7120-1 - Végétation dégradée des tourbières hautes actives, susceptible de restauration

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat correspond à des formes de dégradation de la végétation des tourbières hautes actives dont elles dérivent par assèchement superficiel à la suite de modifications de leur équilibre hydrique. Les conditions initiales générales de développement de la végétation des tourbières hautes dégradées sont donc celles des tourbières hautes actives : on les rencontre à l’étage montagnard ainsi qu’aux étages planitiaire et collinéen dans des régions où les conditions climatiques sont propices au développement de tourbières. Contrairement aux tourbières hautes maintenues dans un bon état de conservation, qui trouvent leur optimum de développement à l’étage montagnard, les tourbières hautes dégradées se rencontrent préférentiellement en plaine où les activités anthropiques perturbatrices se sont développées davantage qu’en zones de montagne.
Comme la végétation des tourbières hautes actives, cet habitat se développe sur des substrats holorganiques constitués d’un dépôt de tourbe d’épaisseur variant de quelques décimètres à plusieurs mètres, alimenté par des eaux faiblement minéralisées et acides. En revanche, et contrairement aux tourbières hautes actives dont le sol est constamment gorgé d’eau et dont le niveau de saturation hydrique est à la fois proche du sol et relativement stable (faibles fluctuations de la nappe, de quelques centimètres à deux ou trois décimètres), la végétation des tourbières hautes dégradées se développe à la faveur d’une perte d’humidité du sol à la suite d’un rabattement de la nappe : celle-ci peut connaître d’importantes fluctuations et se trouver à plusieurs décimètres sous le niveau du sol en période d’étiage, ce qui n’empêche pas d’éventuelles submersions de se produire à certaines périodes. Cet assèchement plus ou moins prolongé de la masse de tourbe conduit à une minéralisation du sol, plus ou moins poussée et touchant une épaisseur d’importance variable (jusqu’à plusieurs décimètres dans des cas de fort assè- chement prolongé).

Variabilité

La variabilité de cet habitat se manifeste selon :
- un gradient biogéographique (moins manifeste que dans le cas des tourbières hautes actives maintenues dans un bon état de conservation en raison d’un effet tampon et banalisant provoqué par l’assèchement) qui voit s’opposer principalement des formations planitiaires et collinéennes atlantiques à Bruyères (Bruyère à quatre angles, Bruyère ciliée), Ajoncs (Ajonc nain, Ajonc de Le Gall), Bouleau pubescent et Pin sylvestre à des formations médioeuropéennes montagnardes à Myrtille, Airelles (Airelle des marais, Airelle rouge), Callune et Épicéa. Des zones de transition existent bien évidemment à la charnière de ces deux domaines ;
- le degré de dégradation de l’habitat qui dépend de la nature, de l’intensité et de l’ancienneté de la perturbation : le cortège floristique initial de la tourbière maintenue dans un bon état de conservation sera plus ou moins dénaturé et appauvri, formant des groupements qualifiés de « basaux ». Plus la perturbation sera ancienne et profonde, plus le cortège floristique initial sera appauvri. Dans le cas de fortes perturbations, les relevés révèleront la présence de deux ou trois espèces constantes très dominantes et la disparition de toutes (ou presque) les espèces compagnes hygrophiles, ainsi que l’apparition d’espèces non typiques des tourbières (graminées par exemple). À l’inverse, la végétation initiale peut être relativement peu modifiée si les atteintes sont peu profondes et/ou si celles-ci sont récentes.

