57c-71 - Solidago virgaureae-Fagetum sylvaticae (Cusset 1964) Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Étage montagnard du Massif central, sur substrat cristallin, à l’origine de sols acides ; humus de forme moder à dysmoder. Répartition variable le long des versants en fonction de la richesse du substrat : plus fréquente en haut de pente et sur les convexités du relief, cette association cède souvent la place à des groupements acidiclinophiles, voire neutrophiles en bas de pente. Association vicariante du Luzulo niveae-Fagetum sylvaticae Susplugas ex Braun-Blanq. 1952 pyrénéen et de l’Ilici aquifolii-Fagetum sylvaticae Braun-Blanq. 1967.

Nom cité du syntaxon

Solidago virgaureae-Fagetum sylvaticae Cusset 1964 (Les forêts du versant sud des Monts Dore : 116-121) nom. nov. hoc loco.

Synonymes

Deschampsio flexuosae-Fagetum sylvaticae Lemée 1959 nom. nud. (art. 2) & nom. illeg. (art. 31), Fageto-Deschampietum flexuosae (Lemée) Cusset 1964 nom. illeg (art. 31); Deschampsio flexuosae-Fagetum sylvaticae (Lemée) Cusset ex Thébaud, C. Roux, C.-E. Bernard & Delcoigne 2014 nom. illeg. (art. 31), Carici piluliferae-Abietetum albae Renaux et al. 2015 nom. superfl. (art. 2b, 25, 29c). Corresp. : Luzulo niveae-Fagetum race du Massif central sensu Billy 1997 et Galio rotundifolii-Abietetum sensu Lemée & Carbiener 1956 p.p., non Deschampsio flexuosae-Fagetum Schröder 1938, non Luzulo niveae-Fagetum Susplugas 1942, non Deschampsio flexuosae-Fagetum Soó 1962, non Ilici aquifolii-Fagetum sylvaticae Braun-Blanq. 1967.

Type nomenclatural

Neotypus nominis typicum : rel. M305 de F. Billy, désigné par Thébaud, Roux, Bernard & Delcoigne, 2014 (guide d’identification des végétations du nord du Massif central : 180, 258).

Physionomie

Peuplement dominé par Fagus sylvatica, Abies alba ou Pinus sylvestris en fonction du passé anthropique et de l’altitude. Abies alba est d’autant plus abondant que l’altitude est élevée et la station froide (versant nord, confinement…) ; le traitement en taillis (bois de chauffe, charbon de bois) a favorisé Fagus sylvatica dans le passé, tandis qu’Abies alba a fréquemment été favorisé pour la production de bois d’oeuvre. Abondance de Pinus sylvestris dans les peuplements jeunes (recolonisation de landes), parfois de Betula pendula et Sorbus aucuparia au montagnard supérieur. Selon l’ouverture du peuplement et l’acidité du substrat, la strate herbacée peut être très éparse (rares touffes d’Avenella flexuosa, Luzula nivea, notamment sous les peuplements très fermés…) ou au contraire marquée par une strate herbacée plus développée. Vaccinium myrtillus peut notamment être très recouvrante dans les peuplements irréguliers dominés par le Sapin et lorsque l’acidité du substrat est marquée.

Combinaison caractéristique d'espèces

Abies alba, Fagus sylvatica, Ilex aquifolium, Sorbus aucuparia. Avenella flexuosa, Anemone nemorosa, Carex pillulifera, Dicranum scoparium, Dryopteris carthusiana, Galium saxatile, Hieracium murorum, Hylocomium splendens, Luzula nivea, Maianthemum bifolium, Melampyrum pratense, Polytrichum formosum, Pleurozium schreberi, Prenanthes purpurea, Rubus idaeus, Sambucus racemosa, Senecio ovatus subsp. alpestris, Rhytidiadelphus loreus, Vaccinium myrtillus, Veronica officinalis.

Variations

Floristico-synécologiques :
- typicum Cusset 1964
- hylocomietosum splendentis Cusset 1964 (= Fageto-Deschampsietum hylocomietosum Cusset 1964), présentant une physionomie très moussue, et différenciée par Hylocomium splendens, Rhytidiadelphus triquetrus et Orthilia secunda. Le déterminisme de cette sous-association n’est pas clair, et il pourrait s’agir d’une variation floristico-physionomiques liée à un couvert très fermé de Hêtre.
- vaccinietosum myrtilli Cusset 1964 (= Fageto-Deschampsietum vaccinietosum Cusset 1964), sur les sols les plus acides, différenciée par le fort recouvrement Vaccinium myrtillus et Calluna vulgaris.
- abietetosum albae Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 (syn. : Galio rotundifolii-Abietetum sensu Lemée & Carbiener 1956 p.p ; basion. : Dryopterido dilatatae-Abietetum albae avenelletosum flexuosae Thébaud et al., 2014 p.p.).
D’autres variations ont été mises en évidence depuis les travaux de Cusset qui ne portaient que dans les monts Dore :
- variante du montagnard inférieur pauvre en Sapin blanc, avec appauvrissement des espèces montagnardes et présence ponctuelle possible de Chêne sessile ou pédonculé notamment dans les stades de recolonisation ;
- variante typique du montagnard moyen à supérieur, à Hêtre avec ou sans Sapin blanc ;
- variante mésoacidiphile typique à Luzula nivea, avec présence possible d’espèces acidiclinophiles ;
- variante acidiphile à Vaccinium myrtillus et Avenella flexuosa, de transition vers le Dryopterido dilatatae-Abietetum albae Thébaud, C. Roux, C.-E. Bernard & Delcoigne 2014.

