ZNIEFF 930012450
MONTAGNE SAINTE-VICTOIRE - PLATEAU DU CENGLE ET DES BRÉGUIÈRES - LE DEVANÇON

(n° regional: 13118100)

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Description de la zone

Le massif de Sainte Victoire est un haut lieu provençal, ses sites cézanniens sont connus dans le monde entier. C'est un pli anticlinal orienté est ouest qui dresse sur 10 km de longueur sa ligne de crête haute d'environ 1000 m. Son flanc nord s'abaisse rapidement jusqu'à la vallée de l'Infernet (400 m, environ de Vauvenargues) alors que son flanc sud correspond à une impressionnante falaise subverticale qui domine le plateau du Cengle de près de 500 m. Ce plateau est lui-même limité par une barre calcaire continue qui domine les marnes rouges donnant accès à la vallée de l'Arc. La végétation forestière est surtout développée à l'est du massif, plus humide. La chênaie verte et ses termes de dégradation se rencontrent sur le Cengle, le flanc sud de la Sainte Victoire, et le centre et l'ouest du flanc nord. La chênaie pubescente est surtout développée dans la partie orientale du versant nord. Les garrigues à Chêne kermès ou à Romarin ainsi que les lavandaies occupent des surfaces importantes. Localement, à la faveur d'affleurements siliceux, une végétation de maquis se développe, comme sur le plateau de Bréguières. Les barres du Cengle comme les falaises des versants sud et nord de la Sainte Victoire portent les formations habituelles aux falaises provençales. Plusieurs gisements d'œufs de dinosauriens sont connus en périphérie du massif, et la coupe de Vauvenargues présente un intérêt stratigraphique, paléontologique, sédimentologique et paléogéographique.

Flore et habitats naturels

Les altitudes relativement élevées rencontrées sur la Sainte Victoire, permettent de mettre en évidence un étagement de la végétation. Les limites des étages de végétation ne sont pas horizontales, elles gagnent progressivement de hauteur de l'E, plus arrosé, à l'W, plus sec.

Les landes sommitales à genêt de Lobel (Genista lobelii) sont riches, avec notamment le chou étalé (Brassica repanda subsp. saxatilis) et la Jurinée humble (Jurinea humilis) et parfois le Leucanthème à feuilles de graminée (Lomelosia graminifolia). Cette dernière espèce se retrouve aussi au sein de l'association des vires du flanc nord à Seslèrie (Sesleria caerulea) et Fritillaire à involucre (Fritillaria involucrata). Les associations rupestres sont particulièrement développées, avec, sur toutes les falaises du versant nord et dans la partie supérieure du flanc sud, la formation à Doradille des fontaines alors que sur le versant sud, jusqu'à 700 m à l'est et 800 m à l'ouest de la chaîne, se développe l'association à Doradille de Pétrarque (Asplenium petrarchae). C'est dans cette dernière formation que le Gaillet sétacé (Gallium setaceum) a été autrefois cité en aval du barrage Zola et dans les gorges de l'Infernet. La formation des éboulis calcaires provençaux, si répandue sur les reliefs littoraux, existe, fragmentaire, au nord de Puyloubier mais sans la Sabline de Provence (Arenaria provincialis). Celle-ci a pourtant été citée autrefois, sous le Pic des Mouches.

Les vieilles chênaies blanches d'Ubac sont particulièrement riches sous l'Abri de Dieu, avec de nombreuses espèces laurifoliées comme le Houx (Ilex quifolium) ou l'If (Taxus baccata), des espèces de la hêtraie comme le Millet scabre (à retrouver), et une diversité particulière des espèces qui constituent la strate arbustive mineure de l'écosystème.

Des milieux temporairement humides à inondés l'hiver se rencontrent en particulier sur le plateau du Cengle ainsi que le plateau de Bréguières. Le Polygale grêle (Polygala exilis) a été cité du secteur de Beaurecueil, et se rencontre toujours à Bréguières. Dans une dépression inondable du Cengle, l'Etoile d'eau a été trouvée en 1968et s'y maintient. C'est une plante qui ne se manifeste pas tous les ans, et elle reste donc potentielle dans ce type d'habitats ailleurs sur le plateau du Cengle. La Salicaire à trois bractées l’accompagne dans la même dépression, et elle existe aussi dans les jachères inondables de « l’Etang ».