Physionomie, structure

Ces formations sont souvent caractérisées par leur grande monotonie tant du point de vue spécifique que structural : dans leurs formes typiques très dégradées, elles sont dominées par un nombre très faible d’espèces très recouvrantes (Molinie, Callune, Airelles, Scirpe gazonnant, Nard raide…). Les tourbières hautes dégradées ont une physionomie tantôt landeuse lorsque ce sont des espèces caractéristiques des stades terminaux des tourbières qui dominent (Bruyères, Callune, Ajoncs, Airelles…), tantôt herbeuses lorsque la Molinie devient très recouvrante. Les formes les plus dénaturées de cet habitat restent certainement les moliniaies dans lesquelles la Molinie bleue adopte un port en touradons pouvant atteindre plusieurs décimètres de hauteur, formant des populations extrêmement denses au sein desquelles très peu d’espèces peuvent se développer.
L’une des conséquences de l’assèchement des tourbières est la réduction de la microtopographie qui peut aller jusqu’à son effacement. Alors que les tourbières hautes actives dans leurs formes typiques sont caractérisées par une alternance de buttes et de gouilles créant une remarquable hétérogénéité structurale, source d’une grande richesse spécifique (notamment grâce au gradient hydrique entre ces microcompartiments), les tourbières hautes dégradées voient cette microtopographie se réduire, voire s’effacer totalement dans les cas de fort assèchement prolongé. L’assèchement peut également favoriser la colonisation du milieu par les ligneux et il n’est pas rare d’observer des tourbières hautes dégradées en cours d’évolution vers des pré-bois tourbeux. Enfin, dans ces tourbières peuvent apparaître des surfaces nues de tourbe plus ou moins asséchée.

Espèces "indicatrices"

La diversité spécifique de cet habitat est souvent très faible et la végétation peut se limiter à quelques-unes des espèces caractéristiques - voire parfois seulement à l’une d’elles - dans les cas de fortes dégradations. À l’inverse, des éléments de tourbières hautes actives peuvent se maintenir à l’état plus ou moins relictuel, ici ou là au sein de cette végétation dégradée, et venir enrichir la diversité spécifique du milieu qui sera d’autant plus grande que l’état de dégradation sera faible.

Confusions possibles

Dans ses formes les plus caractéristiques, représentées par les moliniaies tourbeuses en touradons, cet habitat ne peut être confondu avec nul autre. En revanche, des confusions sont possibles lorsque l’habitat n’offre pas cette physionomie caractéristique et notamment lorsque l’état de dégradation de la tourbière est tel que la végétation présente des caractéristiques intermédiaires entre celle des tourbières hautes actives et celle des tourbières hautes dégradées. La végétation évolue progressivement d’un bon état de conservation initial vers un état dégradé caractérisé par sa faible diversité spécifique végétale et la disparition des espèces les plus hygrophiles (notamment des espèces turfigènes) au profit d’espèces tolérantes à l’assèchement et la minéralisation qui deviennent dominantes, voire exclusives. Si ce changement de végétation est souvent progressif, il peut intervenir rapidement si les atteintes portées au milieu sont importantes et telles que ses caractéristiques, notamment hydrologiques, se voient bouleversées.
Plusieurs éléments guideront le gestionnaire dans l’attribution, soit du code des tourbières hautes actives, soit des tourbières hautes dégradées : on peut considérer que l’on bascule de l’un vers l’autre lorsque deux, trois voire quatre espèces caractéristiques (cf. liste ci-dessus) sont largement dominantes et que toutes (ou presque) les espèces compagnes hygrophiles caractéristiques des tourbières hautes actives, notamment les Sphaignes, ont disparu, en même temps que sont apparues ou que se développent des espèces non caractéristiques de ces stades actifs. Si les tourbières acidiphiles envahies par la Molinie peuvent toutes être prises en compte par cet habitat dès lors qu’il est possible de régénérer des stades de végétation de tourbières hautes actives, il n’en est pas de même des tourbières envahies par les chaméphytes en préfiguration de leur évolution vers des végétations de lande. Dans ce cas (fort développement des Bruyères et Ajoncs sous climat atlantique, des Myrtilles et Airelles en zones médioeuropéennes montagnardes), seules sont concernées par ce code les végétations de tourbières ayant subi des atteintes d’origine anthropique (drainage par exemple). Si les chaméphytes sont le résultat d’une évolution naturelle du milieu, en constituant un stade terminal de la dynamique d’évolution de la tourbière, c’est le code UE 7110* qui devra être attribué, et plus précisément les codes CORINE 51.113 à 51.115 correspondant aux végétations des tourbières en voie d’assèchement naturel. Enfin, il peut arriver que des sites conservent une végétation de tourbière haute active mais que leur évolution tende vers celle des tourbières hautes dégradées à la suite d’une perturbation récente de l’hydrologie de la tourbière. Dans ce cas, il peut être conseillé de conserver le code des tourbières hautes actives mais de le croiser avec celui des tourbières hautes dégradées pour indiquer la tendance dynamique d’évolution du milieu et la nécessaire intervention visant à rétablir l’hydrologie de la tourbière.
Des confusions sont possibles avec la végétation des landes, notamment des landes hygrophiles et tourbeuses atlantiques (UE 4010 et UE 4020*) et plus rarement des landes submontagnardes à Vaccinium et Calluna (UE 4030). Cette confusion est possible dans la mesure où la végétation des tourbières hautes dégradées, comme celle des landes humides, peut être dominée par les chaméphytes au détriment des espèces caractéristiques des stades actifs des tourbières, très peu présentes. Dans le cas des tourbières hautes dégradées, cette végétation s’est développée à la suite d’une atteinte d’origine anthropique portée à une tourbière, bien différente d’une lande (même tourbeuse, un sondage révélera la nature du sol tourbeux et épais dans le cas des tourbières même si une certaine minéralisation peut être observée due à l’assèchement).
Enfin, il est important de ne pas confondre les moliniaies concernées par cet habitat, qui sont le résultat de la dégradation de la végétation des tourbières hautes actives et sont pauvres en espèces, avec les prairies oligotrophes à Molinie (Molinion caeruleae sur calcaire, Juncion acutiflori acidiphile) qui ont une grande diversité spécifique, une grande valeur patrimoniale, et se voient attribuer le code UE 6410.

