ZNIEFF 310030048
Marais de Cambrai et Bois Chenu

(n° régional : 00000246)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF constitue un complexe composé d’espaces naturels typiques des milieux alluviaux (prairies humides, boisements alluviaux et zones humides connexes comme des mares et fossés). L'origine du site repose en grande partie sur la présence de l'Escaut. Cette zone humide est quasiment la dernière zone humide fonctionnelle de la haute et moyenne vallée de l'Escaut, vestige des paysages de cette vallée, avant que l'Escaut ne soit canalisée. Plus particulièrement, la présence de plusieurs types de forêts alluviales, habitats rares et menacés dans le Nord Pas-de-Calais, procure au site une très grande originalité. Ainsi, ce boisement humide, de par son importante superficie, est d'un intérêt non négligeable non seulement dans le Cambrésis, mais également à l'échelle régionale. La diversité des milieux, maintenus en bon état de conservation en partie grâce à la gestion appliquée, permet l’expression de nombreuses végétations déterminantes de ZNIEFF comme les végétations aquatiques à callitriches, les prairies humides (Eleocharito palustris - Oenanthetum fistulosae en particulier) ou les boisements alluviaux (Cirsio oleracei - Alnetum glutinosae, Pruno padi - Fraxinetum excelsioris). A cette liste remarquable d’habitats est associée une liste d’espèces d’intérêt patrimonial tout aussi intéressante : la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale), l’Achillée sternutatoire (Achillea ptarmica), la Colchique d'automne (Colchicum autumnale), la Dactylorhize négligée (Dactylorhiza praetermissa), la Renoncule aquatique (Ranunculus aquatilis) et l’Orme lisse (Ulmus laevis)… Citons également la nouvelle découverte de l’année 2010 : l’Anémone fausse-renoncule (Anemone ranunculoides) a été revue pour la première fois depuis une centaine d’années dans le Bois Chenu.

On compte au total 8 végétations et 10 espèces déterminantes de ZNIEFF.

Malheureusement, l’influence anthropique subie par ce site est particulièrement forte avec la présence du canal de l’Escaut qui modifie probablement le fonctionnement hydrologique de la zone et l’aménagement très récent du contournement de Cambrai qui coupe la partie nord-est du Bois de la Folie ce qui entraînera inévitablement des disfonctionnements écologiques et des nuisances sonores.

Des prospections ont eu lieu sur l'ensemble de la ZNIEFF mais la connaissance faunistique du site est essentiellement liée à l'élaboration des plans de gestion par le Conservatoire des Sites.

Ce site présente pour la faune un intérêt particulier dans le contexte de rareté et de fragilité des zones humides du Cambrésis. C'est ainsi qu'elle accueille 7 espèces déterminantes d'odonates. Parmi celles-ci, Sympetrum danae et Sympetrum pedemontanum n'ont pas été revues depuis 1996 et 1998. Ces espèces présentent en effet un erratisme prononcé. Sympetrum flaveolum, bien que non revue depuis 2005 est une espèce qui pourrait utiliser le site pour la reproduction.

Lestes dryas de découverte récente dans la région (2006) et à grand pouvoir de dispersion a été observée pour la première fois sur le site en 2009. La mare dans laquelle elle a été découverte correspond à l'habitat de reproduction de l'espèce en Belgique. Des preuves de reproduction sont encore à rechercher.

L'observation faite d'un individu de Calopteryx virgo en 2008 constitue la première mention de cette espèce pour le bassin du Haut Escaut. Sa reproduction est à confirmer.

Parmi les orthoptères, Conocephalus dorsalis est assez commun dans la région Nord – Pas de Calais mais considéré comme menacé par DEFAUT et SARDET ( 2004) dans le domaine biogéographique concernant par la région.

A noter qu'un individu de Ruspolia nitidula a été découvert en 2008 et non revu en 2009. Cette observation est à mettre en parallèle avec l'extension de la répartition de cette espèce vers le nord.

Concernant les rhopalocères, Apatura ilia est assez rare dans la région (HAUBREUX, 2009). Cette espèce fréquente les forêts alluviales à atmosphère humide. Il est possible qu'une population soit présente dans le bois chenu.

Parmi la malacofaune inventoriée sur le site, Vertigo moulinsiana est vulnérable en France et en annexe II de la Directive Habitats.

Balea perversa est peu commune dans la région, est localement abondante dans le Montreuillois (CUCHERAT & TERRASSE, 2002 in CUCHERAT, 2003).

Parmi l'avifaune, la ZNIEFF accueille le cortège des espèces des roselières. Le Busard des roseaux, en annexe I de la directive Oiseaux niche dans la roselière. Le Phragmite des joncs vulnérable en region (TOMBAL, 1996) niche de nouveau sur le site depuis 1997 alors que l'espèce n'était pas notée dans le district Cambrésis Ostrevent lors de la dernière enquête régionale (TOMBAL, 1996).

Bien que la population de Scarpe Sensée Escaut Marque soit une des deux principales de la région, la Gorgebleue à miroir en annexe I de la Directive oiseaux, est menacée par les drainages, mises en culture et aménagements de tout type. Son maintien est donc conditionné au maintien des zones humides hétérogènes dans son domaine vital.

Commentaires sur la délimitation

Cette nouvelle ZNIEFF englobe la réserve naturelle régionale de « l’Escaut rivière » à Proville, qui comprend le Bois Chenu (boisement alluvial), la rivière de l’Escaut et quelques prairies alluviales, réserve actuellement gérée par le Conservatoire des sites naturels du Nord et du Pas-de-Calais. Puis le périmètre s’étend jusqu’au Bois de la Folie au milieu duquel on rencontre des étangs. Cette zone présente un intérêt écologique non négligeable et abrite plusieurs espèces d’intérêt patrimonial dont l’Anémone fausse-renoncule (Anemone ranunculoides) et la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale) qui sont menacées d’extinction dans la région.