ZNIEFF 930012586
PLAINE DE LA SIAGNE

(n° régional : 06102100)

Commentaires généraux

Description de la zone
Cette plaine alluviale constitue un ensemble varié de différents milieux humides, palustres, ouverts, cultivés et forestiers : des roselières aux ripisylves, des prairies humides aux canaux, des rivières et des ruisseaux aux gravières, des friches aux marais, des vasières aux cultures. Les formations riveraines ligneuses correspondent à des ripisylves de la série du Peuplier blanc. Cette succession d’écosystèmes remarquables, peu répandue à l’échelle du département des Alpes Maritimes, présente ainsi un réel intérêt pour la faune, en particulier pour l’avifaune et les invertébrés. Les agrosystèmes comprennent essentiellement des vignes, des vergers de fruitiers, des potagers, des jardins, et des cultures maraîchères de plein champ. La basse vallée de la Siagne présente une morphologie en toit et un lit majeur dissymétrique car le cours d’eau a été très aménagé et dévié de son cours originel. Fleuve côtier long de 44 km, la Siagne prend sa source à 630 m d’altitude sur la commune d’Escragnolles, au pied des massifs de l’Audibergue et du Thiey. Cours d’eau en débit réservé dans sa partie aval, la Siagne présente des écoulements moyens et des étiages assez soutenus, ce qui est dû à l’alimentation karstique sur le haut bassin qui joue le rôle de réservoir. Dans sa basse vallée, la pente moyenne de la Siagne est de 0,9 %. La superficie totale de son bassin versant est de 520 km2. La Siagne présente des eaux alcalines (leur pH allant de 7,6 à 9), plutôt fraîches, nettement minéralisées et bien oxygénées, riches en sulfates (SO42 ) – ce qui s’explique par la traversée des couches de gypse triasique   en calcium (Ca2+) et en bicarbonates. La faible quantité de matières en suspension (MES) explique la clarté de l’eau et la qualité esthétique de la rivière. La qualité des eaux de la basse Siagne est malgré tout dégradée du fait des rejets agricoles ponctuels et surtout des rejets provenant de diverses stations d’épuration. Un impact certain de pollution organique est ainsi noté, se traduisant par des concentrations importantes en sels d’azote et en phosphore (eutrophication). De plus, vers l’aval, son affluent, la Mourachonne, est un cours d’eau extrêmement dégradé qui reçoit les effluents de la station d’épuration de Grasse et apporte à la Siagne des eaux de très mauvaise qualité (classée HC ou 3). La qualité physico chimique des eaux de la basse vallée de la Siagne est en conséquence globalement moyenne (classée 2), localement assez bonne après auto épuration (classée 1B). Sur le plan hydrobiologique, les indices IBGN sont de qualité très moyenne à tout juste satisfaisante. Les phénomènes érosifs sur les rives de la Siagne sont dans l’ensemble limités, excepté localement sur son extrémité aval (phénomène d’ensablement). Les dépôts de tuf, favorisés par les importants prélèvements d’eau effectués sur tout le cours de la Siagne pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable, conduisent généralement à une homogénéisation du milieu mais sans que ce facteur altère cependant de manière fondamentale la diversité biologique aquatique. Ces concrétionnements importants des fonds, dûs au substrat calcaire, sont encore accentués par la diminution artificielle des débits due aux nombreux aménagements hydro électriques et d’alimentation en eau potable, qui modifient considérablement le régime naturel du cours d’eau. En définitive, ce secteur subit globalement une forte pression anthropique et la Siagne aval ne peut malheureusement plus être considérée comme un cours d’eau « naturel ».

Flore et habitats naturels
Dans les prairies humides se trouvent quelques espèces rares telles que la Bellevalia de Rome (Bellevalia romana) et l'Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora). On y retrouve également d’autres espèces déterminantes dans les différents milieux humides, maintenant en situation très relictuelles, comme le Pigamon méditerranéen (Thalictrum lucidum), la Consoude bulbeuse (Symphytum bulbosum), la Renoncule veloutée (Ranunculus velutinus) et la Renoncule laineuse (Ranunculus lanuginosus) ou encore le Millepertuis Androsème (Hypericum androsaeum) ou encore la Scolopendre (Asplenium scolopendrium). La présence de la Renoncule à feuille d’Ophioglosse (Ranunculus ophioglossifolius) n’a pas été confirmée récemment.