Dynamique

Cet habitat est issu de la dégradation artificielle des tourbières acidiphiles à la suite d’un assèchement direct (drainage, front de taille) ou indirect (prélèvement dans la nappe d’alimentation par pompages périphériques ou par boisement proche, modification des apports superficiels par endiguement…). Il peut s’agir de tourbières ombrotrophes (hauts-marais), ou de tourbières minérotrophes (bas-marais) ou ombro-minérotrophes (tourbières de transition) sur lesquelles des éléments de tourbières hautes actives (buttes d’ombrotrophisation) se sont développés en préfiguration de leur évolution vers un haut-marais. L’assèchement de la masse de tourbe qui résulte du rabattement de la nappe de la tourbière entraîne une minéralisation du sol qui se trouve confronté à des phénomènes d’aération, d’oxydation et de tassement. Cette combinaison de phénomènes va induire une profonde modification de la végétation, d’autant plus importante que l’assèchement sera prononcé et que le stade dynamique de végétation concerné sera jeune (cas d’un bas-marais par rapport à un haut-marais terminal).
Quel que soit ce stade, la végétation évoluera peu ou prou vers le même type de couvert adapté à la minéralisation du sol et à sa faible hydromorphie, caractérisé par le développement important des chaméphytes et de la Molinie bleue. Cette dernière espèce est particulièrement adaptée aux tourbières subissant de grandes variations du niveau de la nappe avec une alternance saisonnière de phases sèches (nappe profonde) et de phases humides pouvant aller jusqu’à la submersion de la tourbière, phénomène auquel l’espèce est très tolérante et s’adapte notamment par son port en touradons. L’incendie est également un facteur très favorable au développement de la Molinie, non pas que l’espèce soit particulièrement pyrophile mais parce que son caractère pionnier et compétitif lui permet de s’implanter avec beaucoup de vigueur sur les tourbières venant de subir un incendie, ce d’autant plus facilement que le sol sera enrichi par les cendres. Lorsque le feu est courant (simple combustion de la végétation sans atteinte du sol), la végétation se trouve peu modifiée dans sa composition. En revanche, un feu couvant dans lequel la tourbe se trouve soumise à combustion (feux estivaux notamment) a d’importantes conséquences car il entraîne, comme dans le cas d’un assèchement mais en un temps bien plus court, la minéralisation de la tourbe en même temps que la destruction du couvert végétal (mise à nu du sol). La Molinie bleue trouvera ici d’excellentes conditions de germination et sa colonisation sera d’autant meilleure que l’espèce aura été présente auparavant (constitution de banques de semences) ou que des semenciers se trouveront à proximité. Le développement de cette espèce peut être très vigoureux et amener à la constitution rapide de populations denses très peu propices au développement d’autres espèces (très bon exemple dans les Hautes-Fagnes, en Belgique).
La dynamique naturelle d’évolution de la végétation ne permet pas un retour à des stades actifs. La végétation qui a atteint ce stade de lande ou de moliniaie évolue peu ou se voit progressivement coloniser par les ligneux, Pins, Bouleaux, Épicéa ou Bourdaine. Un retour à des stades antérieurs est possible par des actions anthropiques ou induites par les animaux (grand gibier notamment). Le creusement du sol (étrépage, décapage, affouillement superficiel) peut permettre, en atteignant des horizons humides (voire aquatiques si la nappe est atteinte) et non minéralisés, une reprise locale des processus de turbification par l’installation d’une végétation de tourbière active. Une remontée du niveau de la nappe permet de réhumidifier la tourbière mais son effet sur la végétation est incertain dès lors que la tourbe aura été soumise à un assèchement prolongé (plusieurs années) ayant entraîné sa forte minéralisation irréversible et son tassement. Les espèces landeuses installées à la faveur de l’assèchement du milieu régresseront face à la réhumidification du site mais les espèces caractéristiques des tourbières hautes actives pourront ne pas se développer si les conditions édaphiques ont été trop profondément modifiées.

