A1-5 - Roches ou blocs mediolittoraux avec fucales en milieu à salinité variable

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat A1-5 Roches ou blocs médiolittoraux avec fucales en milieu à salinité variable a été ajouté dans la version 1 de la typologie sous la codification R06 Roches et blocs intertidaux avec fucales en milieu à salinité variable (Michez et al., 2013). Sept sous-habitats étaient distingués :
- R06.01 Roches et blocs intertidaux en milieu à salinité variable à Pelvetia canaliculata
- R06.02 Roches et blocs intertidaux en milieu à salinité variable à Fucus spiralis
- R06.03 Roches et blocs intertidaux en milieu à salinité variable à Fucus vesiculosus
- R06.04 Roches et blocs intertidaux en milieu à salinité variable à Ascophyllum nodosum et Fucus vesiculosus
- R06.05 Roches et blocs intertidaux en milieu à salinité variable à Ascophyllum nodosum
- R06.06 Roches et blocs intertidaux en milieu à salinité variable à Fucus serratus et Mytilus edulis
- R06.07 Roches et blocs intertidaux en milieu à salinité variable à Fucus ceranoides

Aucune modification n’a été apportée dans la version 2 de la typologie (Michez et al., 2015). Dans la version 3 (Michez et al., 2019), le terme « intertidaux » est remplacé par « médiolittoraux » et la codification de l’habitat évolue pour devenir A1-5. Les sept sous-habitats listés dans la version 1 restent identiques et leur codification évolue pour aller de A1-5.1 à A1-5.7.

Facteurs abiotiques

Etage : Médiolittoral
Nature du substrat : Roche et blocs [>10cm]
Répartition bathymétrique : >0m
Hydrodynamisme : Faible
Salinité : Milieu à salinité variable
Température : Variable
Lumière : Système phytal, Eaux claires
Régime trophique : Mésotrophe

Caractéristiques stationnelles

L’habitat A1-5 est présent dans la zone médiolittorale, dans des zones abritées et sous l’influence d’eau douce (salinité variable). Cela concerne notamment les estuaires et les bras de mer. L’habitat est caractérisé par la présence de ceintures algales plus ou moins développées avec Pelvetia canaliculata et Fucus spiralis dans le haut du rivage suivit par Fucus vesiculosus et Ascophyllum nodosum (parfois présentes en mélange) dans la partie moyenne du rivage. La partie inférieure est caractérisée par Fucus serratus et Fucus ceranoides qui est caractéristique des milieux à salinité variable. Dans les zones abritées où la salinité est la plus variable et/ou la plus faible, Fucus ceranoides domine et tend à remplacer les autres espèces de fucales. La communauté est peu riche en comparaison à ce qui peut être observé en milieu marin (A1-2). Quelques algues vertes et rouges peuvent être observées sous les fucales. La macrofaune est principalement constituée de littorines, de balanes et du crabe vert Carcinus maenas.

Variabilité

La salinité est le principal facteur régissant la présence et la distribution des macroalgues sur l’estran rocheux (Wilkinson et al., 2007). La fucale Fucus ceranoides est la plus résistante aux fluctuations de salinité et peut se développer dans une gamme de salinité allant de 8 (milieux avec apports d’eau douce importants) à 35 (milieux marins). En comparaison, Fucus vesiculosus tend à décliner dans les eaux saumâtres (Khfaji & Norton, 1979) et Fucus serratus préfère les eaux marines et décline donc rapidement lorsque la salinité diminue (Wilkinson et al., 2007). La richesse spécifique, déjà réduite dans cet habitat, tend à diminuer de l’embouchure vers l’amont de l’estuaire ou du bras de mer étudié. La transition entre espèces à affinité marine (ex : Fucus serratus) et celles tolérant les milieux à salinité variable (ex : F. ceranoides) est d’autant plus nette que les fluctuations de salinité sont importantes (Hardwick-Witman & Mathieson, 1983). La disponibilité en substrat rocheux (roche en place ou blocs) et la turbidité de la masse d’eau peuvent également influencer la présence de cet habitat. Les sous-habitats (niveau trois) sont décrits sur leur page INPN respective.

