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DESCRIPTION
La région naturelle des plateaux et moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs " se caractérise par une grande densité d'étangs tourbeux dans un contexte de forêts et de prairies humides. Sur la commune de La Rosière, aux confins de la Franche-Comté, le site du Bambois correspond à une petite tourbière implantée dans un contexte de forêts mixtes.
L'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Divers cas se présentent selon le type d'alimentation hydrique : ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang ou encore accumulation et stagnation d'eau dans une dépression, comme pour la tourbière du Bambois. Si l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse, les apports météoriques peuvent s'ajouter ou se substituer totalement ensuite. Ces milieux sont caractérisés par la présence de sphaignes sous forme de coussins et d'un cortège typique associé : les espèces se répartissent de bas en haut de ces buttes selon leurs exigences en humidité. Sur ce site, des groupements de tourbière bombée active (haut-marais) cohabitent étroitement avec des communautés à rhynchospore blanc occupant les gouilles et les dépressions plus humides. L'évolution naturelle de ces milieux conduit progressivement à un atterrissement puis à l'installation des ligneux. Cette tourbière présente ainsi des signes sensibles d'assèchement, se traduisant par une colonisation marquée par la molinie bleue, le pin sylvestre et l'épicéa. Toutefois, elle recèle encore des plantes remarquables, telles que les rossolis à feuilles rondes et à feuilles intermédiaires, protégées au plan national. Les Vosges saônoises constituent l'unique pôle régional de répartition de cette dernière espèce.
Ces habitats remarquables imbriqués hébergent également une faune entomologique caractéristique. Toutefois, la situation de cette zone en contexte intra-forestier, sa superficie réduite ainsi que la tendance à l'assèchement ne sont pas propices à une grande diversité. Bien que le cortège de libellules soit réduit, il faut cependant signaler la présence de la grande aeschne et surtout du sympétrum noir sur ce site. Cette dernière espèce est encore bien représentée dans ce secteur, mais des menaces pèsent sur ses biotopes préférentiels, à savoir les tourbières, marais et étangs tourbeux acides.
La faible surface du site, doublée d'une fermeture excessive du milieu, hypothèque par ailleurs fortement les possibilités de découverte des taxons patrimoniaux parmi les groupes classiquement étudiés (Orthoptères, Odonates, Rhopalocères). La colonisation par les ligneux reste réellement problématique. Une seule espèce déterminante a été inventoriée: le sympétrum noir (Sympetrum danae (Sulzer, 1776)). La situation reste toutefois préoccupante, car un seul mâle patrouillant à hauteur d'une petite gouille très atterrie a été contacté (il n'est donc pas à exclure qu'il s'agisse d'un individu erratique à la recherche d'un lieu de reproduction). Les milieux aquatiques présents s'apparentent dans l'ensemble à des milieux résiduels limitant clairement les possibilités d'implantation des populations viables sur le long terme et entrainant une diversité odonatologique restreinte. En l'état, l'évolution de la végétation semble tendre vers le développement de systèmes pré-forestiers sur sol tourbeux.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 20/01/82).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire, ce qui implique le maintien de la fonctionnalité hydrologique et des conditions oligotrophes.
L'existence d'un drain actif au sein de la tourbière du Bambois associée à des plantations d'épicéas contribue à accélérer le processus naturel d'assèchement. Il convient donc de surveiller l'évolution de la progression des ligneux et de veiller au maintien en eau des gouilles, voire d'envisager des travaux de curage et de remise en eau. Ces mesures seraient favorables à la préservation de la flore patrimoniale et à une richesse entomologique accrue. La forêt située entre la route et la tourbière a subi des dommages très importants lors de la tempête de 1999. Un suivi des conséquences éventuelles sur la fonctionnalité de la tourbière serait à envisager.