Habitats associés ou en contact

Tourbières hautes actives (UE 7110*).
Tourbières de couverture (UE 7130*) rarissimes, seulement deux sites pressentis en France.
Tourbières de transition et tremblants (UE 7140).
Bas-marais acides (Cor. 54.4).
Moliniaies turficoles (UE 6410). Jonchaies acidiphiles (Cor. 37.22).
Landes humides et tourbeuses (UE 4010 et UE 4020*).
Tourbières boisées (UE 91D0*).
Landes sèches (UE 4030).

Répartition géographique

Cet habitat est présent en France sur une grande partie du territoire où il recoupe l’aire de distribution des tourbières hautes actives dont il est issu, mais les plus fortes concentrations se rencontrent dans les zones où les atteintes portées aux tourbières ont été les plus importantes, notamment en plaine (Massif armoricain, Bassin parisien, Bassin aquitain, pourtours du Massif central).

Exemples de sites avec l’habitat dans un bon état de conservation :
Dans la mesure où il s’agit d’un habitat dégradé, il serait impropre de parler d’habitat maintenu dans un bon état de conservation. Parlons plutôt de formes typiques qui se rencontrent ici ou là sur des tourbières ayant subi des atteintes prolongées et ayant vu leur végétation initiale se dégrader sous l’effet de leur assèchement. Les exemples sont malheureusement nombreux mais se trouvent très dispersés sur le territoire où ils occupent souvent des superficies modestes. Des exemples très représentatifs se situent en Belgique, dans les Hautes-Fagnes (région Wallonne) où des milliers d’hectares de tourbières se sont vus coloniser par des moliniaies en touradons au fil des dernières décennies, à mesure du drainage, du boisement, de l’exploitation (tourbe) et de l’abandon de ces terrains. La tourbière de la Baupte (Manche), en périphérie de l’exploitation, ainsi que la tourbière des Ponts-de-Martels (Jura suisse) constituent d’autres exemples de sites dégradés où l’habitat peut être observé dans des formes caractéristiques.

Valeur écologique et biologique

Dans la plupart des cas, cet habitat ne possède pas une grande valeur patrimoniale intrinsèque dans la mesure où il s’agit de stades de dégradation de la végétation des tourbières, généralement pauvres en espèces végétales et animales. Ce constat doit être nuancé dans le cas des végétations les moins perturbées abritant encore un cortège d’espèces végétales et animales représentatives des communautés de tourbières hautes actives. La principale valeur de cet habitat réside dans son potentiel de régénération d’habitats à très forte valeur patrimoniale, notamment celui des végétations de tourbières hautes actives. Par ailleurs, souvent en contact ou en mosaïque avec d’autres habitats de tourbières, il constitue des complexes en termes à la fois de structure, de dynamique et de fonctionnalité dont l’intérêt doit être considéré de manière globale, cet habitat pouvant par exemple jouer un rôle tampon (hydrique et trophique) vis-à-vis d’habitats de tourbières plus sensibles. Enfin, comme tout habitat de tourbière, il se développe au sein d’écosystèmes dont l’intérêt archéologique et palynologique doit être pris en compte et préservé.

