57c-145 - Ulmo glabrae-Aceretum pseudoplatani Issler 1926

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Forêt des étages montagnard supérieur et subalpin (800-1900 m, plus fréquemment entre 1100 m et 1600 m d’altitude), en exposition nord (nord est à nord ouest), sur pentes fortes et instables (éboulis), et soumises à des accumulations et coulées de neige (de la simple accumulation de printemps à la véritable avalanche), entraînant des bris et blessures sur les arbres, ce qui empêche l’installation des espèces climaciques en particulier des conifères (Sapin, Épicéa), ne rejettant pas de souche. Le sol peut être très humide au printemps du fait de l’eau de fonte de la neige, ce qui semble également défavorable au Hêtre. Substrat varié : calcaire, siliceux peu acide voire argile. Sols colluviaux de pente, riches en cailloux et terre fine. Humus de forme peyromull. Strate muscinale assez dispersée, sauf sur les blocs qui peuvent émerger.

Nom cité du syntaxon

Ulmo glabrae-Aceretum pseudoplatani Issler 1926 (Bull. Soc. Hist. Nat. Colmar. XIX : 93-103).

Synonymes

Aceretum pseudoplatani Winteler 1927 nom. superf. (art. 29a), Acereto-Fraxinetum cicerbitetosum alpinae (Beger 1922) Tüxen 1937, Adenostylo-Aceretum Issler 1924 em. Passarge 1968 nom. superf. (art. 29a).

Type nomenclatural

Lectotypus nominis typicum : rel. 2 p 50 à Mittlach à côté de Münstertal (altitude 1000 m) in Issler 1942 (Vegetationskunde der Vogesen) : Strate arborée : Acer pseudoplatanus 4, A. platanoides +, Ulmus glabra 1, Fraxinus excelsior +, Tilia platyphyllos +, Fagus sylvatica +. Strate arbustive : Acer pseudoplatanus +, A. platanoides +, Sorbus aucuparia +, Ribes alpinum +, Ribes petraeum +, Lonicera nigra +, Rubus idaeus +. Strate herbacée : Polystichum aculeatum 1, Lunaria redivida +, Campanula latifolia +, Petasites albus +, Adenostyles alliariae +, Lactuca alpina +, Impatiens noli-tangere 1, Anemone nemorosa 1, Ficaria verna +, Allium ursinum +, Paris quadrifolia +, Arum maculatum +, Polygonatum multiflorum +, Corydalis solida +, C. cava +, Mercurialis perennis +, Viola gr. riviniana +, Primula elatior +, Pulmonaria obscura +, Sanicula europaea +, Carex sylvatica +, millium effusum +, Melica uniflora +, Asplenium scolopendrium +.

Physionomie

Strate arborée constituée d’Érable sycomore accompagné d’Érable plane et d’Orme des montagnes, ainsi que de Tilleul à grandes feuilles ou de Frêne commun. Absence ou présence très discrète des dryades dont le Hêtre, qui sont souvent installées sur les zones les plus stabilisées et abritées. Port des arbres caractéristiques, avec blessures, épiphytes, courbés à la base en « pipe » du fait des de la reptation et des coulées de neige, et présence de cépées naturelles issues du rejet des souches des arbres brisés. Strate arbustive dispersée. Strate herbacée très recouvrante et diversifiée, surtout en fin de printemps, à la floraison.

Combinaison caractéristique d'espèces

Acer pseudoplatanus, Ulmus glabra. Aconitum lycoctonum, A. variegatum, Actaea spicata, Aruncus dioicus, Cardamine pentaphyllos, Lactuca alpina, Lonicera alpigena, Petasites albus, Ranunculus platanifolius, Rumex arifolius, Senecio ovatus, Thalictrum aquilegiifolium, Veratrum album, Viola biflora.

