ZNIEFF 030120044
Monts Belvédère de Saül

(n° régional : 00390001)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des Monts Belvédère de Saül (type I) se situe à 25 kilomètres au nord-ouest du bourg. Elle s'inscrit au sein de la vaste ZNIEFF de type II de la Région de "Saül".

Ce massif de reliefs élevés alimente, au nord-est, le bassin de la Mana et, à l'ouest, celui du Petit Inini.

Les monts Belvédère font partie de l'ensemble géomorphologique de roches volcano-sédimentaires et intrusives basiques du Protérozoïque inférieur dénommé Chaîne Inini-Camopi, où sont situés les sommets les plus élevés de Guyane. Les monts Belvédère culminent à 750 mètres.

Les habitats présents sur ce secteur sont essentiellement des forêts drainées de basse et de moyenne altitude. Des forêts alluviales, des forêts basses sur cuirasse, des forêts à caractère submontagnard et des cambrouses y sont également répandues.

Les forêts hautes de moyenne altitude sont dominées par des Mimosoideae, Burseraceae et Vochysiaceae. Ces forêts se situent sur un paysage « tout en pente » qui est dominé par des modelés massifs au dénivelé supérieur à 100 mètres. Ces habitats se caractérisent comme les habitats des paysages multi-concaves par la dominance des faciès à Burseraceae, Mimosoideae et la moindre fréquence des faciès à Caesalpinioideae. Cette régression laisse place à d’autres familles dont la place est significativement plus importante sur les reliefs : les Vochysiaceae (plus particulièrement Vochysia tomentosa), les Malvaceae (notamment Sterculia pruriens et S. speciosa) et les Annonaceae (plus particulièrement Crematosperma brevipes). Cet habitat est significativement favorable à plusieurs autres taxons donnant des arbres de grandes tailles: le chawari (Caryocar glabrum), le samaati (Chimarrhis microcarpa.), le yayamadou kwatae (Virola kwatae) et yayamadou-montagne (V. michelii).

Les forêts de moyenne altitude et forêts submontagnardes (> 500 m) sont marquées par la forte présence de Mimosoideae et Lauraceae. Le seuil des 500 mètres marque une modification significative de la composition des formations forestières tant dans le sous-bois que dans la canopée avec une augmentation significative de l’abondance des Mimosoideae (principalement Inga spp.) et une baisse franche de la densité des Burseraceae. Les Urticaceae (Pourouma minor étant l’espèce la plus présente sur l’ensemble du site) pionnières ont quant à elles tendance à être plus abondantes à haute altitude du fait d’une canopée moins haute (< 30 m) et plus ouverte. Les palmiers de sous-bois déjà peu abondants dans l’étage inférieur sont ici quasi-absents. Dans le sous-bois, les Marantaceae peu présentes entre 200 et 500 m réapparaissent. A noter la découverte d’une petite population d’Ossaea coarctiflora, espèce de Melastomataceae intégralement protégée. La présence de fougères arborescentes qui caractérise normalement cet habitat, n’est pas très marquée. Seuls quelques individus d’Alsophila cuspidata et de Cyathea surinamensisont été observés.

La forêt basse sur cuirasse n’apparaît véritablement dans sa forme la plus aboutie qu’à partir des altitudes les plus élevées soit au-delà de 650 m et demeure très marquée au dessus de 700 m où elle prend un caractère de forêt submontagnarde riche en épiphytes.

Une vingtaine de plantes déterminantes sont recensées sur ce massif.

Certaines sont endémiques ou sub-endémiques de Guyane : Tovomita gazelii (Clusiaceae), Swartzia canescens (Fabaceae), Aiouea longipetiolata (Lauraceae), Ossaea coarctiflora (Melastomataceae).

Les orchidées sont particulièrement diversifiées sur ce secteur et plusieurs espèces très rares y sont détectées : Lycaste macrophylla, Scaphyglottis dunstervillei.

Au niveau de la faune, cette région éloignée et difficile d'accès conserve encore de belles populations de grands mammifères comme l'Atèle (Ateles paniscus), le Tapir (Tapirus terrestris) et le Jaguar (Panthera onca).

Un premier inventaire des chiroptères a permis de mettre en évidence des espèces cavernicoles déterminantes comme Lonchorhina inusitata, Pteronotus parnellii et Anoura geoffryi.

Parmi les amphibiens déterminants fréquentant la ZNIEFF, se distinguent Pristimantis espedeus, espèce directement liée aux forêts d'altitude, ainsi que Atelopus spumarius, Pristimantis gutturalis, Hypsiboas dentei, Leptodactylus heyeri.

Enfin l'avifaune est caractérisée par la présence d'espèces forestières rares typiques de l'intérieur de la Guyane : Anabate rubigineux (Automolus rubiginosus), Moucherolle d'Euler (Lathrotriccus euleri), Troglodyte à poitrine blanche (Henicorhina leucosticta), Todirostre de Joséphine (Hemitriccus josephinae), Batara à gorge noire (Frederickena viridis), Batara de Cayenne (Sakesphorus melanothorax).

Quelques espèces caractéristiques des massifs de l'intérieur de la Guyane sont également présentes : Araponga blanc ou oiseau-cloche (Procnias alba), Moucherolle à bavette blanche (Contopus albogularis).

Cette zone demeure globalement inexplorée, mais son altitude élevée nous laisse supposer que ses milieux et son intérêt biologique sont du même type que ceux du mont Galbao.

Le massif des monts Belvédère représente très certainement une des zones refuges de flore et de faune forestières datant du Pléistocène, reconnues en Guyane comme d'anciens centres de spéciation, fruits d'une longue évolution qui a permis le développement d'un taux d'endémisme et d'une biodiversité remarquables. Il s'agit d'un facteur prépondérant du potentiel de richesse floristique et faunistique du site.

Cette ZNIEFF bénéficie désormais de la protection du Parc Amazonien de Guyane.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF encerclant les monts Belvédère de Saül est délimitée de la manière suivante :

W, N et E : Au Nord, à l’Est et à l’Ouest, la ZNIEFF suit la délimitation de la zone de cœur du Parc Amazonien de Guyane entre les points A et B.

S : Au Sud, la limite suit la courbe de niveau des 350m entre les points B et A.

Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):

A (226939m; 407456m) - B (231278m; 408908m)