9260-4 - Châtaigneraies de la Corse

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat se rencontrant en Corse à deux étages :
- le mésoméditerranéen où elles sont rares et localisées dans des conditions fraîches (ubacs, vallons frais à sols profonds, replats), le plus souvent à l’horizon supérieur de l’étage ; il occupe des surfaces plus importantes en Castagniccia, d’origine anthropique (présence fréquente de Noyers cultivés) et situées à proximité des villages, souvent pâturées ;
- le supraméditerranéen, en particulier dans le massif de San Petrone (Castagniccia, Alesani, Moriani) où il occupe les ubacs et les fonds de vallons entre 150 m (avancée du supraméditerranéen en fond de vallon) et 800 m ; sur des schistes donnant des sols épais, à réserve en eau favorable ; favorisé dans cette région par le climat nébuleux humide et à sécheresse estivale moins accentuée qu’ailleurs en Corse.

Variabilité

Variations altitudinales :
- forme du mésoméditerranéen supérieur avec l’Arbousier (Arbutus unedo), le Laurier-tin (Viburnum tinus), la Salsepareille (Smilax aspera), le Cytise à trois fleurs (Cytisus villosus), l’Églantier toujours vert (Rosa sempervirens)… ;
- forme du supraméditerranéen avec la flore décrite ci-dessous.

Variations édaphiques :
- nous ne disposons pas de données pour l’instant.

Physionomie, structure

Les peuplements se présentent sous divers aspects :
- peuplements clairs, près des villages, pâturés parfois, sans ambiance sylvatique ;
- vergers avec arbres régulièrement espacés (ex. Niolu) ;
- dans le massif de San Petrone, groupements plus sylvatiques : dominés par le Châtaignier très avantagé par le passé avec souvent l’Aulne cordé, le Charme houblon, le Frêne à fleurs, le Tilleul cordé, le Houx ; la strate arbustive riche en espèces est souvent peu recouvrante ; par contre la strate herbacée est caractérisée par une couverture importante et une grande richesse floristique.

Confusions possibles

Peuplements ne pouvant être confondus avec d’autres types d’habitats.

Dynamique

Etage mésoméditerranéen supérieur :
- Chênaie verte, orme aulne --> Plantations anciennes diversement gérées --> Installation d’Arbutus unedo
et Erica Arborea --> maquis.
- Chênaie verte, orme aulne --> Plantations anciennes diversement gérées --> Cistaies à cistes villeux.

Etage supraméditerranéen :
- Forêts caducifoliées, Aulne cordé, Hêtre, Chêne pubescent --> Plantations anciennes entretenues diversement --> Installation +/- mélangée du Pin laricio (si lumière) --> Pineraie.
- Forêts caducifoliées, Aulne cordé, Hêtre, Chêne pubescent --> Plantations anciennes entretenues diversement --> Maquis E. arborea, Pteridium aquilinum.
- Pelouse à Carex caryophyllea et Agrostis castellea --> Maquis E. arborea, Pteridium aquilinum.
- Bois autochtone -

Habitats associés ou en contact

Forêts supraméditerranéennes de Chêne vert et de Houx (UE : 9340).
Forêts de Pin laricio et de Pin maritime (UE : 9540).
Chênaies caducifoliées à Oenanthe pimpinelloides.
Bois d’Aulne cordé.
Hêtraies supraméditerranéennes à Houx.
Fruticées à Rubus ulmifolius.
Fruticées à Bruyères.
Fruticées à Helichrysum italicum et Genista salzmanni.
Pelouses à Trifolium campestre et Carex caryophyllea.
Pelouses à Carex distans.
Végétation de fentes de rochers (UE : 8220).

Répartition géographique

Surtout présente dans le massif du San Petrone et plus particulièrement en Castagniccia, Alesani et Moriani.
Se rencontre en divers points de la Corse, à proximité des villages.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat qui a été avantagé au cours du passé par diverses pratiques anthropiques.
Une grande partie de ces peuplements dérive d’une substitution à des chênaies vertes ou à des forêts caducifoliées.
Intérêt ethnologique, historique et paysager.
Présence d’espèces remarquables : Hieracium laurinum subsp.Lactescens (très rare en Corse), Hypericum androsaemum, Cornus sanguinea, Corylus avellana (rares en Corse).

États de conservation

États à privilégier :
Peuplements « sylvatiques ».
Vergers remarquables pour leurs arbres (taille importante, bonne qualité des châtaignes).
Peuplements ouverts, pâturés.

Autres états observables :
Peuplements décimés par les maladies et reconquis peu à peu par d’autres essences caducifoliées.

Tendances et menaces

Compte tenu de l’évolution des pratiques, de nombreux peuple- ments de châtaigniers se trouvent à l’abandon, souffrent de maladies (chancre). Certains sont reconquis par d’autres essences (Chêne vert, Pin laricio).
—› Surface tendant à se réduire du fait de cette évolution. Dégâts importants par fouissage des porcs (favorise l’Encre).

Potentialités intrinsèques de production

Le Châtaignier est très probablement naturel en Corse mais il a été considérablement étendu sur l’aire des Chênaies caducifoliées et des chênaies vertes supérieures ; les peuplements ont donc pendant des siècles fait l’objet de soins attentifs (greffes, plantations, nettoyage du sous-bois, irrigation).
Le Châtaignier a été très longtemps un élément important de la vie des Corses. Véritable « arbre à pain », il a fourni grâce à la farine de châtaigne, une des bases de leur alimentation pendant des siècles. Les châtaignes récoltées étaient emmagasinées et séchées dans les greniers où les lattes de bois, volontairement espacées, laissaient passer la chaleur et la fumée du « fucone », le foyer familial ou d’un foyer spécialement prévu pour le séchage des châtaignes.
La farine de châtaigne est encore utilisée pour faire la pulenta ainsi que divers gâteaux, crêpes ou beignets.
Actuellement, la production pour la consommation humaine, après une très forte baisse, voit un regain d’intérêt aujourd’hui : une forte demande existe. Des programmes de réhabilitation des châtaigneraies à fruits sont ainsi en cours. Les débouchés existent : farine de châtaigne, bière, gavage des oies.
Les châtaignes servent également à nourrir les troupeaux, en particulier les porcs dont la charcuterie est très bien valorisée.
La châtaigneraie forestière n’a jamais vraiment existé, exception faite de l’époque des usines à tanin. La tradition forestière n’est ainsi pas très établie en Corse : le milieu se prêterait non seulement au taillis mais à la production de bois d’œuvre ; cependant le seul débouché actuel reste le piquet, la filière châtaignier n’existant pas dans l’île.
De nombreuses châtaigneraies corses sont pratiquement laissées sans soin, les maladies constituent un gros problème et ont souvent ruiné les peuplements. D’autres essences d’écologie proche, comme l’Aulne cordé, le Charme houblon ont renforcé leur présence dans les châtaigneraies.

Axes de recherche

Poursuivre les actions d’information et de sensibilisation sur la valorisation des châtaigneraies, sur le caractère patrimonial et sa modernisation.
Études à réaliser sur la variabilité phytoécologique des stations occupées par le châtaignier.
Études de la dynamique des peuplements après abandon de la gestion.
Poursuivre le travail sur les éclaircies, les possibilités de régénération naturelle.
Étude du marché local et des possibilités de valorisation par d’autres produits nouveaux.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)