Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)
Date de mise à jour du jeu de données
01/03/2019
Auteurs de la typologie
Noëmie Michez (UMS 2006 PATRINAT), Annabelle Aish (MNHN-SPN), Ann C. Andersen (ABICE/UMR 7144/ Sorbonne Université), Erwan Ar Gall (LEMAR/UMR 6539/IUEM), Alexandrine Baffreau (M2C/UMR 6143/Université de Caen Normandie), Touria Bajjouk (LEBCO/DYNECO/IFREMER), Hugues Blanchet (EPOC/UMR 5805/Université de Bordeaux), Pauline Cajeri (LIENSs/UMR 7266/Université de La Rochelle), Pauline Chauvet (LEP/EEP/IFREMER), Jean-Claude Dauvin (M2C/UMR 6143/Université de Caen Normandie), Dominique Davoult (EFEB/UMR 7144/ Sorbonne Université), Thibaut de Bettignies (UMS 2006 PATRINAT), Marie-Noëlle de Casamajor (LRHAQ/IFREMER), Sandrine Derrien-Courtel (Station de Biologie Marine de Concarneau/MNHN), Stanislas Dubois (LEBCO/DYNECO/IFREMER), Marie-Claire Fabri (LERPAC/LITTORAL/IFREMER), Aurélie Foveau (FBN/LELRA/IFREMER), Franck Gentil (DIVCO/UMR 7144/ Sorbonne Université), Brigitte Guillaumont (LEP/EEP/IFREMER), Jacques Grall (UMS 3113/IUEM/UBO), Christian Hily (LEMAR/CNRS/IUEM/UBO), Céline Houbin (Station Biologique de Roscoff/OSU), Anne-Laure Janson (UMS 2006 PATRINAT), Marie La Rivière (UMS 2006 PATRINAT), Laurent Lévèque (Station Biologique de Roscoff/OSU), Line Le Gall (ISYEB/UMR 7205/MNHN), Sophie Lozach (M2C/UMR 6143/Université de Caen Normandie), Lénaick Menot (LEP/EEP/IFREMER), Josiane Popovsky (IMA), Céline Rolet (LOG/UMR 8187/Université Lille 1), Thierry Ruellet (GEMEL), Pierre-Guy Sauriau (LIENSs/UMR 7266/Université de La Rochelle), Nathalie Simon (AD2M/UMR 7144/Sorbonne Université), Laurent Soulier (IMA), Eric Thiébaut (DIVCO/UMR 7144/ Sorbonne Université), Julie Tourolle (LEP/EEP/IFREMER), Inge Van den Beld (LEP/EEP/IFREMER)
Auteurs de la table
PatriNat
Territoire(s) concerné(s)
Manche, Mer du Nord et Atlantique français
Organisme responsable
PatriNat
Langue d'origine des données
FR
Contexte
Compte tenu de l’intérêt grandissant des politiques publiques pour le milieu marin et de l’actualité chargée des différents programmes de gestion, de conservation ou d’inventaire (inventaires ZNIEFF, inventaire biologique et analyse écologique des habitats marins patrimoniaux des sites N2000 et des PNM, Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin, Système d’Information sur la Nature et le Paysage), le besoin de cohérence est élevé. Le développement de ces programmes nécessite la mise en place et l’utilisation d’outils tels que les référentiels. Ils permettent de définir un langage commun ainsi que les unités de travail. Parmi ces référentiels, il existe plusieurs classifications des habitats benthiques. Créées dans des contextes particuliers, elles répondent à des objectifs donnés, soit de connaissance et d’inventaire comme la typologie des ZNIEFF-Mer (Dauvin et al., 1994), soit de gestion et de conservation comme la typologie des habitats d’intérêt communautaire de l’Union Européenne (European Commission, 2007). Ces outils, adaptés à leur problématique, se rapportent à des échelles différentes : européenne pour Natura 2000 et EUNIS, nationale ou régionale pour les ZNIEFF. Il était nécessaire d’homogénéiser et d’harmoniser ces référentiels existants. Pour cela un nouveau référentiel national des habitats marins benthiques a été créé en synthétisant cet existant et en le complétant. Il est composé de deux typologies : une relative aux biocénoses de Méditerranée et l’autre concernant les habitats de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Son utilisation est préconisée pour l’ensemble des programmes ayant trait à la conservation des habitats marins à l’échelle nationale.
Description du travail
Cette typologie sert de référence à l’échelle nationale pour les habitats marins benthiques présents en Manche, en Mer du Nord et en Atlantique.