Faune
La plaine de la Siagne dispose d’un patrimoine faunistique intéressant puisque 18 espèces animales d’intérêt patrimonial dont quatre espèces déterminantes ont été inventoriées.
L’avifaune y est assez riche et diversifiée, que ce soit en période de nidification, en hivernage ou lors des migrations. Les espèces locales d’oiseaux nicheurs et estivants comprennent notamment le Blongios nain (Ixobrychus minutus), espèce paludicole déterminante liée aux phragmitaies, devenue rare et localisée en France et en région P.A.C.A. du fait de la régression marquée de ses effectifs reproducteurs, nicheur possible sur le site, et plusieurs espèces remarquables comme le Petit Gravelot (Charadrius dubius), espèce plutôt localisée en région P.A.C.A. et liée au milieu aquatique (cours d’eau), nicheur possible ici, la Chouette chevêche (Athene noctua), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en déclin général, présente jusqu’à 1 100 m d’altitude, le Petit duc scops (Otus scops), espèce de nette affinité méridionale, encore assez fréquente mais en diminution sensible, présent jusqu’à 1 800 m d’altitude, la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), espèce peu fréquente liée au milieu aquatique, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, le Bruant proyer (Emberiza calandra), espèce de milieux ouverts, encore assez fréquente de nos jours mais en régression. Le Héron crabier (Ardeola ralloides) et le Héron pourpré (Ardea purpurea) y sont également ponctuellement observés lors de leurs déplacements.
Les poissons d’eau douce, ils sont représentés par l’Anguille d’Europe (Anguilla aguilla), une espèce déterminante, accompagnée de deux espèces remarquables, le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers mais on y trouve également et le Blageon (Telestes souffia), espèce grégaire des cours d’eau à fonds graveleux.
Les arthropodes patrimoniaux sont répartis en plusieurs cortèges.
Citons l'iule Dolichoiulus tongiorgii, espèce déterminante halophile se rencontrant sur les plages, endémique franco italienne en limite d’aire, localisée en France aux Alpes Maritimes et aux Bouches du Rhône, Echinogammarus pungens, espèce remarquable de Crustacés Amphipodes Gammaridés, peu fréquente et localisée en région P.A.C.A. à l’embouchure de quelques fleuves et rivières des Alpes Maritimes, du Var et des Bouches du Rhône (Var, Siagne, Argens, Touloubre, Rhône).
Concernant les insectes, signalons la présence de trois coléoptères déterminants : l’Ogre à grosse tête (Broscus cephalotes), Carabidés fouisseure et psammophile, lié aux terrains sablonneux arides, dunes et sablières, surtout à proximité de la mer, mais aussi dans l’intérieur des terres jusqu’à 750 m d’altitude, localisée en région P.A.C.A. aux Hautes Alpes et aux Alpes Maritimes, le staphylin Entomoculia siagnensis espèce endémique de Provence, où elle se localise dans les sols chauds et assez secs, souvent au pied des arbres contre les souches et Agriotes brevis, Elatéridés Agriotinés, d’affinité méridionale, inféodée aux milieux ouverts et très sensible aux pesticides et à la colonisation des prairies par les ligneux.
Un orthoptère déterminant a également été inventorié sur ce site : le Grillon des jonchères (Trigonidium cicindeloides), espèce d'affinité thermo-méditerranéenne, très localisée en France à certaines prairies humides et lisières de ripisylves sur le littoral, de Marseille aux Alpes-Maritimes.
Enfin, plusieurs odonates sont présentes dans cette zones : le Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce remarquable ouest méditerranéenne, inféodée aux rivières à eaux claires, l’Agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens), espèce méditerranéenne déterminante liée aux eaux courantes claires et ensoleillées, globalement rare, localisée et menacée en France, l'Agrion joli (Coenagrion pulchellum), espèce remarquable d'odonates inféodée à divers milieux stagnants, en régression marquée en région PACA et la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce remarquable d’odonates, protégée au niveau européen, d’affinité ouest méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe au niveau du chevelu racinaire des arbres bordant les cours d’eau de plaine et certains lacs bordés par la ripisylve.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF englobe l'écosystème rivulaire et les habitats qui lui sont associés (prairies, ripisylves résiduelles). Les zones les plus artificialisées ont été exclues, à l’exception de quelques prairies entretenues par l’aéroport de Cannes-Mandelieu qui bénéficient d’un suivi régulier des orthoptères.