Variations

Floristico-synécologiques :
- typicum, décrit dans les Vosges sur roches cristallines (granites, syénites), volcanique (ignimbrite rhyolitiques, labradorites) ou schisto-gréseuses (grauwackes) (syn. : Ulmo aceretum corydaletosum cavae Oberd. 1967, Ulmo aceretum campanuletosum latifoliae Boudot 1976) ;
- mercurialietosum Clot 1990 (Phytocoenologia 18 (4) : 409-464), différenciée par Corydalis cava, C. solida, Leucojum vernum, Allium ursinum, Arum maculatum, Lunaria redivida, Galium odoratum, Mercurialis perennis, Lathyrus vernus, Polygonatum multiflorum, Aegopodium podagraria, Vicia sepium. Décrite dans les Préalpes du Nord sur calcaire massif, au montagnard supérieur (entre 1200 m et 1500 m d’altitude), en exposition intermédiaire.
Au sein de cette sous-association se distinguent en outre deux variantes :
- var. type à Fraxinus excelsior ;
- var hygroclinophile à Petasites albus, différenciée par Athyrium filix-femina, Petasites albus, Chaerophyllum hirsutum, Millium effusum ;
- adenostyletosum Clot 1990 (Phytocoenologia 18 (4) : 409-464), différenciée par Adenostyles alliaria, Lactuca alpina, Achillea macrophylla, Epilobium alpestre, Polystichum lonchitis, Peucedanum ostruthium, Tozzia alpina, Streptopus amplexifolius, Poa hybrida. Décrite dans les Préalpes occidentales (Clot 1988), sur concavité, à la base du subalpin (1300 m à 1700 m), avec un développement maximal de la strate herbacée (de type mégaphorbiaie), et un couvert arboré très lâche. Au sein de cette sous-association se distinguent en outre deux variantes :
- var. typique sur calcaire à Stellaria nemorum (différenciée par Stellaria nemorum, Viola biflora, Urtica dioica, Milium effusum, Geranium robertianum, Impatiens noli-tangere, Geranium phaeum var lividum) ;
- var. à Sambucus racemosa, sur substrat siliceux, avec en outre Dryopteris dilatata ;
- calamagrostietosum Clot 1990, différenciée par Calamagrostis varia, Melica nutans, Aposeris foetida, Elymus caninus, Ajuga reptans, Dactylorhiza maculata, Hypericum maculatum, Aquilegia atrata. À caractère pionnier, assez ouvert, en exposition intermédiaire, sur substrat marneux (sols mal drainés).
Au sein de cette sous-association se distinguent en outre deux variantes :
- var. à Salix appendiculata, sur couloir très exposé aux avalanches, avec Prunus padus, Laburnum alpinum, Alnus viridis, Salix appendiculata, Sorbus aria, Aruncus dioicus, Silene dioica, Gentiana asclepiadae ;
- var. à Senecio ovatus différenciée par Senecio ovatus, Hieracium prenanthoides, Silene vulgaris, Vicia sepium, Carduus personata, Lathyrus vernus, Bromopsis benekenii, Hordelymus europaeus, Leucanthemum adustum. En condition d’abri plus relatif par rapport aux avalanches.

Synchorologie

Hautes-Vosges, Haut-Jura (Mont d’Or), Alpes (surtout décrite dans les Préalpes), Massif central (Monts du Cantal, notamment vallée du Falgoux et à proximité du Puy Violent, vallée de Chaudefour dans le massif du Sancy).

Remarques

Le premier relevé complet de l’auteur correspondant aux exigences du code ICPN et pouvant servir de lectotype (présence d’Acer pseudoplatanus avec un coefficient au moins égal à 3, et présence d’Ulmus glabra) a été trouvé dans Issler 1942, les relevés de 1926 n’étant pas complet (en particulier, Ulmus glabra est cité dans les autres espèces à la suite du tableau, sans mention des relevés dans lequel il est présent, ni de coefficients d’abondance).

Bibliographie

Boeuf R., 2014 ; Clot F., 1988 ; Clot F., 1990 ; Gégout J.-C. et al., 2008 ; Hartmann F.-K., Jahn G., 1967 ; Issler E., 1922-1926 ; Kuoch R., 1954 ; Moor M., 1952 ; Moor M., 1975b ; Moor M., 1975c ; Noirfalise A., 1960 ; Oberdorfer E., 1957 ; Rameau J.-C., 1996b ; Richard J.-L., 1970 ; Seytre L., Choisnet G., Cloitre F., 2004 ; Thébaud G. et al., 2014.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)