Sa première version, parue en 2013 (rapport explicatif Michez et al., 2013), était intégralement basée sur la proposition de typologie du REBENT (Guillaumont et al., 2008 et Bajjouk et al., 2011) à laquelle des habitats identifiés dans la bibliographie ou émanant de la communauté scientifique avaient été intégrés ainsi que certains habitats de la classification EUNIS (2008). Elle contenait 458 unités réparties en 7 niveaux. Suite à l’acquisition de nouvelles informations sur les habitats marins benthiques, une mise à jour de la typologie était nécessaire pour qu’elle soit le reflet des connaissances actuelles et a abouti à une deuxième version parue en 2015 (rapport explicatif Michez et al., 2015). Elle incluait 565 unités réparties en 6 niveaux. La version actuelle, la version 3, est parue en 2019 (rapport explicatif Michez et al., 2019). Elle comporte 664 unités hiérarchisées selon 5 niveaux. Par rapport à la version 2, le premier niveau hiérarchique a entièrement été modifié par soucis de cohérence avec la mise à jour d’EUNIS. Il se compose de 28 unités qui sont des combinaisons d’un étage et d’un type de substrat (par exemple les roches infralittorales). De nouveaux habitats ont été ajoutés, la codification a été totalement revisitée et la terminologie a été homogénéisée.
La collaboration de nombreux experts benthologues a été primordiale pour l'établissement et la consolidation de ce référentiel.
Origine du jeu de données
Fichier créé par Noëmie Michez et mis à jour par Marie La Rivière, Juliette Delavenne et Salomé Andres (PatriNat)
Références bibliographiques
Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p.
Michez N., Bajjouk T., Aish A., Andersen A. C., Ar Gall E., Baffreau A., Blanchet H., Chauvet P., Dauvin J.-C., De Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Dubois S., Fabri M.-C., Houbin C., Le Gall L., Menot L., Rolet C., Sauriau P.-G., Thiebaut E., Tourolle J., Van den Beld I., 2015. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique Version 2. Rapport SPN 2015 - 45, MNHN, Paris, 61 p.
Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p.
La Rivière M., Delavenne J., Janson A.-L., Andres S., de Bettignies T., Blanchet H., Decaris F.-X., Derrien R., Derrien-Courtel S., Grall J., Houbin C., Latry L., Le Gal A., Lutrand A., Menot L., Percevault L., Tauran A., Thiébaut E., 2022. Fiches descriptives des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique. PatriNat (OFB-CNRS-MNHN),Paris.
Bajjouk T., Derrien S., Gentil, F., Hily C., Grall J., 2011. Typologie d’habitats marins benthiques : analyse de l’existant et propositions pour la cartographie. Habitats côtiers de la région Bretagne - Note de synthèse n° 2 - Habitats du circalittoral. Projets REBENT-Bretagne et Natura 2000-Bretagne. RST/IFREMER/DYNECO/AG/11-03/TB. 24 p. + Annexes.
Bajjouk T., Menot L., Van den Beld I., Tourolle J., Fabri M.C., Chauvet P., 2015. Contributions au Référentiel National des Habitats Benthiques de la Région Atlantique : Identification et Classification des Habitats Profonds ‐ Fiches Descriptives. Rapport d’activités 2014, Réf. RST/IFREMER/DYNECO/AG/15‐03/TB, 41 p.
Commission OSPAR, 2008. Descriptions des habitats inscrits sur la liste OSPAR des espèces et des habitats menacés et/ou en déclin. Commission OSPAR, numéro de référence 2008-07, 10 p.
Dauvin J.C., Bellan G., Bellan-Santini D., Castric A., Comolet-Tirman J., Francour F., Gentil F., Girard A.,Gofas S., Mahé C., Noël P. et de Reviers B., 1994. Typologie des ZNIEFF-Mer, liste des paramètres et des biocénoses des côtes françaises métropolitaines. Coll. Patrimoines Naturels, vol. 12. 2e éd., Secrétariat Faune-Flore/MNHN, Paris, 70 p.
European Topic Centre on Biological Diversity, 2012. European Nature Information System (EUNIS) Database. Habitat types and Habitat classifications. ETC/BD-EEA, Paris. Traductions et statut de présence en France : SPN-MNHN et IFREMER / INPN, octobre 2016.
Evans D., Aish A., Boon A., Condé S., Connor D., Gelabert E. Michez N., Parry M., Richard D., Salvati E., Tunesi L., 2016. Revising the marine section of the EUNIS Habitat classification - Report of a workshop held at the European Topic Centre on Biological Diversity, 12 & 13 May 2016. ETC/BD report to the EEA, 8 p.
