57c-19 - Ranunculo aconitifolii-Abietetum albae (Billy ex Thébaud, C. Roux, C.-E. Bernard & Delcoigne 2014) Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Sapinières hygrophiles à mésohygrophiles des sources et bords de ruisseaux forestiers du montagnard moyen et supérieur. L’eau circule et on n’observe pas la formation de tourbe, même si certaines variantes abritent des sphaignes. Ces sapinières marquent la transition vers les aulnaies-frênaies riveraines du Ranunculo aconitifolii-Alnetum glutinosae Billy ex Le Hénaff & Renaux in Renaux, Le Hénaff & Choisnet 2015 et la composition de leur strate herbacée est d’ailleurs voisine. L’altitude, l’acidité du sol plus élevée et la forte dynamique d’Abies alba aux altitudes élevées expliquent cette transition entre les deux associations. Dans les zones de contact entre les deux, lorsque Fraxinus excelsior et Abies alba sont tous deux présents, c’est probablement le caractère sciaphile d’Abies alba qui le favorise dans les fonds de vallon forestier au détriment de Fraxinus excelsior. Même si la place de ces forêts dans le synsystème aurait pu se justifier dans l’alliance de l’Alnion incanae Pawlowski in Pawlowski, Sokolowski & Wallisch 1928, nous avons préféré les conserver dans le Chaerophyllo hirsuti-Abietion albae pour des raisons physionomiques (structuration par le Sapin pectiné).

Nom cité du syntaxon

Ranunculo aconitifolii-Abietetum albae (Billy ex Thébaud, C. Roux, C.-E. Bernard & Delcoigne 2014, Guide d’identification des végétations du Nord du Massif central : 168) nom. nov. hoc loco.

Synonymes

Syn. syntax. : Blechno spicant-Abietetum albae Billy ex Thébaud, C. Roux, C.-E. Bernard & Delcoigne 2014 nom illeg (art. 31) ; non. Blechno-Abietetum Horvat (1938) 1950 ; syn. nom. : Blechno spicant-Abietetum albae Billy 1997. nom. inval. (art. 3b). Correspond au groupement à Abies alba et Chrysosplenium oppositifolium des monts du Pilat (Choisnet 2003) et à la « sapinière montagnarde des cours d’eau à Fougère femelle et Doronic d’Autriche » (Le Hénaff 2010).

Type nomenclatural

- lectotypus typicum : rel. K 470 tab. XXI p. 297-298 in Billy (1997), typifié par Thébaud et al. (2014).
- holotypus nominis myosotidetosum lamottianae Le Hénaff in Renaux, Le Hénaff & Choisnet 2015 : rel. 413694 tab. 5 p 420-422 in Renaux, Le Hénaff & Choisnet 2015 de Le Hénaff, le 17/09/2009 à Saint-Genest-Malifaux (42), altitude 1 060 m. (Bull. Soc. Bot. Centre-Ouest 45 : 388-389 et tab. 1 p. 407-410).

Physionomie

Peuplements dominés par Abies alba, parfois en mélange avec Betula pendula avec une strate herbacée exubérante dominée par les grands hémicryptophytes à larges feuilles, sauf dans la variante la plus acidiphile où la biomasse herbacée est moins abondante.

Combinaison caractéristique d'espèces

Abies alba, Sorbus aucuparia, Betula alba. Ajuga reptans, Athyrium filix-femina, Blechnum spicant, Carex remota, Chaerophyllum hirsutum, Chrysosplenium oppositifolium, Crepis paludosa, Doronicum austriacum, Dryopteris carthusiana, D. dilatata, Impatiens noli-tangere, Luzula sylvatica, Lysimachia nemorum, Myosotis gr. scorpioides (correspond à M. martini dans la plupart des cas), Oxalis acetosella, Ranunculus aconitifolius, Rubus subsec. hiemales ser. glandulosi, Stellaria alsine, S. nemorum, Sphagnum palustre, S. flexuosum.

