"Habitats, fauna, flora" directive site
Reference database: Juillet 2024
Annual update of the list SCI - publication in the OJ EU : 02/02/2024 (from the database: 02/02/2024).
Type : B (pSIC/SIC/ZSC)
Site code : FR8201697
Compilation : 31/12/1995
Updated : 17/09/2013
Site name : Grotte à chauves-souris de Baume Sourde
Designation dates :
Habitat classes | Cover |
---|---|
Forêts caducifoliées | 57% |
Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana | 18% |
Autres terres arables | 11% |
Pelouses sèches, Steppes | 8% |
Forêts de résineux | 5% |
Autres terres (incluant les Zones urbanisées et industrielles, Routes, Décharges, Mines) | 1% |
Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente | 0% |
Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées | 0% |
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) | 0% |
Zones de plantations d'arbres (incluant les Vergers, Vignes, Dehesas) | 0% |
Creusée sous la colline du Grand Quinson (Diois - Drôme) par l'action récurrente de la tectonique et de la dissolution du calcaire par l'eau, la grotte de Baume Sourde est une vaste cavité qui présente un développement souterrain total d'environ 300 m. Trois entrées donnent accès à la cavité dont deux sont naturelles. La troisième, située en bordure du sentier qui longe le Roubion, est un tunnel creusé par la main de l'Homme. Percé vers 1850, ce tunnel aurait servi à exploiter le guano des chauves-souris et les phosphates accumulés dans la grotte (in CHOPPY 1963).
La grotte naturelle de Baume Sourde est située dans le Diois (Drôme), sur la commune de Francillon-sur-Roubion. L'entrée de la cavité se trouve le long du sentier pédestre qui longe le Roubion, au pied de la colline du Grand Quinson, à 310 m d'altitude. Les terrains environnant la cavité sont variés, alternant des zones forestières (forêts du Grand et du Petit Quinson), des landes sub-méditerranéennes (landes à genêt cendré et genévriers, pelouses sèches), des zones de cultures ainsi que des forêts riveraines (ripisylve du Roubion). Cette grotte est connue des chiroptérologues depuis plus de 20 ans comme le plus important gîte d'hivernage de Rhône-Alpes pour plusieurs espèces de chauves-souris (et notamment du Minioptère de Schreibers). Le suivi annuel du site en période hivernale depuis 1978 a mis en évidence le considérable intérêt de la grotte, tant vis-à-vis des espèces et des effectifs observés que de la régularité de sa fréquentation. Sa localisation à basse altitude (310 m) contribue au maintien d'une température hivernale douce et sans variation brutale. La présence de la rivière souterraine dans le réseau inférieur concourt à la stabilité d'un taux d'hygrométrie saturé. La configuration complexe du réseau et la hauteur des plafonds assurent une importante diversité de sites de suspension pour les animaux, ainsi qu'une sécurité accrue par rapport aux éventuels prédateurs. Les espèces de Chiroptères d’intérêt communautaire présentes sur le site « Grotte à chauves-souris de Baume Sourde » sont au nombre de huit. Parmi elles, trois hivernent de manière régulière sur le site (Grand rhinolophe, Petit rhinolophe et Minioptère de Schreibers). Les autres espèces sont connues soit par observations d’individus en transit ou en estivage dans la cavité, soit par contacts d’individus en chasse. Les effectifs réels de ces espèces sont difficiles à estimer et leur reproduction est possible sur le site ou en périphérie, compte tenu de la régularité des contacts et des milieux favorables présents. La grotte abrite une population dense et abondante de Minioptère de Schreibers, ici en limite de son aire de répartition. Il s'agit du site d'hivernage le plus important de la région Rhône-Alpes pour cette espèce, avec des effectifs de l'ordre de 5000 à 13000 individus. Les effectifs de Minioptères ont fortement chuté en 2002, comme partout en France (probablement par suite de maladie). On assiste à une ré-augmentation progressive des populations. Le Minioptère ne se reproduit pas dans cette grotte, peut-être du fait d'un dérangement trop fréquent (randonneurs..) ou de la faiblesse des ressources en nourriture à proximité ou à cause des conditions intrinsèques au gîte (température, humidité) non adaptées en période estivale. Les hivernants vont très probablement se reproduire dans des cavités voisines comme la grotte des Sadoux (site Natura 2000 FR8201690) et le tunnel de drainage du château de la Borie (site Natura 2000 " Sables du Tricastin " FR8201676). Le Minioptère de Schreibers fait l’objet de préoccupations majeures (« vulnérable » au niveau national et « en danger » au niveau régional) du fait du faible nombre de sites occupés en France. Chaque site de reproduction ou d’hibernation rassemble généralement une part importante de la population nationale. Ainsi, la colonie d’hivernage de la grotte de Baume Sourde représente au moins 10 % de la population nationale. Le Petit et le Grand Rhinolophe sont également notés chaque hiver dans la grotte de Baume Sourde avec des effectifs pouvant atteindre la trentaine ou cinquantaine d'individus. Ces populations sont remarquables, puisque les rassemblements hivernaux de plus de 25 individus sont rares en Rhône-Alpes pour ces deux espèces. L’état de conservation des trois espèces hivernant régulièrement en nombre dans la cavité (espèces 1310, 1303 et 1304) peut être considéré comme modérément défavorable sur le site de la grotte de Baume Sourde. La fluctuation des effectifs ou de leur statut à l’échelle biogéographique explique ce statut, malgré la protection physique de leur gîte. Cependant la disponibilité en terrains de chasse favorables sur un périmètre cohérent avec leurs exigences écologiques demeure inconnue. Cette disponibilité est essentielle pour l’avenir de ces espèces. Pour les autres Chiroptères d’intérêt communautaire contactés sur le site, un manque de connaissance certain limite l’évaluation de leur état de conservation. Pour les Rhinolophes, , la tendance globale y compris localement est une diminution du nombre de gîtes du fait de la restauration du bâti ou sa désaffection entraînant sa dégradation et sa disparition (ruines des bâtiments les plus anciens). L’état de conservation à l’échelle biogéographique est pour toutes les espèces « défavorable mauvais », sauf pour le Murin à oreilles échancrées (défavorable inadéquat) et le Murin de Bechstein (inconnu). Dans un cadre plus large, les listes rouges nationale et régionale donnent des statuts de conservation assez préoccupants pour la plupart de ces espèces. Huit autres espèces de chiroptères (figurant à l'annexe IV de la directive Habitats, ainsi que sur le Livre Rouge national) fréquentent également ce site. Les deux espèces de Murins (de Natterer et de Daubenton) sont notées de manière régulière, en petit nombre, dans la grotte elle-même, surtout en période de transit. Les autres espèces ont été contactées sur les terrains de chasse qu'elles exploitent à proximité de la grotte. L'intérêt remarquable de la grotte de Baume Sourde a été reconnu par son inscription à l'inventaire des Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF de type 1) ainsi qu'à l'inventaire départemental des Espaces Naturels Sensibles (ENS).
Les Chiroptères sont des espèces animales globalement sensibles à tous types de perturbation surtout pendant les périodes d'hivernage et de reproduction ; mais la période hivernale, du fait de l'état de léthargie dans lequel se trouvent les animaux, accentue encore cette particularité biologique. La vulnérabilité des animaux est d'autant plus accrue lorsque ceux-ci sont directement suspendus aux parois ou aux plafonds de la cavité, comme c'est le cas des Minioptères et des Rhinolophes. Le fait d'être suspendus en pleine vue les expose d'une part aux dérangements directs (lumière, fumée, bruit) et d'autre part accentue la probabilité de destruction volontaire (vandalisme). Par ailleurs, les Minioptères se tenant en essaim, chaque dérangement touche l'ensemble de la population et par conséquent a un impact négatif d'autant plus important. Les animaux encastrés (Murins) sont quant à eux moins soumis au dérangement direct. Toutefois, un grand nombre de visiteurs ou la propagation de fumée (torche ou feu) peuvent les sortir de leur léthargie au même titre que les autres espèces. L'absence de reproduction dans la grotte de Baume Sourde est peut-être due à un dérangement trop fréquent en période estivale. La pose de grille à l'entrée de la grotte ne pouvant être envisagée à cause de la fréquentation de celle-ci par le Minioptère de Schreibers, un système de " protection " plus adapté à cette espèce (de type " douve ") a été mis en place pour limiter la pénétration du public dans la cavité. La réduction de la ressource alimentaire est étroitement dépendante de la fermeture des milieux et de l'usage de pesticides en milieu agricole.