6220-5 - Pelouse méditerranéenne mésotherme de la Crau à Asphodelus fistulosus

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage mésoméditerranéen. Plaine caillouteuse, très ensoleillée et très ventée (mistral). Roche mère siliceuse (quartzites duranciens). Sols squelettiques. Systèmes hérités de pâturages extensifs encore actifs.

Variabilité

Pelouse relativement homogène à Asphodèle fistuleux, Asphodèle d’Ayard, Stipe capillaire, Euphorbe de Séguier, Hysope, Bufonia à feuilles étroites (Asphodeletum fistulosi).
Quelques faciès déterminés par la dominance localisée (quelques mètres carrés) de certaines espèces (Brachypode rameux, Asphodèle, Thym vulgaire ou diverses Euphorbes) non consommées par les moutons, dont l’Euphorbe de Séguier.

Physionomie, structure

Pelouse moyennement dense (recouvrement de 60-70 %), haute de 30-40 cm. Mosaïque fine d’espèces vivaces (hémicryptophytes, géophytes) et annuelles (thérophytes).
Le Brachypode rameux n’y joue pas, en général, un rôle de premier plan. Rappelle les formations steppiques à graminées et Asphodèles d’Afrique du Nord.

Confusions possibles

Dans la plaine de la Crau, aucune confusion possible.
À l’est du Rhône, l’Asphodèle se retrouve dans les Alpes-Maritimes où elle contribue à individualiser, avec l’Atractyle en treillis, une autre formation.

Dynamique

Spontanée :
En l’absence de pâturage, rapide envahissement par les chamaephytes et le Brachypode rameux actuellement contenus par le troupeau.

Liée à la gestion :
La pelouse est maintenue dans un état optimal par le passage des ovins.

Habitats associés ou en contact

Dans la plaine de la Crau, au contact de la pelouse à Asphodèle, divers groupements végétaux déterminant avec elle un complexe mosaïqué.
Pelouse dense à Brachypode faux-phoenix (Brachypodietum phoenicoidis), sur sols plus profonds et à meilleur bilan hydrique.
En tonsures dans cette pelouse mésophile, trois autres types de pelouses : pelouse à Épervière piloselle et Canche moyenne (alliance Brachypodion phoenicoidis), pelouse à Millepertuis tomenteux et Canche moyenne (alliance Deschampsion mediae) et pelouse à Trèfle noircissant et Orpin gazonnant (alliance Trachynion distachyae).
En tonsures dans la pelouse à Asphodèle et correspondant à un affleurement du poudingue siliceux sous-jacent : pelouse acidiphile à Crassule de Vaillant [Code UE : 6220].
En relation avec les bergeries parsemant la plaine de la Crau, trois types de pelouses en fonction de la teneur en matière organique : pelouse à Chardon-Marie et orties, à Orge des lièvres et Onoporde d’Illyrie, et à Camphorine de Montpellier et Trèfle souterrain (Silybo-Urticetum, Hordeo leporini-Onopordetum illyrici et Camphorosmo monspeliacae-Trifolietum substerranei).
Fourrés à Filaire à feuilles étroites et Jasmin.
Taillis de Chêne vert [Code UE : 93.30].
Dans les ornières des pistes, forme appauvrie des pelouses à Souchet jaunâtre [Code Corine : 31.30].

Répartition géographique

Pelouse endémique de la partie sèche de la plaine de la Crau (sud-est de la France).

Valeur écologique et biologique

Habitat unique en France, rappelant certaines pelouses du sud de la Méditerranée.
Grande diversité floristique et richesse marquée en thérophytes méditerranéennes ; présence de deux Asphodèles.
Diversité entomologique remarquable en espèces méditerranéennes de Coléoptères, Lépidoptères et Orthoptères (seule station notamment du Criquet rhodanien, espèce protégée en plan national).
Grande diversité ornithologique.

États de conservation

États à privilégier :
Structure en mosaïque réunissant en quelques hectares une dizaine de formations pour certaines endémiques de la plaine de la Crau.

Tendances et menaces

En l’absence du troupeau, développement des chamaephytes et des phanérophytes (Filaire, Jasmin, Chêne vert, etc.).
Depuis plusieurs années, régression de l’habitat par transformations de surfaces occupées en vergers ; tendance encore actuelle.

Potentialités intrinsèques de production

Le « coussou » de Crau est une terre à pâturage ovin plusieurs fois centenaire qui a façonné la flore de manière très spécifique, en sélectionnant les annuelles et les hémicryptophytes.
La proportion relative en plantes annuelles détermine l’intérêt pastoral de la strate herbacée et la conduite des troupeaux ; la ressource pastorale est composée de deux types d’espèces :
-les annuelles, qui constituent une ressource appétente mais aléatoire : leur production est très liée aux conditions climatiques. Elles peuvent être consommées par le troupeau pendant toute leur saison végétative qui est très courte (avril-mai), et variable selon les pluies. Il peut y avoir une repousse à l’automne si les conditions sont favorables (pluies) ;
-le Brachypode rameux et le Thym vulgaire qui peuvent être consommés pendant toute la saison entre automne et printemps ; il s’agit d’une ressource grossière mais sûre.
La production annuelle de la pelouse est comprise entre 700 et 1000 kg de matière sèche/ha.

Axes de recherche

Absence de données.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)