Guillaumont B., Bajjouk T., Rollet C., Hily C., Gentil, F., 2008. Typologie d’habitats marins benthiques : analyse de l’existant et propositions pour la cartographie - Habitats côtiers de la région Bretagne - Note de synthèse. Projets REBENT-Bretagne et Natura-Bretagne. RST/IFREMER/DYNECO/AG/08-06/REBENT. 16p + Annexes.
Référencement
PatriNat, 2023. Table de la typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl). Base de données HabRef v7.
Dernière modification
Depuis la version 5.0 d'HABREF (novembre 2019), modifications de la version 3 de la typologie incluses dans la version 7.0 d'HABREF : 108 fiches descriptives complètes ont été ajoutées pour toutes les unités de niveau 2 et certains champs descriptifs ont été remplis pour 320 fiches de niveau 3 ou 4. Le libellé de 10 unités a été modifié (5 pour tenir compte de l'évolution de la taxonomie et 5 pour clarifier le cadre de l'unité). Une unité de niveau 3 a été supprimée et les 2 unités de niveau 4 qu'elle incluait ont été déplacées. Le statut de présence en France de 22 unités a été modifié en incertain (à confirmer).
Version 3 de la typologie incluse dans la version 5.0 d’HABREF, pour plus d’explications sur les modifications opérées dans cette version de la typologie se reporter au rapport : Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p.
Source de l'ajout à la typologie
Création dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) de l’habitat A2-3 (code P11). L’habitat A2-3 Récifs à Sabellaria alveolata médiolittoraux y était en fait proposé comme deux habitats distincts :
- R03.04 Plaquages de Sabellaria alveolata sur roches médiolittorales
- P11 Récifs à Sabellaria alveolata
Modification et déclinaison de l’habitat dans la version 2 de la typologie (Michez et al., 2015). Sur proposition de Stanislas Dubois, l’habitat Récifs à Sabellaria alveolata (devenu P12) est décliné en deux habitats distincts selon le type de substrat :
- P12.01 Récifs à Sabellaria alveolata sur roches et blocs
- P12.02 Récifs à Sabellaria alveolata sur sédiments
Cette déclinaison sera conservée dans la version 3 de la typologie (Michez et al., 2019).
Facteurs abiotiques
Étage : Médiolittoral
Nature du substrat : Blocs, sable, roche en place, blocs occasionnellement
Répartition bathymétrique : >0m
Hydrodynamisme : Exposé, modérément exposé, occasionnellement abrité
Salinité : Milieu marin
Température : variable [entre 5°C et 25°C]
Lumière : Système phytal
Régime trophique : Suspensivore se nourrissant de phytoplancton et de matières en suspension diverses et variées
Caractéristiques stationnelles
Un récif à Sabellaria alveolata se définit comme un assemblage de constructions biologiques (ou bioconstructions) formées par les annélides du genre Sabellaria. Cet habitat est construit par l’annélide polychète tubicole Sabellaria alveolata (appelé aussi hermelle) au niveau de la zone médiolittorale. Les récifs d’hermelles sont facilement reconnaissables par leur aspect en « nid d’abeilles ». Les tubes de Sabellaria alveolata sont constitués de sable et de fragments coquilliers cimentés et collés par chaque individu, l’accolement des tubes aboutissant à la formation de récifs biogéniques. Ces bioconstructions peuvent se rencontrer sous plusieurs formes (i.e. types) et sous plusieurs états (i.e. phases). Les principales formes sont des structures plaquées (placages ou encroûtements) plus ou moins épaisses à des supports solides ou des structures en boules ou en monticules coalescents dépassant rarement 1 mètre de hauteur. Plus rarement, ces bioconstructions prennent la forme de structures tabulaires (platiers) pouvant dépasser 1 mètre de hauteur. Ces bioconstructions peuvent présenter des phases de croissance (i.e. progradation) ou des phases de dégradation et d’érosion (i.e. rétrogradation). Un récif est donc un mélange de bioconstructions de plusieurs formes, sous plusieurs états, et de surface variable, se développant sur substrat dur ou substrat meuble. On peut considérer qu’un habitat récifal existe à partir de 25 mètres carrés de surface couverte par les bioconstructions (définition d’après Curd et al. 2019).
