Carpino betuli-Fagion sylvaticae R. Boeuf, Renaux & J.-M. Royer in R. Boeuf 2011

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Communautés de climax climatique, planitiaires à collinéennes, acidiclinophiles à neutrocalcicoles, mésophiles à xéroclines.

Nom cité du syntaxon

Carpino betuli-Fagion sylvaticae R. Boeuf, Renaux & J.-M. Royer in R. Boeuf 2011 (Rev. For. Fr. LXII (3-4) : 334).

Synonymes

Carpinion betuli Oberd. 1957 nom. illeg. (art 31), Carpinion betuli sensu Bardat et al. 2004 ; non : Carpinion betuli Issler 1931.

Type nomenclatural

Typus allianciae : Deschampsio cespitosae-Fagetum sylvaticae Rameau ex Renaux, R. Boeuf & J.-M. Royer 2011 in Renaux, R. Boeuf & J.-M. Royer 2011.

Physionomie

Stades climaciques dominés par le Hêtre, avec le Chêne sessile dispersé et le Charme commun en sous étage. Sylvofaciès de taillis-sous-futaie à Chêne pédonculé et Charme commun. Stades de recolonisation dominés par les postpionnières des Geranio robertiani-Fraxinenea excelsioris. Strate muscinale éparse, comptant, parmi les espèces fréquentes, Eurhynchium striatum, Kindbergia praelonga, Rhytidiadelphus triquetrus, Thuidium tamariscinum, et dans les syntaxons acidiclinophiles à neutroclinophiles du Carpino betuli-Fagenion sylvaticae R. Boeuf 2011 Atrichum undulatum, Fissidens taxifolius (sur limons notamment) et Polytrichum formosum.

Combinaison caractéristique d'espèces

Caractéristiques et différentielles d’alliance : Atrichum undulatum, Carpinus betulus, Carex umbrosa, Crataegus laevigata, Vinca minor Luzula pilosa, Ranunculus auricomus, Rosa arvensis, sont de bonnes caractéristiques. Arum maculatum, Convallaria majalis et Loncomelos pyrenaicus peuvent davantage être considérées comme des différentielles. De nombreuses espèces de ronces s’ajoutent à cette liste, en particulier Rubus adscitus, R. ambulans, R. conspicuus, R. constrictus, R. drymophilus, R. flaccidifolius, R. flexuosus, R. macrophyllus et R. phyllostachys. Celles-ci se trouvent ici à leur optimum, et peuvent être recouvrantes, notamment à la faveur de perturbations favorisant l’entrée de lumière en sous-bois.

Axes à développer

La position du groupement à Quercus robur et Melittis melissophyllum décrit par Chabrol & Reimringer (2011) serait à préciser. Il peut s’agir d’une végétation à ranger parmi le groupe d’associations du centre-ouest de la France (variation d’un syntaxon existant ou association originale), ou d’un type de végétation relevant du Carpinion betuli Issler 1931 (voir Renaux et al. 2019b).

Remarques

Il ne nous a pas semblé possible de trancher quant à la structuration de cette alliance en sous-alliances, deux logiques se dessinant dans l’analyse de la flore. La première avait déjà été mise en évidence par Rameau in Rameau, Mansion et Dumé (1989) au travers d’un Lonicero periclymeni-Carpinion Rameau in Rameau et al. 1989 nom. nud. acidiclinophile (différenciée par Lonicera periclymenum, Carex pallescens, C. umbrosa, Dryopteris cathusiana, Pteridium aquilium, Atrichum undulatum, Dicranella heteromalla, Dicranum scoparium, Polytrichum formosum… auxquelles on pourrait ajouter Athyrium filix-femina, Avenella flexuosa, Holcus mollis et Luzula pilosa) et d’un Daphno-Carpinenion Rameau in Rameau et al. 1989 nom. nud neutrophile à calcicole (différenciée par Daphne laureola, D. mezereum, Asarum europaeum, Mercurialis perennis et de nombreuses autres neutrophiles et neutrocalcicoles de répartition régionale). Ces propositions ont été reprises par Boeuf (2011) avec proposition au sein du Carpino betuli-Fagion sylvaticae d’un Carpino betuli-Fagenion sylvaticae R. Boeuf 2011 acidiclinophile à neutroclinophile (différenciée par Carex pilosa, Luzula pilosa, Carex umbrosa, Luzula luzuloides, Poa chaixii, Atrichum undulatum…) et d’un Carici flaccae-Fagenion sylvaticae R. Boeuf 2011 neutrocalcicole (différenciée par Lonicera xylosteum, Carex flacca, Melica nutans, Cornus mas, Ligustrum vulgare, Viburnum lantana, Campanula trachelium… auxquelles on pourrait ajouter Clematis vitalba, Cornus sanguinea, Evonymus europaeus, Rubus canescens, R. montanus et R. praecox), avec une nuance de taille, Rameau (Rameau et al. 1989) plaçant les communautés neutrophiles aux côtés des végétations neutrocalcicoles, alors que Boeuf (2011) les place aux côtés des végétations acidiclinophiles. L’analyse de la flore permet de mieux comprendre cette divergence, puisqu’il est en réalité possible de distinguer, entre les pôles neutrocalcicoles et acidiclinophiles, un pôle neutrophile, qui partage des espèces communes avec l’un et l’autre. La disjonction n’est donc pas nette entre ces deux blocs initiaux, et on observe en réalité trois groupes d’associations, l’une neutrocalcicole (notamment, mais pas uniquement, méridionale), l’autre neutrophile et la dernière acidiclinophile. L’autre gradient, qui transparait dans la flore, est géographique. Rameau (in Rameau et al. 1989) comme Boeuf (2014) ont ébauché « en amont » des alliances géographiques, avec un Androsaemo-Carpinion Rameau in Rameau et al. 1989 nom. nud. aquitain et un Hyacintho non-scriptae-Fagion Dierschke (1997) R. Boeuf 2014 nom. mut. propos nord atlantique. Cette logique n’est pas cohérente avec le traitement appliqué aux autres ordres (Fagetalia sylvaticae Tüxen in Barner 1931 et Ulmo-Fraxinetalia excelsioris Passarge 1968 en particulier), qui s’est fait dans une logique d’alliance écologique et de sous-alliances géographiques, les différentielles géographiques étant beaucoup moins nombreuses que les différentielles écologiques (d’où un poids plus grand au déterminisme écologique, retenu au niveau alliance). C’est également l’option retenue ici. Pour la cohérence de l’ensemble, il serait donc préférable d’un point de vue floristique, d’adopter des alliances écologiques calquées sur les sous-alliances proposées par Rameau ou Boeuf et de les décliner, lorsque la présence de différentielles géographiques le permet, en sous-alliances géographiques. Finalement, nous préférons ne pas retenir de sous-alliance.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)