Variations

Floristico-synécologiques :
- typicum Billy ex Thébaud, C. Roux, C.-E. Bernard & Delcoigne 2014, des bords de petits cours d’eau du montagnard supérieur. Nappe circulante bien oxygénée, substrat à texture sableuse. Abondance des grands hémicryptophytes des mégaphorbiaies : Ranunculus aconitifolius, Crepis paludosa, Doronicum austriacum, et de Luzula sylvatica. Cette sous-association est souvent liée aux modelés glaciaires qui ont créé des vallons peu encaissés et à pente en long faible. Ainsi elle n’a pas été rencontrée sur le Pilat alors qu’elle est abondante sur le Haut-Livradois et le Haut-Forez. Certains relevés s’enrichissent en taxons des milieux paratourbeux et soulignent la transition vers le Betulo pubescentis-Abietetum albae Lemée ex Thébaud 2008. Elle occupe souvent des surfaces faibles en condition de fond de vallon ;
- myosotidetosum lamottianae Le Hénaff in Renaux, Le Hénaff & Choisnet 2015 (Bull. Soc. Bot. Centre-Ouest 45 : 388-389 et tab. 1 p. 407-410), des zones de replats et de sources en tête de vallon au montagnard. Substrat à texture limono-argileuse à engorgement de surfaces (conditions axphyxiques une partie de l’année). Développement des sphaignes minérotrophiles et abondance des espèces des bas niveaux topographiques : Ajuga reptans, Glyceria fluitans, Myosotis lamottiana, Stellaria nemorum, S. alsine… Les suintements de versant permettent le développement de cette sapinière sur des surfaces beaucoup plus importantes ;
- variante à Adenostyles alliariae, syntaxon présent dans l’aire de l’Adenostylion alliariae Braun-Blanq. 1926, avec Adenostyles alliariae, Lactuca alpina, Senecio cacaliaster, Rumex arifolius…, observée dans les vallées sous le Plomb du Cantal. Les sapinières hygrophiles des sources et ruisseaux de la vallée du Fossat (Haut-Forez), au montagnard moyen et supérieur, pourraient relever de ce groupement.

Synchorologie

Monts Dore, monts du Cantal, Forez, Livradois, Bois-Noirs, Margeride, monts d’Ardèche, Pilat… À rechercher dans le reste du Massif central (massifs du mont Lozère et de l’Aigoual en particulier) dès l’étage montagnard moyen, en situation abyssale dans des vallons forestiers encaissés (situations fréquentes dans le Livradois sur les bords des affluents du Doulon et de la Senouire).

Axes à développer

Les sapinières des massifs du Cantal restent peu étudiées. Une étude approfondie permettrait d’affiner le déterminisme écologique et le statut phytosociologique des différentes variantes mises en évidence. Par ailleurs les bryophytes n’ont pas été notées pour tous les relevés notamment ceux de F. Billy ; la variabilité de la strate bryologique reste donc encore à étudier, notamment pour la sous-association typicum. La transition avec le Lycopodio annotini-Abietetum albae Thébaud 2008 et le Betulo pubescentis-Abietetum albae Lemée ex Thébaud 2008 reste à préciser, ces trois associations étant fréquemment observées en contact. Bien que présent dans un contexte écologique proche de celui du Ranunculo aconitifolii-Abietetum albae (bord de ruisseau), le « Groupement à Phegopteris connectilis et Abies alba » décrit par Choisnet et Mulot (2008 : Catalogue des végétations du Parc naturel régional des monts d’Ardèche : 225 ; 254-255) semble davantage correspondre d’un point de vue floristique à une variation du Poo chaixii-Abietetum albae Renaux, Le Hénaff & Choisnet in Renaux, Le Hénaff & Choisnet 2015. La var. à Adenostyles alliariae reste à étudier. Elle pourrait se rencontrer dans la vallée du Fossat.

Bibliographie

Billy F., 1997 ; Choisnet G. & Mulot P.-E., 2008 ; Choinet G., 2007 ; Le HénaffP.-M., 2010 ; Paradis A.-H., 2014 ; Renaux B., 2011 ; Renaux B., Le HénaffP.-M. & Choisnet G., 2015 ; Thébaud G., Roux C., Bernard C.-E. & Delcoigne A., 2014 ; Thébaud G., 2008.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)