L’annélide Sabellaria alveolata construit deux types de récifs biogéniques : Sur les estrans rocheux, Sabellaria alveolata se rencontre au niveau des ceintures à fucales où les associations de tubes prennent une forme encroûtante sur la roche qui peut aller jusqu’à la formation d'encroûtements épais quand les densités d’individus sont fortes. En milieu sédimentaire, les récifs sont présents en dessous du niveau de la mi-marée, dans des baies ou le long de littoraux généralement peu ou moyennement battus. Ils peuvent néanmoins être présents en milieu abrité comme en baie de Bourgneuf. L’espèce peut supporter une certaine dessalure puisqu’elle est présente dans la partie externe de l’estuaire de la Loire. La taille des bioconstructions est étroitement liée au niveau des apports sédimentaires, eux-même liés à l’hydrodynamisme local. L'hydrodynamisme local joue donc un rôle important en assurant la remise en suspension et l’accès aux particules sédimentaires (grains de sable et fragments coquilliers) nécessaires à la construction du tube.
Variabilité
Les récifs d’hermelles ont des formes et des tailles très variées allant de simples tubes accolés et plaqués à la roche sur quelques mètres carrés à des constructions récifales imposantes atteignant jusqu’à 2 m de hauteur et couvrant plusieurs hectares. Chaque type de structure correspond à un assemblage différent d’espèces.
Au sein de l’habitat A2-3 Récifs à Sabellaria alveolata médiolittoraux, deux sous-habitats sont ainsi distingués, ils sont décrits dans leurs fiches INPN dédiées.
Communautés ou espèces caractéristiques
Les récifs à Sabellaria alveolata sont dominés par l’espèce patrimoniale Sabellaria alveolata. Cette espèce ingénieure est à l’origine de l’habitat.
Espèces associées
La liste fournie ne constitue pas une liste exhaustive des espèces associées à cet habitat. La particularité des assemblages d’espèces associés aux bioconstructions intertidales à Sabellaria alveolata est le mélange entre espèces de substrats durs et de substrats meubles, ainsi que la présence d’espèces typiquement subtidales. Les conditions sédimentaires et l’atténuation des variations de température dans les récifs expliquent cette spécificité faunistique. Suivant le sous-habitat auquel on s’adresse, la forme du récif (en boule, barrière, platier) ou son état de dégradation, la faune est donc différente. Les polychètes sont la principale composante de la faune associée aux récifs de Sabellaria alveolata, mais d’autres espèces jouent également un rôle dans le fonctionnement des récifs.
Espèces communes indépendamment du stade du récif : Golfingia vulgaris, Axelsonia littoralis, Hydrogamasus sp., Lineus sp.
Espèces typiques du stade boule : Goniadella bobrezkii, Capitella minima, Spirobranchus lamarcki, Sthenelais boa, Phyllodoce laminosa.
Espèces typiques du stade platier : Perinereis cultrifera, Capitella minima, Spirobranchus lamarcki, Gnathia maxillaris.
Espèces typiques du stade dégradé (en progradation) : Fabricia stellaris, Pygospio elegans, Polydora ciliata, Perinereis marionii, Brania pusilla, Limecola balthica.
Autres espèces : les polychètes prédatrices errantes Mysta picta, Eulalia viridis, Lysidice ninetta, Pholoë inornata, Lepidonotus squamatus, le siponcle Golfingia (Golfingia) elongata, les bivalves Hiatella arctica, Mytilus edulis, Petricola lithophaga, Sphenia binghami, l’actine commune Actinia equina, les gastéropodes Patella vulgata, Littorina littorea, Nucella lapillus, les crustacés Porcellana platycheles, Pilumnus hirtellus, Pirimela denticulata, des stades juvéniles de crabes Cancer pagurus, Carcinus maenas, Necora puber, des poissons Lipophrys pholis et parfois quelques algues Ulva spp.
Dynamique temporelle
L’évolution naturelle du récif commence par l’installation de jeunes individus par fixation sur un support solide, qu’il s’agisse de la roche dans cas de l’habitat A2-3.1 Récifs à Sabellaria alveolata sur roches ou blocs médiolittoraux ou d’une coquille ou d’un caillou dans le cas de l’habitat A2-3.2 Récifs à Sabellaria alveolata sur sédiments médiolittoraux. L’accolement de plusieurs tubes formera par la suite des encroûtements dans le premier cas de figure ou des structures en boule, en barrière et en platier dans le second cas de figure.
