French Version
DESCRIPTION
Du Saut du Doubs à son entrée sur le territoire helvétique, le Doubs sert de frontière naturelle entre la France et la Suisse. Sur le tronçon compris entre le Saut du Doubs et Biaufond, la rivière circule dans un canyon dominé par des falaises abruptes, d’où un caractère sauvage marqué. La retenue hydro-électrique du Châtelot est à l’origine d’un bassin artificiel.
Le versant français, à fort pendage, est globalement orienté au sud-est ; au gré des biefs latéraux et des méandres, l’exposition varie toutefois du nord au sud. De ce fait, de nombreux groupements végétaux se succèdent dans cet espace restreint et confiné, particulièrement favorable au développement de forêts de pente. Divers types forestiers, dont certains sont très originaux, se déclinent selon l’exposition et la topographie :
- hêtraies-sapinières, prédominantes sur les pentes moyennes ;
- hêtraie chaude montagnarde à if, également bien recouvrante ;
- hêtraie froide, en situation ombragée ;
- érablières (fraîches ou thermophiles) et tiliaies, caractérisant les secteurs très pentus et les ambiances confinées ;
- enfin, pineraies à pin sylvestre, persistant de façon très localisée. Déjà signalées au XVIIe siècle, il s'agit certainement des seules formations autochtones pour ce taxon en Franche-Comté.
Les falaises et escarpements entretiennent localement des éboulis actifs. Des pelouses montagnardes à seslérie s’expriment sur certains replats sommitaux (comme au Châtelard), de même que quelques landes à myrtille et callune (sur des sols décalcifiés). Le fond des gorges héberge encore quelques petits secteurs de prairies alluviales. Les berges sont très souvent colonisées par de remarquables groupements à hautes herbes et à pétasite hybride ; elles sont bordées par un cordon de forêt alluviale. La présence de plantes rares (dont quatre protégées en France ou dans la région) est à souligner : renoncule grande douve, campanule à larges feuilles, fritillaire pintade, bois-joli des Alpes, ainsi que la pensée à deux fleurs, le cynoglosse d’Allemagne ou la scrofulaire du Jura.
Le lit mineur présente une morphologie marquée par l'alternance de seuils stables et de mouilles, très favorable aux poissons de grande taille. La densité des larves d'insectes pétricoles du groupe des Plécoptères (perles) est l’une des plus fortes du réseau hydrographique franc-comtois. La qualité de l'eau est proche des objectifs fixés et les valeurs d'indice biologique restent parmi les plus élevées du bassin du Doubs. Toutefois, la pollution de l’eau (azotée et organique) et l’effet barrage ont conduit à des altérations.
Le site possède également un grand intérêt pour l’avifaune rupestre : les falaises abritent régulièrement le grand corbeau, le faucon pèlerin et le hibou grand duc.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/10/09, 8/12/88, 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Le Doubs a subi diverses atteintes : d’une part, les barrages hydro-électriques successifs ont fortement modifié la structure originelle du cours d’eau et génèrent des nuisances multiples (rupture des cycles hydrologique, thermique et sédimentaire, obstacles au déplacement des poissons, alternance d’émersion et de submersion, effet de chasse et confinement des masses d'eau). De plus, la pollution d’origine parfois lointaine se traduit par des proliférations végétales (algues filamenteuses, par exemple) et de certains groupes d'invertébrés benthiques moins sensibles à la dégradation des milieux. Les pratiques de loisirs insuffisamment contrôlées constituent également de sérieuses menaces.
Par contre, l’ensemble des forêts de pente présente un état de conservation remarquable, en lien avec une exploitation relativement extensive ; les plantations monospécifiques y restent rares.