En périphérie du massif, au Tholonet, se rencontrent quelques parcelles de vignes qui hébergent la Tulipe Œil de Soleil.

Faune

La montagne Sainte-Victoire possède un cortège faunistique d’un grand intérêt, riche en espèces rares, menacées et localisées en Provence et dans les Bouches-du-Rhône. La ZNIEFF accueille plus d’une cinquantaine d’espèces d’intérêt patrimonial dont 18 sont déterminantes.

Du côté des mammifères, signalons l’observation du Loup (Canis lupus), carnivore forestier déterminant aujourd’hui en expansion mais présent avec de faibles effectifs et de la Genette (Genetta genetta), espèce remarquable de carnivores viverridés aux mœurs nocturnes, habitant les milieux forestiers ainsi que plusieurs espèces de chauve-souris, comme le Minioptères (Miniopterus schreibersii) ou le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum).

Du côté des oiseaux, les espèces des milieux rupestres sont particulièrement représentées : Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), Aigle de Bonelli (Aquila fasciata), Grand-Duc d’Europe (Bubo bubo), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Monticole bleu (Monticola solitarius), Bruant fou (Emberiza cia). L’avifaune méditerranéenne de garrigues et de milieux ouverts comprend toute une série d’espèces intéressantes telles que le Petit Duc scops (Otus scops), Huppe fasciée (Upupa epops), Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus), la Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), la Fauvette orphée (Sylvia hortensis), l’Hirondelle rousseline (Cecropis daurica), l’Alouette lulu (Lullula arborea).

Les reptiles sont représentés par plusieurs espèces remarquables : le Psammodrome d'Edwards (Psammodromus edwarsianus), espèce ouest méditerranéenne, affectionnant les milieux ouverts secs espèce déterminante vulnérable, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.

L’entomofaune locale renferme quant à elle plusieurs espèces déterminantes qui sont le Criquet hérisson (Prionotropis hystrix azami), espèce protégée d’orthoptère endémique des plateaux calcaires de Provence et l’Hespérie de la ballote (Carcharodus baeticus), lépidoptère en régression et localisé aux friches et pelouses pâturées où croît sa plante hôte principale le Marrube commun (Marrubium vulgare), le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus dolus), lépidoptère dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp), l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), papillons de jour d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), le Marbré de Lusitanie (Euchloe tagis bellezina), espèce très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), la Punaise Pscasta tuberculata, Pentatomidés circum-méditerranéenne assez commune en Provence, vivant sur les tiges de Vipérines, la Punaise Lasiacantha histricula, espèce d’Hémiptères Tingidés et l'Ephémère Habrophlebia eldae, espèce déterminante de la famille des Leptophlebiidae.

Une dizaine d’espèce remarquable complète le cortège d’insectes d’intérêt patrimonial. Citons le Fourmilion géant (Palpares libelluloides), l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), odonate protégé qui peuple les ruisseaux et canaux, l’Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), criquet endémique de Provence, le Criquet des Ajoncs (Chorthippus binotatus binotatus), espèce remarquable rare et localisée, qui peuple les garrigues et friches sèches couvertes de genêts ou d'ajoncs dont  elle se nourrit et de nombreux lépidoptères diurnes méditerranéens, soit la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris) l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), l’Hespérie de l’Herbe au vent (Sloperia proto), la Proserpine (Zerynthia rumina), la Thècle du frêne (Laesopis roboris), l’Azuré du baguenaudier (Iolana iolas), le Louvet (Hyponephele lupina). S’ajoute enfin la Thècle de l’orme (Satyrium w album), seul lépidoptère d’intérêt patrimonial non méditerranéen.

Enfin, du côté des mollusques, citons la présence du Maillot de la Sainte-Baume (Granaria stabilei anceyi), sous-espèce déterminante et endémique localisée sur les massifs de la Sainte-Victoire et de la Sainte-Baume et aux alentours du Mont Aurélien où elle fréquente les falaises et autres rocailles calcaires au niveau des crêtes bien exposées et de la Fausse-veloutée des vallées (Urticicola glabellus), escargot remarquable à répartition limitée cantonné au sud-est de France, de la Savoie aux Alpes-Maritimes.

Comments on the delimitation

Délimitation fondées sur la topographie du massif, évitant les zones trop artificialisées de la périphérie d'Aix et limitées au nord par la ZNIEFF du Massif de Concors et à l’est par celle de la Gardiole.