5210-1 - Junipéraies à genévrier oxycèdre

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages mésoméditerranéen à supraméditerranéen, bioclimats subhumide à humide.
De 10 à 800 m d’altitude, mais surtout entre 300 et 600 m.
Biotopes xériques et chauds, ensoleillés, exposés le plus souvent au sud.
Préférentiellement sur calcaires, calcaires marneux et dolomies, poudingues, beaucoup plus rarement sur substrats acides (phyllades, micaschistes, rhyolites, schistes gréseux).
Sols profonds, riches en particules fines.
Pentes un peu rocailleuses des coteaux arides, zones anciennement cultivées.
Pente variable, nulle à moyenne.

Variabilité

Junipéraies à Genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus subsp. oxycedrus) surtout présentes en mosaïque parmi les garrigues à Romarin officinal (Rosmarinus officinalis) [Rosmarinetalia officinalis].

Variabilité moyenne, en liaison surtout avec la nature des substrats, l’exposition, les différences climatiques et les modes d’usage des terres. Deux ensembles principaux :
- junipéraies sur matorrals à Romarin officinal et Bruyère à fleurs nombreuses (Erica multiflora) [Rosmarinion officinalis] en Provence occidentale et Languedoc, au niveau de la série du Pin d’Alep (Pinus halepensis) et de la série méditerranéenne du Chêne pubescent (Quercus humilis) ; plusieurs matorrals et garrigues sont concernés, notamment : matorral à Romarin officinal et Lithodore ligneux (Lithodora fruticosa) [Rosmarino officinalis-Lithospermetum fruticosi] et matorral à Hélianthème de Syrie (Helianthemum syriacum) et Bruyère à fleurs nombreuses [Erico multiflorae-Helianthemetum racemosi];
- junipéraies sur pelouses méso- et supraméditerranéennes à Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis) et divers ligneux bas, en Provence orientale et dans les Alpes maritimes, en conditions plus humides [Helianthemo italici-Aphyllanthion monspeliensis] ; plusieurs pelouses sont concernées, notamment : pelouse à Dorycnie à cinq folioles (Dorycnium pentaphyllum) et Stéhéline douteuse (Staehelina dubia) [Dorycnio pentaphylli-Staehelinetum dubiae] et pelouse à Aphyllanthe de Montpellier et Genêt d’Espagne (Genista hispanica) [Aphyllantho monspeliensis-Genistetum hispanicae].
Les junipéraies à caractère plus forestier peuvent se rapporter aux chênaies vertes à Genévrier rouge [Junipero phoeniceae-Quercetum ilicis (= Rosmarino officinalis-Lithospermetum fruticosi subass. juniperetosum phoeniceae ; Juniperetum oxycedrophoeniceae)].

Variabilité secondaire rencontrée dans certaines situations :
- groupement des replats calcaires à Genévrier rouge (Juniperus phoenicea subsp. phoenicea) et Euphorbe épineuse (Euphorbia spinosa) où le Genévrier oxycèdre est bien représenté ;
- groupement préforestier dolomiticole des Cévennes à Pin de Salzmann (Pinus nigra subsp. salzmannii) et Genévrier rouge [Pino salzmannii-Juniperetum phoeniceae] où le Genévrier oxycèdre est très fréquent et a des recouvrements notables ;
- formation des zones juxta-littorales où le Genévrier oxycèdre à un recouvrement moyen ;
- diverses cistaies et maquis sur substrats siliceux [Cistion ladaniferi, Ericion arboreae] où la participation du Genévrier oxycèdre est généralement modeste.

Physionomie, structure

Les populations de Genévrier oxycèdre ne forment que rarement des peuplements denses bien individualisés, même si avec la déprise agricole on assiste à une densification certaine de ces formations.
Formations généralement multistrates dominées par un piqueté de divers ligneux : Pin d’Alep, Pin maritime (Pinus pinaster), Chêne vert (Quercus ilex), Chêne pubescent.
Strate arbustive supérieure (1 à 3 m) de densité moyenne (de 20 à 50 %), composée de plusieurs ligneux sclérophylles ou caducifoliés.
Strate arbustive inférieure (0,3 à 1 m) dense (30 à 70 %), composée de ligneux bas ou herbacées vivaces généralement des garrigues et matorrals à Romarin officinal et Bruyère à fleurs nombreuses ou des pelouses à Aphyllanthe de Montpellier [Rosmarinetea officinalis].
Richesse spécifique moyenne (ca entre 12 et 21 espèces pour 100 m2).

Dynamique

Spontanée :
Les junipéraies à Genévrier oxycèdre sont généralement issues soit des garrigues du Rosmarinion officinalis en Provence occidentale subhumide, soit des pelouses de l’Helianthemo italici-Aphyllanthion monspeliensis en Provence orientale et dans les Alpes maritimes.
Matorrals en voie générale de maturation en raison de la déprise, mais localement rajeunis par le passage d’incendies.
Colonisation spontanée assez rapide de nouveaux territoires par les genévriers grâce à la dispersion (endozoochorie) des galbules par les mammifères et les oiseaux.
Les structures à Genévrier oxycèdre et Buis, espèces non appétantes pour le bétail, constituent des sites clés pour la régénération et la dynamique des ligneux caducifoliés comme le Chêne pubescent.
Le phénomène de facilitation par les genévriers accélère la succession vers la chênaie pubescente.
Dans les situations à contraintes stationnelles marquées (affleurements rocailleux, marnes), matorrals à caractère dynamique plus lent.

