Description de la zone
Entièrement situé en versant nord et nord ouest du mont Ventoux, cet ensemble s’étend du Vallon des Parties, à l’est, au Pré de Michel à l’ouest, de 600 m à plus de 1 700 m, la plus grande partie de la zone se localisant entre 1 000 m et 1 700 m. Il correspond à tout le vaste ensemble du Mont Serein (à l’exclusion de la station de ski et des pelouses), en versant nord ouest, et en versant nord à la base de la Combe de Fonfiole, à la Grave Faouletière, à Coste Vieille, aux Serres Gros, à la Roche Pourrie, au Trou du Gravier, au Gros Collet et à la Vanarelle.
L’assise géologique est constituée de calcaires argileux et marneux du Barrémien et de l’Hauterivien souvent recouverts d’éboulis, parfois même jusqu’à des altitudes très basses (cas de la Grave Faouletière). De plus, contrairement au versant sud, le versant nord a été affecté par une série de failles qui sont venues perturber la concordance des couches et ont provoqué la présence de pentes souvent très fortes.
Cette zone est située dans l’étage montagnard. Le hêtre, le sapin et le pin sylvestre y sont les essences climaciques. Cet étage correspond à un climat froid et humide. C’est à son niveau que les précipitations sont les plus abondantes du massif du mont Ventoux (3 000 mm/an environ en moyenne au Mont Serein). C’est également une zone à forte nébulosité. Le pin sylvestre, élément le plus xérophile de l’étage montagnard est peu représenté à l’état indigène en versant nord du massif (secteurs les plus ensoleillés du Mont Serein). En revanche, le hêtre est partout présent et peut descendre à des altitudes relativement basses, à la faveur de combes encaissées, ou dans la partie orientale à cause de l’augmentation des précipitations et de la nébulosité (jusqu'à 900 m d’altitude). Dans la partie nord occidentale, le hêtre est en mélange avec le sapin. Ce dernier, qui est surtout bien développé autour du Mont Serein, se situe dans un contexte climatique et édaphique plus humide que le hêtre. La hêtraie sapinière y présente même un faciès à if localisé entre le Mont Serein et la piste forestière menant du col du Comte à Brantes, au pied des escarpements des combes de l’Ortie et du Pétard. La présence relictuelle de nombreux arbres « candélabres » est l’ultime témoignage de la forêt qui, il y a plusieurs siècles, devait recouvrir la totalité du massif. Ils n’ont pu se maintenir qu’en raison de la difficulté d’accès du site. Il est à noter que cette zone a été affectée par des reboisements souvent importants de pin noir d’Autriche, de pin sylvestre, de pin à crochets et de mélèze, ce qui n’a pas été sans conséquences au plan écologique. En dehors du fait que ces reboisements sont venus perturber les dynamiques végétales des milieux ouverts, certaines essences (le pin noir en particulier) ont provoqué un appauvrissement notoire de la biodiversité végétale. Toutefois, ces reboisements semblent avoir permis l’évolution actuelle dans le sens d’une progression de la hêtraie sapinière au détriment des formations résineuses pionnières artificielles.
Flore et habitats naturelsCet ensemble est occupé presque entièrement par les hêtraies mésophiles et hêtraies sapinières, formations forestières très proches de l’équilibre climacique, ce qui est tout à fait remarquable en région méditerranéenne où ces dernières sont fort peu représentées. Si elles sont bien développées par exemple dans les Alpes du Nord, elles se retrouvent ici en limite méridionale de leur aire de répartition. Le cortège floristique qui les accompagne comporte des espèces qui ne se retrouvent pratiquement plus vers le sud. Tel est le cas d’Androsace chaixii (androsace de Chaix), endémique provenço dauphinoise en limite d’aire occidentale au mont Ventoux où ses populations sont très réduites (aux Serres Gros et près de la Peguière). Par place, on rencontre même les dernières populations d’Aquilegia reuteri (ancolie de Bertoloni). Ces formations forestières sont régulièrement entrecoupées par des couloirs d’éboulis qui permettent à des espèces de la partie sommitale de se retrouver à des altitudes très basses. C’est le cas de la Grave Faouletière qui héberge encore, vers 1400 1500 m, Galium saxosum (gaillet des rochers), Heracleum pumilum (berce naine), Paronychia kapela subsp. serpyllifolia (paronyque imbriquée, de Provence) ou encore de la haute combe de la Glacière où, à 1600 m d’altitude, Minuartia capillacea (sabline capillaire) se maintient toujours. Dans les très nombreux sites rupestres, et tout particulièrement aux Serres Gros, la formation à Potentilla caulescens (potentille caulescente) est très bien représentée.
