Aceri pseudoplatani-Fagion sylvaticae (Oberd. 1957) Moor 1976

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Communautés du montagnard supérieur, qualifié généralement de « subalpin » [10], riches en hautes herbes, des massifs de moyenne montagne où elles représentent la végétation sommitale (Vosges, Massif central, Préalpes, Alpes préligures, Corse, mentionné dans la région d’Ax-les-thermes dans l’Ariège). Malgré une altitude modérée, leur position topographique implique des conditions climatiques très sévères (forts vents, accumulation de neige, basses températures, saison de végétation courte). Les arbres sont rabougris (« krummholz »), avec des cépées naturelles et parfois un port anémomorphosé en drapeau) et une limitation du pouvoir dynamique des résineux au feuillage persistant (Sapin pectiné et Épicéa commun) du fait des bris réguliers occasionnés par l’action conjugée du vent et de la neige ou du givre. On observe par ailleurs des taillis de Hêtre (Fagus sylvatica) au voisinage des hautes-chaumes sur certains massifs, qui constitue alors des sylvofaciès de hêtraies-sapinières, notamment parmi les variantes et sous-associations alticoles. Ces végétations constituent la transition entre les communautés de l’Aceri pseudoplatani-Fagion sylvaticae et les hêtraies-sapinières de l’Abietenion albae, du Scillo lilio-hyacinthi-Fagion sylvaticae ou du Geranio nodosi-Fagion sylvaticae, et se distinguent par la grande rareté des caractéristiques de l’Aceri pseudoplatani-Fagion sylvaticae.

[10] Voir notamment le tome 2 Montagnes de la Flore forestière française (Rameau et al. 1993). Dans le système alpin généralisé (Ozenda 1985), édifié dans des massifs de haute altitude dans lesquels l’étage subalpin est bien développé et caractérisé par des forêts de conifères, cette appellation est contestée, le Hêtre étant considéré comme une espèce montagnarde. Le terme de « hêtraie subalpine » reste fréquemment usité, notamment via la directive « Habitats » (Rameau et al. 2000 & 2001), et nous l’utiliserons donc dans ce document. Il se rencontre au dessus de 1 100 m dans les Vosges, 1 200 m dans le Jura et le Massif central (Rameau et al. 1993), même si l’altitude n’est pas le facteur prépondérant (la conjonction de l’altitude et de la position sommitale est déterminante).

Nom cité du syntaxon

Aceri pseudoplatani-Fagion sylvaticae (Oberd. 1957) Moor 1976 (Schweiz. Zeitschr. Forstw., 127 : 447).

Synonymes

Acerion pseudoplatani (Oberdorfer 1957) Rameau in Rameau, Mansion & Dumé 1993 nom. inval. (art. 2b, 5). Corresp. : Acerenion pseudoplatani Oberdorfer 1957 p.p. (« Acerion » pro suball. art. 41b), Aceri-Fagenion Ellenberg 1963 nom. superf. (art. 29c), Polygonato verticillati-Fagenion sylvaticae H. Passarge 1968 nom. superf. (art. 29c), Rumici-Fagenion sylvaticae H. Passarge 1968 nom. superf. (art. 29c).

Type nomenclatural

Typus allianciae : pas de typus désigné nommément par Oberdorfer 1957, mais parmi les associations citées seul l’Aceri pseudoplatani-Fagetum sylvaticae J. & M. Bartsch 1940 nom. superfl. cons. propos. est conservé aujourd’hui dans cette alliance, les autres associations relevant en réalité du Tilio platyphylli-Acerion pseudoplatani Klika 1955. Ceci semble en faire assez naturellement le typus de l’alliance.

Physionomie

Hêtraies-érablaies accompagnées fréquemment de Sorbus aucuparia (notamment dans les stades jeunes), avec résineux généralement subordonnés. Bien que naturellement défavorisé par les conditions écologiques, l’Épicea commun ou le Sapin pectiné peuvent se maintenir (Rameau 1997), ce que l’on observe dans de rares exemples de peuplements de structure et de composition non modifié par un traitement fréquent en taillis, ce dernier les transformant alors en hêtraie pure ou hêtraie-érablaie. Plus rarement, la sylviculture a pu favoriser les résineux qui peuvent alors dominer (sylviculture de l’Épicéa commun pour la lutherie dans le Jura, notamment dans le Massif du Massacre, avec une qualité remarquable pour cet usage).

Combinaison caractéristique d'espèces

Acer pseudoplatanus, Aconitum lycoctonum, A. napellus, Adenostyles alliariae, Geranium sylvaticum, Gymnocarpium dryopteris, Rosa pendulina, Rumex arifolius, Sorbus aucuparia, Stellaria nemorum, Streptopus amplexifolius.
Des caractéristiques du Chaerophyllo hirsuti-Abietion albae (R. Boeuf 2014) Renaux et al. 2015 comme Ranunculus aconitifolius peuvent être présentes.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)