DESCRIPTION
Situés dans la vallée de la Somme, entre les confluences avec l'Ancre à l'amont et avec l'Hallue à l'aval, les marais de Daours/Corbie forment un vaste ensemble marécageux comprenant des prairies humides, des roselières, des fragments de bas-marais tourbeux, des plans d'eau et des boisements humides disposés en mosaïque.
Les principaux habitats représentés sont les suivants :
- herbiers à Characées du Charion asperae ;
- herbiers du Lemnion gibbae (Lemno-Spirodeletum polyrhizae) ;
- herbiers du Potamion pectinati ;
- herbiers de l'Hydrocharition morsus-ranae ;
- herbiers flottants du Nymphaeion albae (Myriophyllo verticillati-Nupharetum luteae) ;
- banquettes amphibies du Nanocyperion ;
- bas-marais tourbeux de l'Hydrocotylo-Schoenion (Hydrocotylo vulgaris-Juncetum subnodulosi) ;
- cladiaies turficoles fragmentaires (Cladietum marisci) ;
- roselières du Phragmition australis ;
- roselières du Caricion rostratae (Thelypterido palustris-Phragmitetum australis) ;
- mégaphorbiaies du Calystegion sepium et du Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae ;
- prairies humides du Molinion (Selino carvifoliae-Juncetum subnodulosi) ;
- saulaies fangeuses (Salicion cinereae) et aulnaies (Alnion glutinosae).
Par ailleurs, le site comprend également le versant pentu situé au niveau du lieu-dit "La Falaise", à Daours. Ce versant est occupé par une pelouse calcicole de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii. En l'absence d'entretien, cette pelouse évolue spontanément vers des ourlets à Brachypodium pinnatum des Origanetalia. Des fourrés arbustifs colonisent également le coteau.
INTERET DES MILIEUX
La plupart des habitats présentent un intérêt élevé et accueillent plusieurs espèces remarquables pour la Picardie. En particulier, certains habitats offrent un intérêt de niveau européen et relèvent de la directive "Habitats" de l'Union Européenne :
- herbiers à Characées du Charion asparae ;
- herbiers de l'Hydrocharition morsus-ranae, du Nymphaeion albae, du Potamion pectinati ;
- roselières du Caricion rostratae (Thelypterido-Phragmitetum) ;
- bas-marais alcalins du Molinion (Selino-Juncetum subnodulosi) ;
- mégaphorbiaies turficoles du Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae ;
- systèmes boisés hygrophiles de l'Alnion glutinosae (Filipendulo ulmariae-Alnetum) ;
- pelouses calcicoles de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii.
Par ailleurs, les roselières sont favorables à l'avifaune et à l'entomofaune paludicoles.
INTERET DES ESPECES
Flore remarquable :
Plusieurs espèces légalement protégées ont été notées dans les milieux palustres :
- le Potamot coloré (Potamogeton coloratus*), rare et vulnérable en Picardie ;
- le Rubanier nain (Sparganium natans*), rare en Picardie ;
- le Peucédan des marais (Peucedanum palustre*), rare en Picardie.
Trois espèces protégées ne semblent pas avoir été revues récemment :
- l'Ophioglosse commune (Ophioglossum vulgatum*), espèce des prairies humides non amendées, rare et vulnérable en Picardie ;
- la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe*), espèce des moliniaies, exceptionnelle en Picardie ;
- le Dactylorhize incarnat (Dactylorhiza incarnata*), rare et vulnérable en Picardie.
De nombreuses autres espèces remarquables sont aussi représentées, parmi lesquelles :
- la Laîche jaune (Carex flava), exceptionnelle et en danger en Picardie ;
- le Souchet brun (Cyperus fuscus), qui apprécie les banquettes amphibies inondées temporairement ;
- le Troscart des marais (Triglochin palustre), rare et vulnérable en Picardie ;
- le Cladion marisque (Cladium mariscus), rare en Picardie ;
- l'Oenanthe de Lachenal (Oenanthe lachenalii), typique des prairies humides ;
- l'Utriculaire citrine (Utricularia australis), assez rare en Picardie ;
- le Potamot de Berchtold (Potamogeton berchtoldii), rare en Picardie ;
- la Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata), sur les pelouses calcicoles.
Faune :
L'avifaune nicheuse du site est particulièrement remarquable, avec plusieurs espèces inscrites à la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne : le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica) et la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce exceptionnelle dans le département de la Somme.
Parmi les nicheurs assez rares en Picardie, on rencontre : le Cygne tuberculé (Cygnus olor), le Râle d'eau (Rallus aquaticus) et la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti). Signalons également que la Pie-grièche grise (Lanius excubitor) a déjà niché sur le site. Il s'agit d'une espèce en forte régression en Picardie.
Pour les odonates, signalons la présence de l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum), de l'Agrion délicat (Ceriagrion tenellum) et de l'Aeschne printanière (Brachytron pratense).
Les lépidoptères présents sur le site sont : la Leucanie paillée (Mythimna straminea), la Leucanie du Roseau (Senta flammea), la Topaze (Diachrysia chryson) et l'Herminie crible (Macrochilo cribrumalis).
Pour les amphibiens, citons la présence de la Rainette verte (Hyla arborea), vulnérable au niveau national.
FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE
- Certains secteurs non entretenus sont progressivement envahis par une végétation herbacée haute, de type mégaphorbiaie, puis par des fourrés arbustifs. Les milieux pionniers remarquables tendent à régresser.
- Globalement, les marais s'assèchent (drainage, plantations de peupliers,...), ce qui entraîne la raréfaction, voire la disparition, d'espèces hygrophiles remarquables.
- Les milieux aquatiques ont tendance à s'eutrophiser, accélérant le processus d'envasement et éliminant la flore des eaux oligotrophes aux dépens de nitrophiles banales.
- Le pâturage, mis en œuvre dans les prairies humides, mériterait d'être davantage adapté aux caractéristiques écologiques de la zone, son action n'étant actuellement pas bénéfique.
N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.
Le site englobe d'une part les marais de Daours et de Corbie, et, d'autre part, le larris situé au niveau du lieu-dit "La Falaise". Ces milieux sont d'intérêt élevé et accueillent des espèces remarquables pour la Picardie.