Situés dans la partie occidentale du Massif central, au sud-est des monts du Cantal, les monts d’Aubrac intéressent trois départements et trois régions : Cantal (Auvergne), Aveyron (Midi-Pyrénées) et Lozère (Languedoc-Roussillon). Ils sont délimités par la vallée de la Truyère au nord, la vallée du Lot au sud et la vallée de la Colagne à l’est. Cet édifice au relief peu accusé, majoritairement composé de roches volcaniques et cristallines, culmine à 1 469 m d’altitude au Signal de Mailhebiau, en territoire lozérien. Son altitude est majoritairement comprise entre 1 000 et 1 300 m, et il ne dépasse que très ponctuellement les 1 400 m. On parle donc plus couramment du « plateau de l’Aubrac » ou bien tout simplement de l’« Aubrac ». La bordure sud-occidentale de l’Aubrac est régulièrement entaillée de nombreuses petites vallées affluentes du Lot, si bien que des digitations élevées du plateau (les « boraldes ») y alternent avec des vallons ou dépressions de plus faible altitude (les « valats »).
Soumis à un régime climatique de type montagnard-atlantique, froid et pluvieux (142 cm annuels à Laguiole à 1 020 m), l’Aubrac est majoritairement intéressé par la série végétale de la hêtraie-sapinière. Les forêts montagnardes, parfois fort belles (Hêtre et Sapin pectiné), n’y dominent cependant pas le paysage, ce territoire étant très anciennement voué à l’élevage bovin (race locale notamment : l’Aubrac) et largement constitué de pâturages. Le paysage typique de l’Aubrac consiste donc plutôt en vastes prairies permanentes parcourues par un important maillage de murets de pierres (doublés d’alignements arborés ou de haies dans la partie périphérique du plateau), avec çà et là quelques bois de hêtres et parcelles de résineux allochtones à visée brise-vent (épicéas et mélèzes, notamment). Les tourbières et faciès apparentés y sont très présents, la conjugaison d’une forte pluviométrie, d’une température moyenne peu élevée (l’hiver est rigoureux et souvent très neigeux), d’une roche mère imperméable et d’une faible pente étant très favorable à leur élaboration.
Ces milieux tourbeux et d’autres habitats naturels du haut plateau hébergent de nombreux taxons végétaux et animaux nord-eurasiatiques en disjonction d’aire (Ligulaire de Sibérie, Vipère péliade). La diversité et la rareté de la flore sont en accord avec l’originalité de cette ZNIEFF. Difficile de choisir parmi les 150 espèces de plantes remarquables, lesquelles méritent d’être distinguées. Citons simplement Botrychium simplex, Andromeda polifolia, Carex limosa, Ligularia sibirica... Les bryophytes, au rang desquelles les sphaignes occupent la première place, constituent également un groupe très diversifié sur les différents habitats de cette ZNIEFF. La diversité des champignons présents témoigne elle aussi de la richesse de ce site. Du point de vue de l’avifaune, la diversité des milieux et leur bon état de conservation permettent d’héberger un cortège d’oiseaux important et original. Ainsi, la forêt domaniale d’Aubrac abrite des espèces comme la Chouette de Tengmalm ou le Grimpereau des bois. De nombreux passereaux liés au bocage sont également présents sur l’ensemble du site. Outre l’Écrevisse à pattes blanches, quelques autres arthropodes ont été signalés, mais les données actuelles ne reflètent que très partiellement la richesse de ces groupes taxonomiques sur ces milieux si riches.
La partie aveyronnaise de l’Aubrac constitue donc une des entités paysagères, biogéographiques et écologiques les plus singulières de la région Midi-Pyrénées.
La ZNIEFF englobe le plateau de l’Aubrac et les reliefs de la partie sud-ouest, en tenant compte des principaux habitats et domaines vitaux des espèces déterminantes.