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COMMENTAIRE GENERAL
Affluent de l’Ain en rive gauche, la Bienne prend sa source près des Rousses à 1100 mètres d’altitude. Jusqu’à Saint-Claude, elle suit une direction générale nord-sud, parcourant une vallée qui entaille profondément le massif plissé jurassien. Les conditions géomorphologiques (encaissement des vallées, opposition de versants plus ou moins abrupts, contraste entre anciennes vallées glaciaires et plateaux) et géologiques (diversité de nature du substrat calcaire) sont à l’origine d’une grande variété de milieux naturels dans ce secteur.
A Cinquétral, sur le plateau situé au nord de Saint-Claude, la zone « Derrière le Bouchat », toute en longueur, est implantée sur un coteau d’exposition sud-est. Différents facteurs ont permis l’implantation de pelouses dans ce secteur reposant sur un sous-sol constitué de calcaires et marno-calcaires du Valanginien (Crétacé) : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau assez limitées, ensoleillement important. Sur ce site, l’association à gentiane printanière et brome dressé, reconnue d'intérêt communautaire, est la plus représentée. Cette végétation rase, dont la richesse floristique est très élevée, caractérise les pâturages extensifs jurassiens au-dessus de 900 mètres d'altitude. Les conditions contraignantes entraînent la sélection d’un cortège floristique typique, riche en éléments d’affinité méditerranéenne. C’est le cas sur ce site, où l’on recense une espèce bénéficiant d’un statut de protection dans la région, ce qui lui confère un intérêt botanique majeur.
L’évolution naturelle de ces milieux en l’absence d’intervention tend vers une recolonisation par les ligneux, ce qui se traduit par la présence de divers faciès d’enfrichement : ourlets thermophiles, fruticées et stades préforestiers. Cette dynamique est bien marquée sur cette zone, en particulier dans la partie haute ; celle-ci semble être issue du défrichement d’un ancien bois.
Ce type de mosaïque d’habitats semi-ouverts héberge en général une faune intéressante (insectes, reptiles, oiseaux) pour laquelle ils constituent des zones refuges.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’une plante protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les pelouses sèches sont des milieux semi-naturels relictuels et en régression. Elles sont soumises à deux types de menaces : d’une part, l’évolution naturelle en l’absence d’entretien tend vers une recolonisation par les ligneux. D’autre part, l’intensification des pratiques, notamment le surpâturage et les apports d’intrants, conduit à une banalisation des habitats et entraîne une régression des espèces patrimoniales. Cette zone est actuellement pâturée par des bovins ; cette pratique est globalement favorable et sa poursuite est à encourager. Toutefois, la situation est à nuancer sur ce site, car la partie basse, plus accessible, semble souffrir d’un léger surpâturage alors que la partie haute est plus enfrichée. Compte tenu des enjeux liés à la présence d’une plante patrimoniale protégée, il convient de rechercher une solution en concertation avec l’exploitant agricole, afin de diminuer les impacts sur cette population. L’objectif de gestion vise à conserver une strate herbacée basse et pas trop dense. Ce résultat pourrait être obtenu en diminuant le chargement (réduction du nombre de têtes de bétail ou limitation de la durée du pâturage) et/ou en augmentant la surface des milieux appétents (des travaux de défrichement, menés de façon ménagée, pourraient éventuellement être entrepris dans la partie haute). D’une manière générale, les pelouses ponctuées de buissons (avec un taux de recouvrement de l’ordre de 25 %) sont les plus riches sur le plan de la biodiversité.
