(9560 et 5210)-6 - Peuplements supraméditerranéens corses de genévrier thurifère

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat installé en quelques points du mésoméditerranéen supérieur et de l’étage supraméditerranéen dans et autour du massif du Niolu (en adret de 800 m-1 000 m à 1 200 m-1 350 m).
Secteur protégé des influences maritimes, aux hivers froids et étés chauds.
Peuplements de Thurifères quasi purs ou mélangés avec le Genévrier oxycèdre.
Grande variabilité des conditions écologiques (cf. ci-dessous). Sols développés sur des altérites d’origine variée, allant de la fente dans le rocher jusqu’à des sols moyennement profonds à charge caillouteuse importante.
Sols plus profonds parfois sur d’anciennes terrasses de cultures. Sols bruns acides ou bruns lessivés en général, ranker ou lithosols pour les sols les plus superficiels.

Variabilité

Variations géographiques :
Stations primaires : sur barres rocheuses, fortes pentes :
- Thurifères installés dans les fentes de rochers, présentant des formes torturées (atteignant 6 m de hauteur), avec Oxycèdre possible sur pente forte où la roche et les blocs occupent au moins 50 % de la surface : peuplements de Thurifère plus denses, avec des arbres espacés de 7 m-10 m ; port de Cyprès (des pentes très fortes et très pierreuses peuvent être colonisées par l’Oxycèdre ; ou par un mélange entre les deux Genévriers) ;
- groupements plus mésophiles, à Juniperus thurifera et Acer monspessulanum, sur des sols plus évolués.
Stations secondaires :
- sols assez profonds d’anciennes zones pâturées avec fruticées naines à Immortelle d’Italie et Genêt de Salzmann avec quelques Thurifères et parfois Oxycèdres et Thurifères évoluant vers des matorrals ;
- vieux peuplements de Thurifères envahis par le Pin laricio, avec baisse de la vigueur chez le Thurifère ;
- peuplements de Pin Laricio avec Thurifères surcimés et dépé- rissants (ou morts) ; parfois présence de jeunes thurifères dans les trouées ;
- peuplements clairs avec Chêne pubescent et Châtaignier.

Physionomie, structure

Très variables selon les conditions présentées…, les peuplements les plus denses apparaissant sur les pentes rocailleuses (mais restant ouverts), sinon individus dispersés (sur banc rocheux ou sur fruticées naines).
Dans ses différentes situations, le Genévrier est le plus souvent accompagné par des espèces de la fruticée naine à Immortelle d’Italie et Genêt de Salzmann :
- fruticée de 20 cm à 1 m ;
- recouvrement très variable selon les conditions de sols ;
- espèces dominantes : Genêt de Salzmann, Bruyère arborescente, Anthyllide faux Hermannia, Ciste de Crête et à feuilles de Sauge ;
- strate herbacée présente sur zones pâturées (couverture de 20-50 %) où dominent la Laîche caryophyllée avec la Flouve odorante, la Carline en corymbe, l’Agrostis de Castille…

Confusions possibles

Avec les stations montagnardes où la fruticée héberge le Genévrier nain, l’Épine vinette de l’Etna, le Genêt faux-lobel et le Thym corse.

Dynamique

Spontanée :
- Régénération sur les barres rocheuses dans les fentes de rochers, là où la matière organique et de la terre fine ont pu s’installer.
- Régénération sur les pentes rocailleuses. Sur sols plus ou moins profonds : cf. schéma du cahier d'habitat.

Liées à la gestion :
Stations secondaires :
- pas de gestion apparente de ces divers milieux ;
- dérive de la destruction ancienne des forêts caducifoliées pour les stations secondaires ;
- puis pâturage, puis parfois mise en culture et enfin déprise ;
- milieux parfois parcourus par les incendies.
Nota : le potentiel de semence d’origine de la recolonisation des espaces en déprise provient des stations primaires installées sur substrats rocheux —› colonisation des fruticées naines.

Habitats associés ou en contact

Complexes forestiers :
- lambeaux de Chênaies caducifoliées ;
- peuplements de Pin Laricio (UE : 9530) ;
- yeuseraies à Houx (UE : 9340) ;
- hêtraies.

Complexe de fruticées et maquis :
- fruticées naines à Helychrysum italicum et Genêt de Salzmann ;
- maquis à Erica arborea ;
- fruticées à Prunus spinosa, Rubus ulmifolius.

Complexes des pelouses :
- pelouses à Carex caryophyllea et Trifolium campestre ;
- pelouses sur sols temporairement humides à Juncus capitatus et Morisia monanthos (UE : 6430).

Complexes rupicoles :
- végétation de fentes de rochers à Sedum dasyphyllum et Dianthus godronianus (UE : 8220) ;
- végétation des dalles rocheuses.

Répartition géographique

Corse.
Région du Niolu. Vallée d’Asco.
Tartagine (quelques pieds connus, des recherches à poursuivre).

Valeur écologique et biologique

Grand intérêt du Genévrier thurifère, espèce rare en France et en Corse, espèce par ailleurs relictuelle.
Stations primaires du plus haut intérêt ainsi que les peuplements à individus remarquables des stations secondaires.
Présence des complexes d’habitats du plus grand intérêt par la diversité des niches offertes aux espèces végétales et animales.
Peuplements servant de zones d’alimentation pour les Chocards à bec jaune, les Grives draines, les Perdrix rouges, les Merles noirs…

États de conservation

États à privilégier :
Peuplements de barres rocheuses et des pentes rocailleuses. Peuplements clairs avec un nombre conséquent d’individus (matorrals).
Protection des petites populations.

Tendances et menaces

Peuplements des stations primaires stables.
Certains peuplements installés sur pentes rocailleuses peuvent être menacés par des incendies.
Matorrals : type d’habitat dynamique tendant d’une part à s’étendre sur les fruticées naines en progression avec la forte déprise agricole mais d’autre part peu à peu surcimés ou menacés de l’être par le Pin laricio, ou alors évoluant vers une « forêt » de Genévriers.
Menaces :
- la dynamique des essences forestières sur de jeunes individus (en matorral) ;
- les incendies.
Nota : a souffert par le passé de son exploitation par l’homme : petites charpentes, piquets de clôture...

Potentialités intrinsèques de production

Nulle pour le Genévrier sur les stations primaires et secondaires. Sur les stations secondaires, les potentialités forestières sont très faibles. C’est surtout le pâturage qui peut avoir un intérêt sur les zones colonisées.

Axes de recherche

Quantification des conséquences de la gestion mise en place. Mise en évidence du développement de pathologie éventuel. Études fines phytoécologiques pour définir la variabilité écologique et des cortèges floristiques de ces matorrals et des stations primaires.
Suivi des régénérations sur les stations primaires. Inventaire complet des sites primaires.
Conservation ex situ pour reconstitution après incendie éventuel.
Estimation de la vitesse de propagation des pins, vitesse de colonisation des pelouses par les thurifères…
Étude dendroécologique (établie sur la population pyrénéenne de Rié) à étendre aux populations des Alpes, de Corse ; Espagne, Moyen Atlas.
Sensibilisation à la conservation : historique de l’espèce, des activités humaines de la région, intérêt paysager…

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)