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus), le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) et le Busard des roseaux (Circus aeruginosus). Le lit de la Durance est le lieu de reproduction des espèces déterminantes suivantes : la Nette rousse (Netta rufina), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), ainsi que d’espèces remarquables comme le Petit Gravelot (Charadrius dubius), le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), l’Alouette lulu (Lullula arborea), le Gobemouche gris (Muscicapa striata) et le Cochevis huppé (Galerida cristata). Enfin les talus en rives du cours d’eau abritent plusieurs espèces remarquables comme, le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), le Martin pêcheur (Alcedo atthis) et de l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia).

Chez les mammifères deux espèces déterminantes sont présentes le Castor (Castor fiber) et la Loutre (Lutra lutra).

Chez les amphibiens, le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) est également présents dans ce secteur.

Les amphibiens sont représentés par la Grenouille verte hybride (Pelophylax kl. esculentus), klepton (issu d'un processus d'hybridogenèse) déterminant surtout présent dans la moitié nord de l'Europe mais rare et localisé en PACA et les rpetiles par deux espèces remarquables, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.

Pour les poissons, signalons la présence de l’Anguille (Anguilla anguilla), une espèce déterminante migratrice amphihaline dont le cycle de vie unique est encore mystérieux sur de nombreux points, et de plusieurs espèces remarquables comme la Loche de rivière (Cobitis taenia) seule station connue en Provence pour cette espèce, du Blageon (Telestes soufia) et du Toxostome (Parachondrostoma toxostoma).

Les peuplements d’insectes présentent un intérêt certain grâce à la présence avérée de l’Agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens), espèce méditerranéenne déterminante liée aux eaux courantes claires et ensoleillées, globalement rare, localisée et menacée en France, de l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes, le Sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum), espèce déterminante de libellule, rare et en régression, dont la larve aquatique est inféodée aux pièces d’eau temporaires ou à niveau fluctuant, le Tridactyle panaché (Xya variegata), espèce déterminante d'orthoptères rare et en régression, liée aux plages sablonneuses ou limoneuses dans le lit ou sur les rives des cours d'eau en tresses et le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre l’ensemble de l’espace durancien à partir du barrage de Mallemort.

Interaction entre les écosystèmes aquatique et terrestre : la ripisylve est un lieu de refuge pour de nombreux oiseaux venant s’alimenter dans les retenues.

Les zones cultivées, dégradées par les décharges ont servi à tracer la limite externe de la zone.