La dynamique naturelle du récif va dépendre, pour partie des traits d’histoire de vie de l’espèce bioconstructrice (durée de vie de 4 à 5 ans; un recrutement massif au printemps avec un étalement d’une ponte résiduelle au cours du printemps et de l’été), et pour partie de facteurs exogènes (hydrodynamisme à l’origine de l’érosion ou d’un ensablement, température hivernale, manque d’apports sédimentaires). Les récifs sont principalement affectés – hors pression anthropique de pêche à pied – par les évènements météorologiques extrêmes automnaux et hivernaux (tempêtes, vagues de froid …). Une réduction des apports sédimentaires affaiblit quant à elle l’activité des vers et du récif qui se couvre alors d’algues vertes et brunes et de leurs prédateurs herbivores.
La capacité de résilience des récifs est variable. En réponse à un ensablement, Sabellaria alveolata peut survivre plusieurs semaines dès lors que l’eau continue à circuler dans les sédiments. Des récifs endommagés par les tempêtes hivernales peuvent servir de support aux développement d’une nouvelle zone de colonisation, à condition que des adultes en nombre suffisant survivent, facilitant l’installation de larves. A l’inverse, un récif trop endommagé pourra prendre plusieurs années pour se régénérer. Toutefois, même un récif dont il ne resterait qu’une fraction morte sans individus de Sabellaria alveolata conserve un pouvoir d’attraction pour les larves de cette espèce.
Habitats pouvant être associés ou en contact
L’habitat A2-3 Récifs à Sabellaria alveolata médiolittoraux peut être en contact avec les habitats suivants (liste non exhaustive), sur le même niveau ou suivant une continuité bathymétrique supérieure ou inférieure :
Au-dessus :
A1-1 Roches ou blocs supralittoraux
De même niveau :
A1-2 Roches ou blocs médiolittoraux à dominance algale
A1-3 Roches ou blocs médiolittoraux à dominance animale
A1-4 Roches ou blocs médiolittoraux à très faible couverture macrobiotique
A2-1.1 Récifs de moules (moulières) sur roches ou blocs médiolittoraux
A5-2 Sables médiolittoraux mobiles
A5-3 Sables fins médiolittoraux
En dessous :
B5-1 Sables fins propres infralittoraux
Confusions possibles
Il faut être vigilant aux confusions possibles avec le sous-habitat A1-3.2 Encroutements à Sabellaria alveolata sur roches médiolittorales. D’autre part, il existe une autre espèce du genre Sabellaria qui construit également des formations récifales, i.e. Sabellaria spinulosa (C2-2.1 Récifs à Sabellaria spinulosa du circalittoral côtier). Mais, les formations construites par cette espèce étant exclusivement subtidales, le risque de confusion est par conséquent quasi-nul. Il n’est pas exclu que Sabellaria spinulosa se trouve en mélange en proportion très faible avec Sabellaria alveolata.
Répartition géographique
Sabellaria alveolata est une espèce qui se retrouve, en France, sur l’ensemble du littoral Manche-Atlantique, du détroit du Pas-de-Calais jusqu’au Pays basque. Les plus grands récifs se trouvent en baie du Mont Saint-Michel avec trois récifs majeurs d’hermelles couvrant environ 150 ha (récif de Saint-Anne, récif de Champeaux et récif de la Frégate) et en baie de Bourgneuf sur environ 5 ha (récif de la Fosse). En dehors de ces deux zones remarquables sur substrat meuble, d’autres récifs de taille plus ou moins importante se développant sur substrat rocheux sont signalées dans les sites suivants (du nord au sud) :
● Boulogne/mer
● côte ouest du Cotentin, de Saint Germain-sur-Ay à Jullouville
● Baie de Lannion (estuaire du Léguer, baie de Saint-Efflam)
● Le Conquet
● Baie de Douarnenez (Crozon, Kerlaz, Ploéven)
● Belle-Île
● Littoral du Morbihan
● Île de Noirmoutier
● Baie de Noirmoutier (La Fontaine aux Bretons – Pornic, Port des Brochets, La Bernerie en Retz)
● Ile d’Yeu
● Littoral vendéen
● Ile de Ré
● Ile d’Oléron
● Ile d’Aix
● Estuaire de la Gironde (Vallieres Saint George de Didonnes)
● Bassin d’Arcachon
● Capbreton
● Biarritz
● Bidart
● Saint-Jean-de-Luz
● Hendaye
http://www.honeycombworms.org/Submit-Honeycomb-Worm-Reef-Sightings
Fonctions écologiques
Habitat
Les récifs d’hermelles jouent des rôles écologiques très variés qui leur confèrent un intérêt qui va bien au-delà de l’intérêt patrimonial paysager. Ils servent d’habitat et de refuge pour de nombreuses espèces même si la richesse spécifique diffère en fonction de la structure de l’habitat. Ils ont la particularité d'héberger des communautés originales rassemblant des espèces inféodées aux substrats meubles et aux substrats durs des zones intertidales et subtidales. Ils représentent un hotspot de biodiversité qui se démarque de celle que l’on trouve dans leur environnement immédiat. En termes de richesse spécifique, les récifs « en boule » abritent un nombre d’espèces plus élevées en raison des multiples anfractuosités, fissures et autres micro-habitats qu’elles offrent.