Communautés ou espèces caractéristiques

La présence d’une ou plusieurs des espèces listées ne suffit pas forcément à elle-seule à identifier l’habitat mais doit être couplée aux caractéristiques abiotiques et/ou critères de densité décrits ci-avant.
L’habitat A1-5 se définit principalement par la salinité variable des masses d’eau due à l’influence d’eau douce et n’est pas caractérisé par une communauté très riche du fait des fortes variations de salinité. Plusieurs espèces de fucales sont présentes dont Pelvetia canaliculata, Fucus spiralis, Ascophyllum nodosum, Fucus vesiculosus et Fucus serratus. Dans les zones abritées où la salinité est la plus variable et/ou la plus faible, Fucus ceranoides domine l’habitat et tend à remplacer les autres espèces de fucales dans la partie haute du rivage.

Espèces associées

La liste fournie ne constitue pas une liste exhaustive des espèces associées à cet habitat.

Quelques algues vertes peuvent être présentes telle que Ulva intestinalis et l’algue rouge épiphyte Vertebrata lanosa peut être observée sur les frondes d’A. nodosum. Des littorines (ex : Littorina littorea, Littorina saxatilis), des balanes (ex : Semibalanus banaloides, Austrominius modestus) et parfois des moules (ex : Mytilus edulis) peuvent être vues sur la roche. Des amphipodes gammaridés ainsi que le crabe vert Carcinus maenas peuvent être observés sous les frondes des fucales.
Sur le haut du rivage, au niveau de P. canaliculata, le lichen Hydropunctaria maura peut former des encroûtements sur la roche et l’algue rouge Catenella caespitosa peut être localement observée dans les zones ombragées.
Plus bas, des colonies d’hydraires (ex : Dynamena pumila) peuvent être observées sur les frondes de Fucus serratus et la roche peut être occupée par quelques algues rouges (ex : Chondrus crispus, Mastocarpus stellatus).

Dynamique temporelle

Peu d’informations sont présentes dans la littérature concernant la dynamique temporelle de cet habitat. En été, le développement d’espèces d’algues vertes éphémères du genre Ulva spp. peut être observé. Le degré de développement et la localisation des différentes ceintures de fucales peuvent fluctuer avec la marée et les changements d’hydrodynamisme et de salinité (Duchêne & Hily, 2012).

Habitats pouvant être associés ou en contact

L’habitat A1-5 peut être en contact avec les habitats suivant (liste non exhaustive) :
- A3-3 Sédiments grossiers médiolittoraux en milieu à salinité variable : contact de même niveau
- A4-2 Sédiments hétérogènes envasés médiolittoraux en milieu à salinité variable : contact de même niveau
- A5-5 Sables médiolittoraux en milieu à salinité variable : contact de même niveau
- A5-6.2 Herbiers à Zostera noltei sur sables médiolittoraux en milieu à salinité variable : contact de même niveau
- A6-2 Vases supralittorales en milieu à salinité variable du schorre : contact de même niveau
- B1-8 Roches ou blocs infralittoraux en milieu à salinité variable : continuité bathymétrique
- B3-3 Sables grossiers et graviers infralittoraux en milieu à salinité variable : continuité bathymétrique

Confusions possibles

L’habitat A1-5 peut potentiellement être confondu avec l’habitat A1-2 « Roches et blocs à dominance algale » si la limite entre milieu marin et milieu à salinité variable est floue. Des mesures de la salinité, la présence de Fucus ceranoides et la faible richesse spécifique associée permettent cependant de différencier les deux habitats.

Répartition géographique

L’habitat A1-5 peut potentiellement être présent au niveau de tout estuaire ou bras de mer présentant un substrat adéquat (substrat rocheux) permettant la fixation et le développement des fucales. Néanmoins peu d’informations sont présentes dans la littérature. L’habitat A1-5 a été précédemment recensé dans l’ensemble des rias bretonnes, au niveau de la Baie de Morlaix, dans la Rade de Brest au niveau de l’embouchure de l’Elorn et dans l’estuaire de la Gironde. Au vu des cartographies disponibles, il ne semble pas être présent dans les Pertuis Charentais.

Fonctions écologiques

Il n’y a pas d’informations dans la littérature concernant la structure et les fonctions de cet habitat. Comme l’habitat A1-2, il est possible que l’habitat A1-5 offre abri et support aux quelques espèces benthiques qui y vivent (Hardwick-Witman & Mathieson, 1983), voire peut-être également à quelques espèces d’oiseaux, à condition que les conditions soient favorables à leur présence. Des études seraient nécessaires pour mieux comprendre le rôle de cet habitat.

Statut de conservation

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1170 « Récifs ». Il peut également correspondre à l’HIC 1130 « Estuaires » ou à l’HIC 1150 « Lagunes côtières » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC.

Tendance évolutive

Pas d’information disponible.

Auteur(s)

Tauran A., Grall J.

Date de rédaction

2020

Bibliography

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