3250-1 - Végétation pionnière des rivières méditerranéennes à glaucière jaune et Scrophulaire des chiens

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Il s'agit d'une végétation pionnière sur alluvions caillouteuses, installée dans le lit des rivières méridionales, aux étages méditerranéen et collinéen de type supraméditerranéen. Elle se rencontre là où les cours d’eau se divisent en bras, à la confluence des rivières, sur les amas de graviers et de sables qui forment de petites terrasses exondées lors des basses eaux.
Le sol est très meuble et perméable, composé principalement par des sables grossiers et des graviers, les éléments fins étant rares. Les sols sont généralement carbonatés.
Pendant l’été, la surface du sol se dessèche en surface, l’humidité augmente en profondeur. Les horizons inférieurs sont enrichis en éléments fins. En surface, ils ont été entraînés par des courants rapides pendant les grandes crues ou bien enlevés par le vent violent, fréquent dans les régions méridionales.
L’enracinement des plantes est très développé : les racines s’enfoncent souvent jusqu’à 40 cm et plus pour chercher l’eau dont elles ont besoin.
Remarque : Glaucium flavum se retrouve également sur les graviers et les sables littoraux.

Variabilité

L'habitat correspond à l'association à Glaucière jaune et Scrophulaire des chiens [Glaucio flavi-Scrophularietum caninae].
Nous ne disposons de données floristiques complètes que pour le Bas-Languedoc. Il est donc difficile de préciser les variantes de ce type d’habitat. Il est probable que des variations géographiques existent entre le Languedoc et la Provence-Côte d’Azur. En fonction de l’altitude on peut prévoir également des changements floristiques.
L'habitat pourrait être présent, mais sous une forme appauvrie et très rare, au niveau de la Loire moyenne et de son aval non estuarien.

Physionomie, structure

L'habitat est caractérisé par une végétation herbacée toujours très ouverte (le degré de recouvrement s’élève rarement jusqu’à 60%) dont la hauteur est en général de 30 à 50 cm.
Glaucium flavum peut apparaître en grande quantité. Parmi les espèces les plus fréquentes, on peut citer Scrophularia canina, Chenopodium botrys, Melilotus albus, Saponaria officinalis.

Confusions possibles

Glaucium flavum peut remonter plus en amont et s’observer dans les habitats à Épilobe de Fleischer (Epilobium dodonaei subsp. fleischeri) et Chondrille fausse-chondrille (Chondrilla chondrilloides) (UE 3220).

Dynamique

Il s'agit d'un habitat pionnier, souvent fugace en fonction de la dynamique des crues et de leur importance. Lorsque les crues sont régulières et fortes, on observe une dynamique « cyclique » avec destruction de l’habitat et reconstitution progressive sur un autre banc de galets.
En cas de modifications des conditions du fonctionnement hydraulique du cours d'eau (régularisation…), on observe généralement la succession suivante : cf. schéma du cahier d’habitat.

Habitats associés ou en contact

Habitats d'eaux courantes (UE 3260).
Communautés à Myricaire d'Allemagne (Myricaria germanica) et Saules (UE 3230).
Saulaies à Saule pourpre (Salix purpurea) et à Saule drapé (Salix elaeagnos) (UE 3240).
Aulnaies blanches, aulnaies-saulaies blanches (UE 92A0).
Peupleraies blanches (UE 92A0).
Frênaies-ormaies (UE 92A0).
Yeuseraies (UE 9340).
Chênaies pubescentes (Cor. 41.7).

Répartition géographique

Cet habitat, défini à l’origine dans le Bas-Languedoc, se rencontre sur les bancs de galets en Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il est propre aux étages méditerranéen et collinéen de type supraméditerranéen.

Valeur écologique et biologique

Ce type d’habitat possède une aire réduite et couvre généralement une superficie réduite.
La végétation est souvent fugace en un endroit donné → grand intérêt patrimonial.
Cet habitat participe à des mosaïques du plus grand intérêt par la diversité des niches offertes aux espèces animales et végétales (végétation ouverte, végétation arbustive dense…).

États de conservation

États à privilégier :
Privilégier la mosaïque (végétation à Glaucium flavum, saulaies arbustives, saulaies-peupleraies, peupleraies...) et les habitats isolés, là où le caractère naturel de la dynamique torrentielle est marqué.

Tendances et menaces

Les menaces sont liées avant tout aux modifications hydrauliques intervenant le long du cours d’eau ; la régularisation entraîne l’évolution vers une forêt riveraine. Ce type d’habitat est donc lié strictement au maintien de la dynamique des crues.
Comme modifications nocives à ces habitats, nous pouvons citer :
- les barrages hydroélectriques qui abaissent le niveau de l’eau et privent les torrents de leur dynamique de crues ;
- les endiguements des cours d’eau (empierrement des rives…) entraînant localement la disparition de l’habitat ;
- les ouvertures de gravières ;
- l’eutrophisation des eaux.

Potentialités intrinsèques de production

Si la dynamique du cours d'eau est naturelle, ces potentialités sont nulles.

Axes de recherche

Il est nécessaire de réaliser de nouvelles observations sur l'ensemble de l'aire de cet habitat pour bien cerner sa variabilité et les modalités de sa dynamique.
Étudier les modalités d'expression de la banque de graines du sol, en relation avec le développement de ces communautés.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)