41.1 - Forêts marécageuses et marécages boisés

Catalogue des habitats forestiers de Guyane (Guitet et al., 2015)

Description et situation dans le paysage

Les forêts marécageuses et marécages boisés se rencontrent sur l’ensemble du territoire. Elles se développent en présence d’une nappe d’eau permanente à moins d’un mètre de profondeur (y compris en saison sèche). Ces situations se rencontrent en général sur les terrains situés à moins de deux mètres au-dessus du niveau de circulation des cours d’eau (rivières, criques, talwegs humides).

Sur les terres basses de la plaine côtière, les forêts marécageuses sont fréquentes et couvrent près de la moitié de la surface forestière. À l’intérieur des terres, les forêts ripicoles, de bas-fonds et de talwegs humides (41.11) sont minoritaires au sein des paysages mais constituent la majorité du type générique (95% en surface). Elles s’organisent en un réseau ramifié étroitement imbriqué dans les forêts de terre ferme. La transition avec la terre ferme est rarement franche, mais s’opère plus fréquemment de façon graduelle en lien avec la diminution progressive de l’intensité de l’hydromorphie. Ces forêts de transition (écotones à faciès humide) sont cartographiées à part mais peuvent aussi être considérées comme des forêts de terre ferme à faciès humide.

Conditions stationnelles

Sols dominants : gleysols

Les contraintes d’engorgement sont évidemment fortes dans ce milieu ce qui sélectionne les espèces végétales les mieux adaptées ou les plus plastiques. Dans les stations les plus engorgées, seules les espèces développant des pneumatophores ou d’autres stratégies de respiration racinaire peuvent se développer et constituent des formations dominantes voire mono-dominantes. Dans ces sols constamment humides le fer est réduit, solubilisé et mobilisé par les eaux circulantes. Cette perte du fer entraîne la décoloration des sols et favorise le départ des argiles, du carbone et de l’azote. Cependant, elle libère aussi le phosphore, qui devient disponible et plus facilement assimilable par les végétaux.

Structure et physionomie forestière

Les forêts marécageuses sont généralement plus basses que les forêts de terre ferme ce qui s’explique par un enracinement superficiel des arbres. Elles sont aussi plus ouvertes du fait d’une dynamique rapide (chablis plus fréquents). En conséquence, surface terrière et biomasse sont significativement plus faibles (G = 16 à 20 m²/ha – AGB <300 t/ha). Les grands arbres sont plus rares mais fréquemment monumentaux, surplombant un sous-bois clair où les palmiers abondent, avec en premier lieu le pinot (Euterpe oleracea), mais aussi le palmier-bâche (Mauritia flexuosa), et dans l’est guyanais le toulouri (Manicaria saccifera). On estime que 5% des forêts marécageuses ont été plus ou moins perturbées au cours des 50 dernières années dont 1,2% très lourdement impactées par l’activité minière et 3,8% faiblement impactées par l’exploitation forestière qui ne fait souvent que traverser ces forêts moins riches, aux sols difficiles.

Composition taxonomique

Essences forestières : Le cortège floristique est moins diversifié sous l’effet de l’engorgement. Les wapas (Eperua falcata et Eperua rubiginosa), le watampana (Macrolobium bifolium), le yayamadou marécage (Virola surinamensis), le moutouchi marécage (Pterocarpus officinalis) sont plus abondants, de même que le bouchi kassou (Anacardium spruceanum) et bon nombre de mahos rouges et melis (Lecythis spp.). Parmi les arbres monumentaux le sablier (Hura crepitans) et les ficus sont fréquemment rencontrés.

Sous-bois : De nombreuses espèces de sous-bois sont inféodées aux forêts marécageuses. La végétation y est dominée par les monocotylédones notamment les Araceae, les Cyclanthaceae, les Marantaceae, les Rapateaceae et les petits palmiers (ex : Bactris pliniana, Geonoma baculifera, Geonoma oldemanii). Certaines espèces de ptéridophytes sont également inféodées à ce milieu (ex : Cyathea macrocarpa). Les forêts marécageuses sont également colonisées par d’autres espèces plus opportunistes que l’on peut aussi retrouver sur des sols mieux drainés. Les épiphytes et hémi-épiphytes basses y sont souvent plus abondantes que dans les forêts sur sol drainé (ex : Philodendron spp). De nombreuses espèces de monocotylédones forment souvent de grandes plages de population à fort recouvrement.

Enjeux de biodiversité

Moyen

Enjeux de production de bois

Faible (potentiel et exploitabilité)

Enjeux biomasse et carbone

Moyen

Enjeux de protection des sols et des paysages

Fort (érosion des berges)

Fréquence du type forestier

9%

Protection du type forestier

28%

Intégration dans les ZNIEFF de type 1

5%

Intégration dans les ZNIEFF de type 2

28%

Bibliographie

 Guitet S., Brunaux O., de Granville J. J., Gonzalez S. & Richard-Hansen C., 2015. Catalogue des habitats forestiers de Guyane. DEAL Guyane, 120 p. (Source)