V.1.1.a. - Faciès des vases sableuses à Thenea muricata

Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Facteurs abiotiques

Etage : Bathyal
Nature du substrat : Vase sableuse
Répartition bathymétrique : Entre 200 et 400 m de profondeur
Situation : Mer ouverte, large
Hydrodynamisme : Faible en grande majorité
Salinité : 38
Température : 13 °C
Lumière : Absence de lumière
Régime trophique : Oligotrophe

Caractéristiques stationnelles

Le faciès à Thenea muricata est rencontré, entre 200 et 400 m de profondeur en Méditerranée française, dans l’horizon haut de l’étage bathyal sur des fonds meubles composés de vases sableuses (Carpine, 1970). Durant les campagnes MedSeaCan et CorSeaCan, ce faciès a été retrouvé entre 150 et 455 m de profondeur (Fourt et Goujard, 2012 ; Fourt et al., 2013).
L’hydrodynamisme de la zone doit être modéré pour permettre un envasement suffisant du substrat. En effet, les faisceaux de spicules de Thenea muricata s’ancrent dans le sédiment meuble (Laborel et al., 1961). Durant les campagnes MedSeaCan et CorSeaCan, une abondance maximale de 8 à 15 individus au m² a pu être observée (Fourt et Goujard, 2012 ; Fourt et al., 2013). Laborel et al. (1961) ont rencontré ce faciès entre 200 et 250 m de profondeur sur la rive est du canyon de Cassidaigne. Durant les campagnes MedSeaCan et CorSeaCan, ce faciès a été recensé au niveau du canyon de St Florent (Fourt et al., 2013) et autour de 300 m de profondeur dans le Golfe du Lion (exemple au canyon de Montpellier à 331 m de profondeur et au canyon de Marti) (Fourt et Goujard, 2012). Pendant ces campagnes, Thenea muricata a été observée en plus grande abondance dans les canyons de Corse (environ 100 occurrences) que dans les canyons de France continentale (25 occurrences) (Fourt et Goujard, 2012 ; Fourt et al., 2013).

Variabilité

La variabilité de ce faciès repose sur les différences de substrat qui influence son installation. Les pentes fortes ne sont pas favorables à l’implantation de Thenea muricata (Laborel et al., 1961 ; Fourt M. et Vacelet J. com. pers.).

Dynamique

Thenea muricata est une espèce longévive.

Espèces caractéristiques

Thenea muricata est l’espèce caractéristique de ce faciès.

Espèces associées

Un zoanthaire épibionte, Epizoanthus marioni est fréquemment observé sur Thenea muricata (Picard, 1964). Pendant les campagnes MedSeaCan et CorSeaCan, un zoanthaire épibionte a bien été observé mais n’a pas été prélevé et son identité reste incertaine.
Durant les campagnes MedSeaCan et CorSeaCan, les espèces suivantes ont été observées dans le faciès à Thenea muricata avec un nombre d’occurrences supérieur à 4 : Gadiculus argenteus, Leptometra phalangium, Rhizaxinella sp., Isidella elongata, Pennatula phosphorea, Argentina sphyraena, Helicolenus dactylopterus, Chlorophthalmus agassizi, Scyliorhinus canicula, Kophobelemnon sp ., Galeus melastomus, Merluccius merluccius, Funiculina quadrangularis (Fourt et Goujard, 2012 ; Fourt et al., 2013).
Le spongiaire Polymastia tissieri accompagne parfois T. muricata d’après Pérès et Picard (1964) mais il n’a pas été observé durant les campagnes MedSeaCan et CorSeaCan.

Principaux critères de reconnaissance

Des fonds de vases sableuses avec une présence importante de Thenea muricata.

Habitats associés ou en contact

Biocénose des vases terrigènes côtières (VTC) (IV.1.1.)
Faciès de vase molle à Funiculina quadrangularis et Aporrhais serresianus (V.1.1.c.)
Faciès de la vase compacte à Isidella elongata (V.1.1.d.)
Faciès à Pheronema carpenteri (Syn. Pheronema grayi) (V.1.1.e.)
Faciès à Leptometra phalangium (V.1.1.f.)
Biocénose des sables détritiques bathyaux à Gryphus vitreus (SDB) (V.2.1.)

Confusions possibles

Thenea muricata peut être confondue avec des espèces du genre Rhizaxinella. Cependant, les Rhizaxinella ont un pédoncule bien net et Thenea muricata a de nombreux faisceaux d’ancrage (Vacelet J., com. pers. ; Fourt et Goujard, 2012 ; Fourt et al., 2013).

Répartition géographique

Ce faciès est retrouvé, en Méditerranée française, sur des vases sableuses entre 150 et 455 m de profondeur au niveau des canyons de Bourcart, du petit Rhône, de Montpellier, de Marti, de la Cassidaigne, de Valinco, d’Ajaccio, de Saint-Florent, de Sagone, de Porto et de Cargèse (Fourt et Goujard, 2012 ; Fourt et al., 2013).
Thenea muricata peut être rencontrée également dans l’océan Arctique et dans l’océan Atlantique (Terre Neuve, Golfe de Gascogne, Açores, Norvège (Carpine, 1970)), souvent à des profondeurs supérieures à 400 m.

Structure et fonctions

Comme tous les organismes érigés, Thenea muricata a une fonction structurante pour de nombreux organismes et sert de substrat à certains épibiontes.

Intérêt pour la conservation

Le manque d’études de ce faciès ne permet pas, actuellement, de déterminer l’intérêt de conservation de ce faciès.

Menaces potentielles

Le faciès à Thenea muricata est sensible au chalutage (Fourt et al., 2014).

Tendance évolutive

Thenea muricata a un cycle de vie long et la résilience de ce faciès peut être supérieure à 25 ans. Un retour à ce faciès, après le passage d’un chalut, peut donc être long et difficile voire impossible (La Rivière et al., 2016).

Auteur(s)

Palomba L., Vacelet J., Fourt M., Chevaldonné P., Pérez T.

Date de rédaction

2016

Bibliographie

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