Floristico-physionomiques :
- sylvofaciès de taillis ou de futaie de Hêtre pur favorisés depuis une période parfois ancienne par la sylviculture pour la production de bois de chauffe ou de charbon de bois, pratique aujoud’hui révolue dans de nombreux cas où l’on observe une recolonisation progressive du Sapin blanc ;
- sylvofaciès à Sapin blanc pur favorisé par la sylviculture (choix du Sapin pour la production de bois d’oeuvre, notamment dans les anciennes forêts royales ou ecclésiastiques), avec souvent un développement important de Vaccinium myrtillus et des bryophytes acidiphiles. On peut également observer de vieilles plantations de Sapin sur terre agricoles abandonnées, avec fréquemment présence de Galium rotundifolium et de plantes liées aux litières de résineux (Goodyera repens, Monotropa hypopitys et diverses espèces des genres Pyrola, Moneses et Orthilia). Ce sylvofaciès correspondrait probablement, en partie au moins, au Galio rotundifolii-Abietetum Wraber (1955) 1959 sensu Lemée & Carbiener 1956. On observe fréquemment dans ces anciennes plantations le cortège appauvri des sapinières-hêtraies dont elles dérivent, ainsi qu’une plus grande fréquence de Galium rotundifolium et la présence de plantes liées aux litières de résineux (Goodyera repens, Monotropa hypopitys et diverses espèces des genres Pyrola, Moneses et Orthilia) ;
- sylvofaciès à Pinus sylvestris correspondant à des stades de recolonisation ou des plantations sur anciens parcours (landes ou pelouses), mais aussi à d’anciennes garnasses (bois de pin dans le Forez). Dans ces bois de Pin sylvestre des terrains pauvres, des siècles de sylvicuture ont favorisé par une taille particulière, le Pin sylvestre dit « de boulange » pour la production de bois de chauffe (région du Puy-en-Velay) ; de tels peuplements sont attestés dès l’époque antique et médiévale, notamment pour la production de poix (voir en particulier Lathuillière, Le Coquen et Renaux 2015). Différenciée en plus de Pinus sylvestris par des espèces de landes et pelouses préexistantes (Cytisus scoparius, Juniperus communis, Festuca arvernensis…) et des espèces associées aux litières résineuses (Goodyera repens, diverses espèces des genres Pyrola, Moneses et Orthilia).

Floristico-géographique :
- race du Massif central ;
- [race des préalpes méridionales].

Synchorologie

Répartie dans l’ensemble du Massif central, cette association est remplacée dans les Pyrénées par le Luzulo niveae-Fagetum sylvaticae (Susplugas 1942) Braun-Blanq. 1952 et l’Ilici aquifolii-Fagetum sylvaticae Braun-Blanq. 1967.

Axes à développer

Les Hêtraies acidiphiles des Préalpes seraient à caractériser plus précisément.

Remarques

- Contrairement à la position développée dans Renaux, Le Hénaff & Choisnet 2015, le Dryopterido dilatatae-Abietetum albae Thébaud, C. Roux, C.-E. Bernard & Delcoigne 2014 est considéré comme association autonome. Cependant, sa sous-association «avenelletosum flexuosae», plus héliothermophile, est trés proche et pourrait être rattachée au moins en partie au Solidago-Fagetum.
- Les sylvofaciès à Sapin pectiné ou la sous-association abietetosum albae décrits au sein du Solidago virgaureae-Fagetum sylvaticae se distinguent du Dryopterido dilatatae-Abietetum albae, association du montagnard moyen ou supérieur, en conditions froides et arrosées, dans laquelle le Hêtre est naturellement rare, même si la sylviculture a pu par ailleurs contribuer à son élimination totale. Cette association est différenciée par Athyrium filix-femina, Blechnum spicant, Dryopteris dilatata, D. carthusiana, Oxalis acetosella et Rubus subsec. hiemales ser. glandulosi. Elle est retenue dans les Vaccinio-Piceetea Braun-Blanq. in Braun-Blanq. et al. 1939 (Thébaud & Bernard 2018).
- Les hêtraies acidiphiles décrites dans les Préalpes (notamment secteur de Vif et Villard-de-Lans, voir Faure 1968) pauvres en espèces peuvent être rattachées à cette association. Elles sont différenciées par Galium rotundifolium et Luzula pilosa, et la présence régulière de l’Epicéa commun. On y observe la constance d’acidiphiles à large aire de répartition (Avenella flexuosa, Hieracium murorum, Maianthemum bifolium, Solidago virgaurea, Vaccinium myrtillus, Veronica officinalis), avec en outre, Fragaria vesca, Luzula sylvatica, Prenanthes purpurea, Rubus idaeus et Viola reichenbachiana parmi les espèces constantes. La présence de Luzula nivea (et non de L. luzuloides) et la constance d’Ilex aquifolium incitent à un rattachement à l’Ilici aquifolii-Fagenion sylvaticae plutôt qu’au Luzulo luzuloidis-Fagenion sylvaticae.

Bibliographie

Billy F., 1997 ; Choisnet et Seytre, 2003 ; Cusset G., 1964 ; Faure C., 1968 ; Gégout J.-C et al., 2008 ; Lathuillière, Le Coquen & Renaux 2015 ; Lemée G., 1959 ; Rameau J.-C, 1996 ; Renaux B., Le HénaffP.-M. & Choisnet G., 2015 ; Thébaud, 1988, 2008 ; Thébaud et al., 2014 ; Renaux B., 2015 ; Thébaud G. & Bernard C.-E., 2018.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)