Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Étage planitiaire des régions à climat thermo-atlantique.
Situations topographiques variées, souvent planes, parfois sur pentes dans les collines basques (pelouse à Laîche à pilules et Avoine de Thore).
Expositions variées.
Roches mères très à modérément acides (grès, sables, granite…).
Sols oligotrophes.
Influences biotiques modérées ou nulles.

Variabilité principalement induite par le climat et la roche-mère, secondairement par des causalités liées au sol :
- sous climat thermo-ombro-atlantique, sur roche mère modérément acide : pelouse à Laîche à pilules et Avoine de Thore [Carici piluliferae-Pseudarrhenatheretum longifolii], variation neutrophile à Brachypode penné (Brachypodium gr. pinnatum) et Centaurée des prés (Centaurea thuillieri) [sous-association brachypodietosum pinnati, avec variantes selon le degré d’hydromorphie], variation acidicline [sous-association typicum, avec des variantes parallèles à la précédente] ;
- sous climat thermo-atlantique à déficit hydrique, sur roche mère acide (sables landais « sidérolithiques ») : pelouse à Simethis de Mattiazzi et Avoine de Thore [Simethi planifoliae-Pseudarrhenatheretum longifolii], variations mésophile à Hélianthème faux-alysson (Halimium lasianthum subsp. alyssoides) [sous-association typicum] et méso-hygrophile à Molinie bleue (Molinia caerulea) [sous-association molinietosum caeruleae] ;
- sous climat thermo-atlantique ligérien et sur roche mère acide (sables tertiaires) : pelouse à Agrostide de Curtis et Avoine sillonnée [Agrostio curtisii-Avenuletum sulcatae], variations type [sous-association typicum] et, bien plus fréquemment, mésohygrophile à Molinie bleue et Scorsonère humble (Scorzonera humilis) [sous-association molinietosum caeruleae];
- sous climat thermo-atlantique moyen et sur roche mère modérément à très acide (grès, micaschiste, granite) : pelouse à Agrostide capillaire et Agrostide de Curtis [Agrostietum capillaris-curtisii], variations neutrophile à Brachypode penné et Centaurée des prés [sous-association brachypodietosum pinnati] et acidiphile [sous-association typicum].

Les habitats à Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium) se présentent comme des pelouses plus ou moins ouvertes, souvent de hauteur assez élevée, nettement stratifiées [herbes supérieures : Avoine de Thore, Agrostide de Curtis (Agrostis curtisii), Fougère aigle (Pteridium aquilinum) ; strate inférieure : Scille du printemps (Scilla verna), Laîche à pilules (Carex pilulifera), chaméphytes]. Les autres pelouses sont moins élevées et peu stratifiées.

Pelouses à Agrostide de Curtis à bien séparer des landes proprement dites à Ericacées (Erica vagans, E. cinerea, E. scoparia, E. ciliaris, Calluna vulgaris, Daboecia cantabrica) [Daboecion cantabricae ou Ulicion minoris, Code UE : 4030] qui leur sont liées.
Pelouses typiquement mésophiles à bien distinguer par ailleurs des prés hygrophiles à Molinie bleue et Scorsonère humble [Serratulo seoanei-Molinietum caeruleae, Code UE : 6410] qui offrent des passages spatio-temporels et floristiques avec elles.

Spontanée :
Pelouses thermo-atlantiques pour la plupart dérivant de chênaies acidiclines à acidiphiles à Chêne tauzin (Quercus pyrenaica) et/ou Chêne pédonculé (Quercus robur) parfois peu connues.
Sur sols rétentifs en eau et sous-climat humide ou par remontée de nappe, elles peuvent dériver vers des prés hygrophiles oligotrophiques à Molinie bleue et Scorsonère humble.

Liée à la gestion :
Les pelouses à Avoine de Thore s’inscrivent dans des séries régressives induites par des pratiques traditionnelles telles que le « soutrage » (fauchage pour la litière), le feu…
La fertilisation et l’exploitation de la pelouse à Laîche à pilules et Avoine de Thore la transforment en prairies mésotrophiques thermo-atlantiques à Lin bisannuel (Linum bienne), Oenanthe faux boucage (Oenanthe pimpinelloides) et Gaudinie fragile (Gaudinia fragilis) [Brachypodio pinnati-Centaureion nemoralis, Code UE : 6510].
Les autres formes sont faiblement ou non affectées par cette pratique ; toutefois un certain piétinement est un facteur de stabilisation bloquant l’envahissement des chaméphytes de lande.

Chênaies thermophiles ou pinède landaise plus ou moins artificielle de Pin maritime (Pinus pinaster) [Quercion robori-pyrenaicae, Code Corine : 42.81].
Fourrés à Bourdaine commune (Frangula dodonei) (dont l’Erico scopariae-Franguletum alni) [Code Corine : 31.83].
Ourlets acidiclines thermo-atlantiques [Conopodio majoris-Teucrion scorodoniae].
Landes très diverses selon les climats et les sols [Daboecio can-tabricae-Ulicetum europaei, Potentillo montanae-Ericetum cinereae, Arrhenathero thorei-Ericetum ciliaris, Helianthemo umbellati-Ericetum cinereae, Ulici maritimi-Ericetum cinereae, Ulici minoris-Ericetum cinereae ; Daboecion cantabricae ou Ulicion minoris, Code UE : 4030].
Prés hygrophiles oligotrophiques variés à Scorsonère humble et Molinie bleue [Cirsio filipenduli-Molinietum caeruleae, Erico scopariae-Molinietum caeruleae, Avenulo sulcatae-Scorzoneretum humilis, Cirsio filipenduli-Scorzoneretum humilis ; Serratulo seoanei-Molinienion caeruleae, Code UE : 6410].

Pelouse à Laîche à pilules et Avoine de Thore : surtout connue actuellement du Pays basque français occidental.
Pelouse à Simethis de Mattiazzi et Avoine de Thore : grandes Landes de Gascogne à Double périgourdine.
Pelouse à Agrostide de Curtis et Avoine sillonnée : actuellement connue de la Touraine tertiaire (surtout landes de Saint-Martin, nord-est de Saumur, sur la rive droite de la Loire).
Pelouse à Agrostide capillaire et Agrostide de Curtis : Bretagne méridionale (Loire-Atlantique et Morbihan) à Cotentin (station isolée).

Valeur biologique et écologique moyenne, pas d’espèces protégées ou menacées au plan national ; pas de liste régionale en Aquitaine pour la pelouse à Simethis de Mattiazzi et Avoine de Thore.
Pelouse à Agrostide de Curtis et Avoine sillonnée de la région Centre : l’Avoine de Thore et la Laîche à deux nervures (Carex binervis) sont protégées.
Pelouse à Agrostide capillaire et Agrostide de Curtis : la Serratule de Seoane (Serratula tinctoria subsp. seoanei), protégée en régions Bretagne et Pays de la Loire, pourrait y apparaître ; pour le Cotentin (région Basse-Normandie), l’Agrostide de Curtis et la Violette lactée sont protégés.

États à privilégier :
Privilégier toutes les formes connues des habitats.

Le statut actuel de la plupart de ces pelouses est difficile à préciser, n’ayant pas été étudiées récemment. La station du Cotentin est incluse dans le parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin.

Ces complexes agro-pastoraux sont traditionnellement pâturés par des bovins.
Les pelouses sont présentes dans les premiers stades évolutifs de la lande, mais n’ont pas un intérêt particulier pour le pâturage.

Impact des feux pastoraux sur l’habitat. Recherche des potentialités économiques de l’habitat.

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)