Interactions trophiques
Sabellaria alveolata sert de nourriture pour plusieurs vertébrés tels que les poissons de roche (Lipophrys pholis) qui vivent dans les anfractuosités récifales et certains poissons plats (Solea solea), et invertébrés comme les crabes (Cancer pagurus, Carcinus maenas).
Sabellaria alveolata est consommateur de phytoplancton et de matériel en suspension. Si la quantité d’eau filtrée par individu est très faible, les densités rencontrées (parfois plus de 30 000 individus/m²) font des récifs d’hermelles de véritables filtres biologiques. Au niveau des zones abritant de larges récifs, ces derniers contribuent activement au transfert de la matière organique. Dans certaines baies, il peut exister une compétition entre les hermelles et les espèces aquacoles (huîtres, moules), dont le régime alimentaire est similaire.
Dynamique sédimentaire et protection du littoral
Les récifs représentent localement une véritable réserve de calcaire et un exemple original en milieu tempéré de récif vivant riche en carbonates en raison de la forte proportion de sédiments bioclastiques utilisés dans la construction des tubes par les vers.
Sabellaria alveolata contrôle en effet activement la texture et la distribution des sédiments intertidaux en piégeant et en concentrant de manière sélective des particules carbonatées.
En atténuant la force des vagues et des houles, une autre fonction des récifs sera de réduire l’érosion sédimentaire et de contribuer à la protection des estrans et du littoral.
Statut de conservation
Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1170 « Récifs ». Il peut également correspondre à l’HIC 1130 « Estuaires » ou à l’HIC 1150 « Lagunes côtières » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC. Il est aussi considéré comme "quasi-menacé" au niveau de la liste rouge des habitats européens en Atlantique Nord-Est.
Tendance évolutive
Une modélisation de la distribution des récifs d’hermelles en Europe (Curd et al. 2022) montre que le changement climatique – selon un scenario modéré de +2° en 2050 – pourrait voir la surface d’habitat colonisable par les hermelles augmenter de 30%, principalement au nord de sa zone de distribution actuelle. Néanmoins, cette même étude révèle que certaines zones au centre de sa distribution (par exemple la zone des pertuis charentais) pourraient présenter de plus en plus de zones non favorables aux hermelles et ainsi contribuer à la fragmentation des populations et, par effet cascade, à la disparition de grandes zones dépourvues d’apport larvaires.
L’évolution des récifs d’hermelles peut aussi être mise en relation avec le fait que les structures artificielles de défense côtière peuvent servir d’habitat à l’espèce et favoriser son expansion. Firth et al. (2015) suggèrent ainsi que l’urbanisation et l’artificialisation du littoral pourraient contribuer à la propagation de Sabellaria alveolata dans des zones où l’habitat naturel est inapproprié.
Auteur(s)
Lutrand A., Houbin C., Dubois S., Thiébaut E.
Date de rédaction
2020
Bibliographie
Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique : Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p. (Source)
Michez N., Bajjouk T., Aish A., Andersen A. C., Ar Gall E., Baffreau A., Blanchet H., Chauvet P., Dauvin J. -C., De Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Dubois S., Fabri M.-C., Houbin C., Legall L., Menot L., Rolet C., Sauriau P.-G., Thiébaut E., Tourolle J., Van den Beld I., 2015. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique Version 2. Rapport SPN 2015 - 45, MNHN, Paris, 61 p. (Source)
Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p. (Source)
Bajjouk T., Duchêne J., Guillaumont B., Bernard M., Blanchard M., Derrien-Courtel S., Dion P., Dubois S., Grall J., Hamon D., Hily C., Le Gal A., Rigolet C., Rossi N. & Ledard M., 2015. Les fonds marins de Bretagne, un patrimoine remarquable : connaître pour mieux agir. Edition Ifremer - DREAL Bretagne, 152 p. http://dx.doi.org/10.13155/42243
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