8230-3 - Pelouses pionnières montagnardes à subalpines des dalles siliceuses des Pyrénées

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se rencontre essentiellement aux étages montagnard et subalpin.
Il occupe les surfaces relativement planes, souvent en forme de dalles horizontales à faiblement inclinées ou de dômes des roches siliceuses, et pour certains types, les plages minérales apparues par érosion et décapage du sol au sein de certaines pelouses. Il peut également se rencontrer localement dans des biotopes secondaires d’origine anthropique : sommet de vieux murets, anciens dallages, vieux toits peu pentus…
Il se situe sur la mince pellicule de terre fine (pH acide) drapant ces surfaces rocheuses. Un tel sol embryonnaire constitue un milieu très xérique, surtout pendant les périodes estivales, même en climat atlantique ; ces surfaces rocheuses n’étant en général pas ombragées, la température au niveau de la végétation peut s’élever considérablement (plus de 50 °C) en période de fort ensoleillement.

Variabilité

Plusieurs associations de végétation des dalles rocheuses siliceuses, d’aire de répartition plus ou moins large et qui reste à préciser, ont été décrites. En fonction des combinaisons d’espèces, sont distinguées :
- l’association à Orpin des Pyrénées et Joubarbe des montagnes [Sedo pyrenaici-Sempervivetum montani] ;
- l’association à Silène des rochers et Orpin des Pyrénées [Sileno rupestris-Sedetum pyrenaici] ;
- l’association à Joubarbe des toits et Orpin des rochers [Sempervivo tectorum-Sedetum rupestris].

De plus, une communauté très ouverte colonisant les plages minérales siliceuses apparues par suite de l’érosion de pelouses siliceuses a été citée dans les Pyrénées orientales : communauté à Scléranthe faux polycnème et Faux-Sésame nain (nommée provisoirement Sclerantho polycnemoidis-Sesamoidetum pygmae, cette association reste à décrire précisément). Cette communauté a été rattachée provisoirement au Sedion pyrenaicae, bien qu’elle possède beaucoup d’affinités avec les pelouses ouvertes oroméditerranéennes corso-sardes du Sesamoido pygmeae-Bellardiochloion variegatae (= Sesamoido-Poion) appartenant aux Saginetea piliferae.

Physionomie, structure

L’habitat présente une végétation rase en général très ouverte, dominée par des végétaux photophiles spécialisés, adaptés aux conditions temporairement xériques du milieu : plantes crassulescentes [divers Orpins (Sedum), diverses Joubarbes (Sempervivum)], cryptogames reviviscents (mousses, lichens), ainsi que des Caryophyllacées vivaces : Scléranthes pérennes (Scleranthus perennis) et Herniaires (Herniaria glabra, H. latifolia). Les thérophytes et les géophytes y sont moins bien représentés.

Confusions possibles

Cet habitat se distingue facilement des végétations chasmophytiques des pentes rocheuses siliceuses [Code UE : 8220], habitats des pentes fortes à verticales, dépourvus ou pauvres en Crassulacées, dont les plantes sont fissuricoles.

Dynamique

Spontanée :
Cet habitat est pionnier et prend un caractère permanent tant que les conditions stationnelles favorables se maintiennent. Il peut présenter une évolution très lente vers des habitats pelousaires acidophiles si la pellicule de terre fine déposée s’épaissit.

Liée à la gestion :
Occupant des biotopes rocheux non perturbés par les actions anthropozoogènes, il apparaît dans certains cas, de manière plus ou moins irréversible, à la suite de l’érosion (naturelle ou déclenchée par des actions anthropiques) de milieux pelousaires décapant les sols et mettant à nu les surfaces rocheuses.

Habitats associés ou en contact

Cet habitat constitue souvent des complexes avec les végétations chasmophytiques des pentes rocheuses siliceuses [Androsacion vandellii ; Code UE : 8220].
Il jouxte souvent les pelouses rocheuses qui s’installent dès que l’épaisseur du sol permet l’installation des Poacées (Fétuques notamment) : pelouses pyrénéennes à Gispet (Festuca eskia) [Festucion eskiae ; Code UE : 6140] notamment.
Selon le contexte géographique et altitudinal, l’habitat peut entrer en contact également avec les habitats suivants :
- Chênaies sessiliflores [Code Corine : 41.56] ;
- Hêtraies-Sapinières [Code Corine : 41.1, 42.13] ;
- formations de Bouleaux [Code Corine : 41.B33] ;
- éboulis siliceux grossiers de l’Allosuro crispi-Athyrion alpestris [Code UE : 8110] ;
- mégaphorbiaies [Adenostylenion pyrenaicae ; Code UE : 6430] ;
- pelouses acidophiles à Nard raide (Nardus stricta) [Nardion strictae ; Code UE : 6230*] ;
- landes subalpines du Juniperion nanae [Code UE : 4060] et du Rhododendron-Vaccinion [Code UE : 4060] ;
- pinèdes à Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [Code Corine : 42.562, 42.5B1] ;
- pinèdes à Pin à crochet (Pinus uncinata) [Code UE : 9430].

Répartition géographique

Sans donnée actuelle précise sur sa répartition pyrénéenne (habitat de surface réduite ayant peu suscité l’intérêt des phytosociologues). Cet habitat semble présent dans tous les secteurs siliceux de la chaîne présentant des biotopes favorables.

Valeur écologique et biologique

Habitat très spécialisé où de nombreuses Crassulacées trouvent leur optimum écologique.
Montrant une diversité spécifique intéressante, il comporte des espèces endémiques des montagnes du sud-ouest de l’Europe (Orpin des Pyrénées, Herniaire à feuilles larges) ou régionalement rares (Potentille argentée, Faux-Sésame nain, dans les Pyrénées occidentales).
En raison de son caractère thermophile et xérique, une faune particulière d’arthropodes peut être associée à cet habitat.

États de conservation

Habitat connu à l’état fragmentaire et dans stades dynamiques intermédiaires.

Tendances et menaces

Habitat ayant connu sans doute une plus grande extension lorsque les milieux forestiers couvraient moins de superficie. On doit s’interroger sur leur devenir dans le cadre d’un changement climatique global.
Bien que ne paraissant pas très menacé actuellement sur l’ensemble de son aire, il peut être localement endommagé ou détruit par diverses activités : exploitations forestières, exploitations de carrières, constructions d’infrastructures diverses (pistes, routes, bâtiments), pâturage intensif, démolition de constructions anciennes en pierre (murets, cabanes…), ravalement de bâtiments et monuments anciens, piétinement ou décapage de la végétation et du sol dus à la pratique intensive et peu respectueuse du milieu de certains sports (randonnée, bivouac, VTT, trial, ski, pêche, escalade…).

Axes de recherche

Affiner la typologie syntaxonomique des habitats (une synthèse de ces milieux serait nécessaire) et préciser leur répartition géographique.
Expérimenter la restauration des abords de l’habitat par broyage et exportation.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)