Liée à la gestion :
En extension notable du fait de la chute très importante des pratiques agropastorales et tendance à la colonisation des replats et sols anciennement cultivés.
Au contraire, localement, les pratiques de surpâturage peuvent engendrer l’existence d’un piqueté de Genévrier oxycèdre (laissés indemnes car peu appétants) parmi une pelouse et/ou un matorral bas, riches en rudérales nitrophiles.

Habitats associés ou en contact

Il existe de très nombreux habitats associés ou en contact avec une ou plusieurs variantes de junipéraies à Genévrier oxycèdre ; parmi les principaux, citons : -les garrigues méditerranéennes à Romarin officinal et Bruyère à fleurs nombreuses [Rosmarinion officinalis, code Corine : 32.4] ; -les pelouses méditerranéennes à chaméphytes de l’Helianthemo italici-Aphyllanthion monspeliensis [code Corine : 32.4] : garrigue à Dorycnium à cinq folioles et Stéhéline douteuse (Dorycnio pentaphylli-Staehelinetum dubiae) et pelouse à Aphyllanthe de Montpellier et Genêt d’Espagne (Aphyllantho monspeliensis-Genistetum hispanicae); -les ourlets méditerranéens mésothermes de Provence à Brachypode rameux (Brachypodium retusum) [Phlomido lychnitidis-Brachypodion retusi, code UE : 6220*]; -les forêts d’Oléastre (Olea europaea var. sylvestris) et de Caroubier à grands fruits (Ceratonia siliqua) [Oleo sylvestris-Ceratonion siliquae, code UE : 9320] ; -les pinèdes méditerranéennes de Pins mésogéens endémiques [code UE : 9540] ; -les forêts de Chêne vert, en particulier celles à Viorne tin (Viburnum tinus) et Buis (Buxus sempervirens) [Viburno tini-Quercetum ilicis subass. buxetosum sempervirentis] sur calcaires et à Piptathère paradoxal (Piptatherum paradoxum) [Piptathero paradoxi-Quercetum ilicis] sur dolomies [Quercion ilicis, code UE : 9340].

Répartition géographique

Junipéraies communes parmi les garrigues de moyenne et haute Provence et du Languedoc, plus rare dans les Alpes maritimes (bassin de Sospel), mais les peuplements réellement bien individualisés sont peu courants : mont Ventoux, mont Coudon, centre-Var : forêt de la Gardiole de Rians, région de Vins-le-Val, haute Provence : nord du plateau de Valensole (entre Oraison, les Mées et Mezel).
Rareté des junipéraies en situation littorale.
Dans les Cévennes, junipéraies assez fréquente sur dolomies, à Carlencas, sur la partie sud du plateau de Saint-Guilhem et dans la vallée de la Buèges.
Présence également en Corse sur substrats siliceux.

Valeur écologique et biologique

Diversité floristique faible à moyenne, plus importante si l’on considère les divers stades dynamiques contigus ou les situations de mosaïque végétale (pelouses, matorrals, pré-forêts).
Selon les conditions géographiques et écologiques, quelques espèces végétales protégées au niveau national : Violette sous-arbustive (Viola arborescens) ou au niveau régional : Coincye des montagnes (Coincya cheiranthos subsp. montana), Fraxinelle (Dictamnus albus), Violette de Jordan (Viola jordanii), Amarinthe trifide (Cachrys trifida).
Présence de quelques espèces endémiques (sensu lato): Fritillaire à involucre (Fritillaria involucrata), Germandrée luisante (Teucrium lucidum), Lis de Pompone (Lilium pomponium), Séséli de Provence (Seseli galloprovinciale), Mercuriale de Huet (Mercurialis annua subsp. huetii), Chardon de la Sainte-Baume (Carduus litigiosus), Crocus changeant (Crocus versicolor).
Intérêt de certains peuplements abritant, avec des densités modestes, l’Arceutobe de l’oxycèdre (Arceuthobium oxycedri), rare phanérogame parasite.

États de conservation

États à privilégier :
Assurer le maintien de certains peuplements à recouvrement important, tout en garantissant l’existence de quelques clairières en tant que niches de régénération.
Autres états observables :
Pelouses rudéralisées pâturées par bovins ou ovins et piquetées de Genévrier oxycèdre.
Jeunes genévriers en extension sur diverses garrigues à Romarin officinal, cistaies, friches.

Tendances et menaces

Formations assez fréquentes, en extension générale ou stables.
Progression notable des junipéraies sur matorrals bas et friches en raison de l’arrêt des pratiques agropastorales.
Tendance à la maturation des junipéraies, favorisant le développement des ligneux hauts sclérophylles et surtout caducifoliés.
Certains peuplements, en particulier ceux du plateau de Valensole (entre Oraison, les Mées et Mezel) semblent souffrir d’une charge parasitaire trop importante de l’Arceutobe de l’oxycèdre qui occasionne des dépérissements notables sur les individus âgés.
Menaces potentielles réduites.

Potentialités intrinsèques de production

La strate herbacée de cette garrigue est le plus souvent pauvre mais avec des plages plus denses localisées dans les vallons ; la ressource pastorale est donc faible mais intéressante pour les ovins en hiver (brebis à l’entretien).

Axes de recherche

Absence de données.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)