ZNIEFF 930020528
MERCANTOUR CRISTALLIN DE LA VALMASQUE A LA TETE DU CLAUS

(n° régional : )

Commentaires généraux

Description

Cette ZNIEFF se situe dans le Parc national du Mercantour. Elle repose sur un socle cristallin, qui permet à une flore et une faune particulière de s’exprimer. Les paysages y sont très minéraux et sont ponctués de nombreux lacs d’altitude.

Flore

La zone cristalline du massif du Mercantour présente une richesse biologique exceptionnelle au carrefour de plusieurs domaines biogéographiques : arctique, alpin, euro-sibérien, eurasiatique et méditerranéen. Le taux d'endémisme des espèces et des groupements y est très élevé.

A l'étage subalpin, la forêt de Mélèze (Larix decidua) et Pin cembro (Pinus cembra) domine le paysage, en mosaïque avec des landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum). Les nombreux ruisseaux de l'étage subalpin sont bordés par des mégaphorbiaies bien développées de l'Adenostylion alliariae, qui comprennent des espèces endémiques ou en limite d'aire : le Chérophylle élégant (Chaerophyllum elegans), le Séneçon de Balbis (Tephroseris balbisiana), le Cirse des montagnes (Cirsium alsophilum), le Doronic d'Autriche (Doronicum austriacum). On peut observer en tête des bassins et en bordure de lac des bas-marais acides à Laîche noire (Carex nigra) du Caricion fuscae qui abritent des espèces rares comme, la Laîche courte (Carex canescens) et diverses espèces de sphaignes (Sphagnum auriculatum, S. teres, S. russowii, S. warnstorfii...).

Les parois rocheuses siliceuses subalpines à alpines sont colonisées par une végétation se rattachant à deux associations (Silenetum cordifoliae et Saxifragetum pedemontanae) caractérisées par des espèces endémiques du massif de l'Argentera : le Silène à feuilles en cœur (Silene cordifolia), la Saxifrage à fleurs nombreuses (Saxifraga florulenta).

Les parois calcaires sont quant à elles représentées par l'association endémique des Alpes ligures, le Silenetum campanulae, abritant également une flore endémique avec notamment le Silène campanule (Silene campanula) et la Raiponce à feuilles en cœur (Phyteuma cordatum).

Les nombreux lacs alpins sont colonisés par des peuplements de Rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium) du Littorellion uniflorae.

L'étage alpin comprend de nombreuses combes à neiges silicicoles, avec l'association répandue du Salicetum herbaceae. Parmi la flore patrimoniale, la Saxifrage à nombreuses fleurs (Saxifraga florulenta), ancienne emblème du Parc, en est l'exemple le plus connu.

Faune

Dans cette zone, 45 espèces d’intérêt patrimonial ont été inventoriées, dont 17 sont déterminantes.

Deux mammifères d’intérêt patrimonial fréquente ce site, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1 200 et 3 100 m d’altitude.

Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, sont représentés par une espèce déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, et plusieurs espèces remarquables : l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), espèce peu commune et discrète, l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Tétras lyre (Lyrurus tetrix), espèce assez rare, en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Bruant fou (Emberiza cia), le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts, le Tarin des aulnes (Spinus spinus), la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), le Pipit rousseline (Anthus campestris), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléo-montagnarde caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, Tichodrome échelette (Tichodroma muraria) ou encore le Grand-duc d'Europe (Bubo bubo).

Un amphibien remarquable est également présent : le Spélèrpes de Strinati (Speleomantes strinatii), espèce d'urodèle endémique de l'extrémité est des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes et du nord-ouest de la Ligurie qui apprécie les affleurements rocheux humides et les cavités (grottes, avens, etc.), ainsi qu’un reptile également remarquable : le Lézard des souches (Lacerta agilis), espèce d’affinité médio européenne nordique, des landes, lisières de forêts et prairies herbeuses jusqu’à 2 000 m d’altitude, dont les populations régionales, peu nombreuses, sont isolées et fragmentées.

La faune entomologique est représentée par plusieurs cortèges.

Les coléoptères sont représentés par deux espèces déterminantes, Cychrus angulicollis, espèce rare et gravement menacée d’extinction de Carabidae, endémique franco-italien présent en France uniquement dans les Alpes-Maritimes, habitant surtout les massifs calcaires entre 2 000 et 2 600 m d’altitude, dans les éboulis et les amoncellements de blocs rocheux, à l’entrée des gouffres et des grottes, sous les détritus, Trechus delarouzeei, autre Carabidae de haute altitude, et deux autres espèces remarquables de Carabidae, Bembidion magellense alpicola et Platynus peirolerii.

De nombreuses espèces de lépidoptères ont été inventoriées dans cette zone. Six sont déterminantes : l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Petit Apollon du Mercantour (Parnassius corybas gazeli), sous-espèce protégée au niveau européen, menacée et endémique principalement rencontrée dans deux vallées alpines du Mercantour, auxquelles s'ajoute une petite population côté italien, le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, le Solitaire (Colias palaeno europomene), protégé en France, dont cette sous-espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), le Nacré des Balkans (Boloria graeca tendensis), espèce à distribution fractionnée, des Balkans et des Alpes occidentales, dont la sous-espèce tendensis est endémique franco-italienne des Alpes-du-Sud, dans les pelouses subalpines rases et sèches à Violette éperonnée (Viola calcarata) et le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata). Ces papillons sont accompagnés de 7 espèces remarquables : l’Hespérie du pas-d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, le Petit Apollon (Parnassius corybas), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux-aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées, l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), l’Azuré du serpolet (Phengaris arion) et le Céphalion (Coenonympha macromma), Satyrinae endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodé aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin.

Les orthoptères sont représentés par trois espèces déterminantes, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous-espèce endémique de Haute-Provence et des Alpes du sud, l'Analote ligure (Anonconotus ligustinus), sauterelle aux ailes atrophiées, présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes et l'Analote du Mercantour (Anonconotus mercantouri), espèce microptère endémique de la Haute Vallée de la Vésubie.

Une espèce déterminante d’odonate a également été inventoriée : la Cordulie alpestre (Somatochlora alpestris), espèce très rare et menacée en Provence-Alpes-Côte d'Azur, d'affinité boréo-alpine, dont la larve se développe dans les marais et tourbières d'altitude.

Citons également la présence d’une araignée déterminante, Aculepeira carbonaria, espèce qui se trouve exclusivement à haute altitude dans les Alpes, lorsque la végétation se réduit à de l'herbe rase et qui fait sa toile dans les éboulis rocheux dont sa robe imite la couleur grise et les taches de lichen.

Enfin, deux espèces déterminantes de mollusques ont été inventoriées sur le site : l’Hélicon du Mercantour (Chilostoma millieri), espèce endémique franco-italienne très rare et localisée, de répartition sud-alpine occidentale, connue de 4 stations au monde où elle vit sur les rochers et dans les éboulis frais, souvent sur substrats acides, entre 1 800 et 2 500 m d’altitude et l'Hélicon des granites (Chilostoma zonatum), gastéropode d'altitude subendémique alpin, qui se trouve sur substrat acide en montagne, où il vit dans les chaos rocheux et autres éboulis, du Mercantour jusqu'en Vanoise.

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF englobe le socle cristallin du massif du Mercantour, depuis les contreforts ouest du mont Bégo, jusqu’à la Tête du Claus, en suivant la frontière avec l’Italie.