4030-5 - Landes hyperatlantiques subsèches

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Landes planitiaires et collinéennes dépendantes d’un climat hyperocéanique.
Établies sur crêtes rocheuses ou sur pentes fortes, sur rankers d’érosion ou cryptopodzoliques, sur podzols humo-ferrugineux (pH > 4,5) à humus mor (ou moder). Sols oligotrophes surtout liés au déficit de phosphore assimilable

Variabilité

Diversité typologique en rapport avec l’exposition aux vents dominants et donc à l’humidité de l’air ainsi qu’aux modes de gestion historique de ces landes secondaires.
Deux types principaux ont été décrits : -la lande à Ajonc de Le Gall et Bruyère cendrée [Ulici gallii-Ericetum cinereae], type le plus courant, plus tolérant à la dessiccation et souvent lié aux usages de fauche, étrépage, ou écobuage ; -la lande à Bruyère cendrée et Myrtille [Erico cinereae-Vaccinietum myrtilli], plus rare, localisée autour ou sur les crêtes rocheuses en exposition SW à NW, peu étendue car ne tolérant pas les usages traditionnels évoqués ci-dessus.

Physionomie, structure

Landes rases à moyennes, très ouvertes sur les affleurements rocheux, plus denses et fermées sur les croupes ou les pentes des collines.
Dominance des Bruyères et/ou des Ajoncs, et/ou de la Callune vulgaire dans les stades de vieillissement ou de faible perturbation. Il existe des faciès herbacés, localisés au sein de la lande à Bruyère cendrée et Myrtille, avec la Luzule des forêts (Luzula sylvatica) ou la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) qui peuvent constituer une strate peu dense.
Les formes dégradées par le piétinement ou les feux renferment plus de plantes herbacées des pelouses acidiphiles atlantiques [Agrostion curtisii, code UE : 6230*], avec notamment l’Agrostide de Curtis (Agrostis curtisii), la Laîche à deux nervures (Carex binervis).
Les formes stables, mais ouvertes, sont caractérisées par une riche strate de mousses de type « hypnacées » et de lichens, notamment des Cladonies (Cladonia).

Confusions possibles

Avec les landes subsèches à Bruyère cendrée et Ajonc nain (Ulex minor) [Ulici minoris-Ericeta cinereae, code UE : 4030] dans la zone de transition entre les aires des deux Ajoncs : Ajonc de Le Gall et Ajonc nain.

Dynamique

Spontanée :
Sur crêtes rocheuses exposées au sud, les contraintes thermiques et la faible épaisseur du sol (ranker) limitent l’expression des espèces les plus compétitives telles l’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus) ou le Prunellier (Prunus spinosa).
Lorsque le sol est plus épais (sols cryptopodzoliques et podzols), la réserve en eau permet l’expression de fourrés préforestiers, particulièrement au sein de la lande à Bruyère cendrée et Myrtille, riches en Prunellier et Poirier cordé (Pyrus cordata). Ces extensions sont souvent limitées et créent une certaine hétérogénéité de l’habitat propice à la faune sans toutefois nuire à la flore de la lande à Bruyère cendrée et Myrtille. Il est possible d’observer une évolution de cette lande vers un faciès à Myrtille et Luzule des bois qui est en fait une formation sylvatique sans arbre.

Liée à la gestion :
L’effet du piétinement conduit à une régression des lichens et des mousses et à une ouverture propice aux espèces des pelouses acidiphiles de l’Agrostion curtisii ou des dalles rocheuses du Sedion anglici. Si le piétinement est localisé, il constitue aussi un facteur de biodiversité.

Habitats associés ou en contact

Pelouses pionnières des dalles rocheuses atlantiques [Sedion anglici].
Pelouses acidiphiles thermo- à eu-atlantiques [Agrostion curtisii, code UE : 6230*].
Fourrés préforestiers à Prunellier et à Poirier cordé [Ulici europaei-Rubion ulmifolii, code Corine : 31.83].
Landes hyperatlantiques fraîches à Bruyère ciliée (Erica ciliaris) et Ajonc de Le Gall [Ulici minoris-Ericenion ciliaris, codes UE : 4020* et 4030].
Forêts acidiphiles atlantiques [Ilici aquifolii-Quercenion petraeae, code UE : 9120].

Répartition géographique

Lande à Ajonc de Le Gall et Bruyère cendrée : Haute-Normandie (phare d’Ailly), Cotentin, basse Bretagne.
Lande à Bruyère cendrée et Myrtille : collines de basse Bretagne (Arrée, Montagnes Noires, fragments dans le massif de Paimpont).

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat refuge pour un grand nombre de bryophytes et de lichens et pour les éléments des pelouses acidiphiles de contact ou en mosaïque.

États de conservation

États à privilégier :
Les landes d’étendue limitée aux crêtes rocheuses sont à conserver en raison de leur diversité biologique et paysagère.
Les autres landes sont à gérer pour éviter le boisement naturel ou induit.

Tendances et menaces

Tendance naturelle à une évolution progressive, lente et limitée sur les sols plus profonds vers des fourrés préforestiers et parfois risque aussi d’extension de la Fougère aigle.
Risque d’érosion, en cas de piétinement trop intense, et d’altération du complexe des landes-pelouses xérophiles ; exemple des crêtes « point de vue » et des secteurs touristiques (ex. : sites mégalithiques de Carnac).

Potentialités intrinsèques de production

Le type le plus répandu de lande dans cet habitat est le type à Bruyère cendrée et Ajonc de Le Gall, lié aux usages de fauche, étrépage et écobuage. Les produits de la fauche sont traditionnellement utilisés en litière, réputée plus saine que la paille pour les bêtes en stabulation. Ils peuvent être également utilisés pour la constitution d’un fumier adapté aux sols lourds et à la dégradation lente. Leur transformation en compost est encore expérimentale, elle semble fournir un produit fertilisant équilibré.
En revanche, compte tenu de la localisation des landes sur crêtes rocheuses ou pentes fortes, l’exploitation pastorale est difficilement envisageable.
Fort attrait paysager, important pour le tourisme en Bretagne.

Axes de recherche

Absence de données.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)