FauneCette hêtraie mixte présente un intérêt faunistique biologique marqué avec 30 espèces patrimoniales dont huit sont déterminantes.
Chez les mammifères, citons la présence du Cerf élaphe.
L’avifaune nicheuse locale est de nette affinité médio européenne, et même nordique, et montagnarde. Elle héberge notamment l’un des couples reproducteurs d’Aigle royal de ce département, l’Autour des palombes et la Chouette de Tengmalm, nicheuse possible. Parmi les autres espèces de nicheurs, citons, le Pic noir, le Venturon montagnard et le Tarin des aulnes.
Les reptiles remarquables sont représentés par la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.
La faune entomologique est représentées par de nombreux coléoptères patrimoniaux, Ropalopus ungaricus gallicus, espèce déterminante de Cerambycidae, rare, inféodée aux érables, plus rarement aux aulnes et aux frênes, présente en France presque exclusivement en région PACA, la Rhagie ermite (Rhamnusium bicolor), espèce déterminante de Cerambycidae vivant dans le bois mort des cavités d'arbres vivants, répandue en Europe mais à distribution discontinue et devenue très rare suite à la fragmentation de son habitat, la Callidie bronzée (Callidium aeneum), espèce remarquable de Cerambycidae eurasiatique boréo-alpine liée aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où elle n'est jamais abondante, le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce remarquable de Cerambycidae aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence, l’Athous frigide (Athous frigidus), espèce déterminante d’Elatéridae, endémique franco italienne ici en limite d’aire, uniquement présente en région PACA en France, liée aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux, le taupin Ampedus melanurus, espèce remarquable, hôte des forêts montagnardes de l’Europe centrale et méridionale, citée en France des Alpes, de l’Ain, du Massif central et surtout des Pyrénées, le silphide Nicrophorus investigator, espèce remarquable nécrophage à distribution paléarctique mais localisée dans les zones de basse altitude, où elle a généralement subi une régression significative, le ténébrion Nalassus harpaloides, espèce remarquable d’affinité montagnarde.
Les peuplements de lépidoptères, en particulier les papillons de jour, sont très diversifiés et de fort intérêt, citons le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), le Moiré des pierriers (Erebia scipio), espèce remarquable, endémique franco italienne des Alpes occidentales, qui fréquente les éboulis calcaires où croît sa plante hôte l’avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense), l’Hermite (Chazara briseis), espèce remarquable en forte régression, liée aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante et protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce remarquable à aire de distribution morcelée, inféodé aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude, la Zygène des gesses (Zygaena nevadensis), espèce remarquable et peu commune d’hétérocère diurne dont la sous espèce gallica est endémique de Provence et des Préalpes occidentales françaises, et l’Ecaille deuil (Phragmatobia luctifera = P. cesarae), espèce remarquable d’hétérocère nocturne d’affinité eurasiatique, protégée en France, qui affectionne les garrigues, bois clairs et prairies, dont la chenille se nourrit de diverses plantes basses.
Enfin chez les orthoptères, citons le Sténobothre cliqueteur (Stenobothrus grammicus), espèce déterminante ibéro provençale distribuée en populations dispersées, typique des milieux sec, arides et pierreux de l'étage montagnard méditerranéen et l'Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), espèce remarquable de criquet à mobilité réduite, endémique de Provence, qui peuple les pelouses sur les plateaux calcaires et garrigues ouvertes.
Répartition et agencement des habitats : les formations forestières (hêtraie-sapinière, pinède...) occupent, avec quelques habitats rupestres ou rupicoles, la totalité de cette zone située entièrement dans l’étage montagnard, ce qui permet de définir les contours de cette ZNIEFF.
La climatologie ainsi que les contraintes du milieu physique confortent la définition du pourtour de la zone. Celle-ci s’arrête vers le haut, dès que les formations forestières ne sont plus représentées, et vers le bas, dès que l’on pénètre dans l’étage supraméditerranéen.
Tout le secteur de la station de ski du Mont Serein est situé en dehors de la zone, en raison de l’artificialisation du site.
Les prairies du Mont Serein sont exclues de cette zone car elles font l’objet d’une ZNIEFF à part entière.