États de conservation

Cet habitat dégradé - ainsi que, bien souvent, la tourbière sur laquelle il se développe - doit faire l’objet d’interventions avec l’objectif de restaurer des communautés de tourbières actives, productrices de tourbe et riches en espèces. La conservation en l’état de cet habitat peut parfois s’envisager lorsqu’il occupe de faibles superficies au sein de groupements maintenus dans un bon état de conservation et si les atteintes ayant entraîné sa dégradation ne sont pas ou plus préjudiciables au développement de ces communautés.
Si l’objectif ultime peut être de restaurer le complexe actif buttes/gouilles, où le cortège d’espèces caractéristiques est riche et diversifié, il faut garder en mémoire le fait que cet objectif sera dans la plupart des cas difficile et long à atteindre, notamment dans le cas de tourbières fortement dégradées. S’il est parfois difficile, voire dans certains cas impossible, de restaurer la végétation des tourbières hautes dégradées directement en celle des complexes actifs buttes/gouilles, il est en revanche tout à fait possible de restaurer des stades dynamiques antérieurs (groupements pionniers du Rhynchosporion, végétation de bas-marais acide ou de tourbière de transition) qui eux-même évolueront spontanément vers ces complexes actifs. Cet objectif de conservation constituera bien souvent le choix le plus raisonnable des gestionnaires, qui devront s’appliquer à restaurer des communautés végétales productrices de tourbe, dont l’évolution ultérieure amènera la constitution de ce complexe qui reste l’état à privilégier (toujours en mosaïque structurale et dynamique avec les autres stades). Si cet objectif paraît difficile à atteindre sur certains sites, il faut au minimum veiller à diversifier le couvert végétal en limitant le développement des espèces monopolistes comme la Molinie bleue ou certains ligneux et en favorisant la microtopographie et la réhumidification du milieu.

Tendances et menaces

Cet habitat a vu sa superficie s’étendre au cours des dernières décennies aux dépens des habitats de tourbières hautes actives maintenues dans un bon état de conservation, dont il est issu et dont il ne constitue « qu’un » stade de dégradation. Il est le résultat des nombreuses atteintes qui ont été portées aux milieux tourbeux au cours de cette période, au premier rang desquelles les drainages agricoles ou sylvicoles ainsi que les extractions industrielles de tourbe, mais aussi l’abandon des pratiques agropastorales qui ont bien souvent accompagné ces atteintes et ont indirectement contribué à l’appauvrissement des milieux.
Si la superficie de cet habitat s’est étendue au cours des dernières décennies, il n’en demeure pas moins menacé par un certain nombre d’activités destructrices (extraction de tourbe, boisement, mise en culture, creusement de plans d’eau…) dont il faut aujourd’hui le préserver, notamment pour son potentiel de régénération d’habitats de tourbières hautes actives.

Potentialités intrinsèques de production

Elles sont faibles et se limitent au gisement de tourbe encore parfois exploité pour la fabrication de supports de cultures (terreaux). Des utilisations hautement destructrices, comme l’écobuage (brûlis, extraction des cendres, retournement du sol, régalage des cendres et mise en culture), sont encore parfois observées. La végétation, surtout dans les faciès de landes basses, peut être fauchée et servir de fourrage ou de litière ; certaines espèces végétales (myrtilles, airelles) sont parfois consommées par les populations locales.

Axes de recherche

Poursuivre les expérimentations sur les techniques de blocage de fossés de drainage par barrages-seuils (matériaux, longévité, types d’ouvrage…) et par comblement (recherche de matériaux alternatifs à la tourbe).
Constituer un réseau de sites de référence où seraient testées ces différentes techniques en s’inspirant des travaux déjà réalisés à l’étranger.
Étudier les possibilités d’orienter la végétalisation des surfaces de tourbe décapées, notamment par les techniques utilisant le génie végétal à base de Sphaignes et de Linaigrette engainante (cf. travaux des Québécois ou des Suisses) en constituant un réseau de sites de référence utilisant les mêmes techniques de suivi.
Développer les recherches sur l’hydrologie des tourbières dans la continuité des travaux engagés dans le cadre du Programme national de recherche sur les zones humides.
Poursuivre et développer les expérimentations de matériel mécanique utilisable pour la restauration lourde de sites fortement dégradés (broyage et exportation de la végétation, décapage…).
Approfondir les recherches sur le rôle des cryptopotentialités (en semences) dans les processus de régénération des tourbières.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)