Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages collinéen et montagnard (jusque vers 800 m).
Climat méditerranéen à méditerranéen montagnard.
Situation topographique : replats et pentes peu inclinées, de moins de 10°, souvent en pied de falaise, plus rarement corniches et replats des falaises ; parfois terrasses des rivières.
Expositions variées.
Roches mères : calcaires dolomitiques du jurassique donnant par érosion une arène fine, le « grésou » qui est un sable dolomitique épais (environ 55 % de Ca CO 3, 45 % Mg CO 3).
Sol sablonneux, profond (jusqu’à 1,50 m), très pauvre en humus, sans squelette, constitué presque exclusivement de sable grossier (70 %) et de sable fin (25 %), s’échauffant fortement en été.
Sol présentant une basicité accentuée, de pH 8.
Pelouses souvent primaires, parfois intraforestières, mais le plus souvent en liaison avec des systèmes pastoraux extensifs liés au pâturage ovin, plus rarement caprin, favorisées par le surpâturage et le ruissellement.
Action importante des lapins (grattage du sol, broutage).
L’habitat est rare et localisé, néanmoins une certaine variabilité est à noter, surtout de type climatique et géographique, mais aussi de type édaphique.
Variations de type climatique et géographique :
- climat méditerranéen (Hérault, Drôme) : association Phleo arenari-Sedetum anopetalae avec le Corynéphore (Corynephorus canescens), de nombreuses espèces thermophiles dont l’Orcanette (Alkanna tinctoria), le Crépis de Suffren (Crepis suffreniana),la Loeflingie d’Espagne (Loeflingia hispanica), le Thym (Thymus vulgaris), l’Hélianthème velu (Helianthemum hirtum), ainsi que la Vulpie à longues arêtes (Vulpia membranacea), l’Armoise champêtre (Artemisia campestris), la Statice fausse-vipérine (Limonium echioides) ;
- climat méditerranéen montagnard (Aveyron, Lozère, 600 à 800 m) : association Armerietum junceae avec la Saponaire à feuilles de pâquerette (Saponaria bellidifolia) (rare), l’Alsine hybride (Minuartia hybrida), le Serpolet de la dolomie (Thymus dolomiticus), la Fétuque de Christian Bernard (Festuca christianii-bernardii) et en grande abondance l’Armérie de Girard (Armeria girardii) et la Sabline aggrégée (Arenaria aggregata) ;
- passage du climat méditerranéen au climat méditerranéen montagnard (Hérault, 300 à 500 m) : sous-association ericetosum multiflorae de l’Armerietum junceae, enrichie en Fumana (Fumana ericoides) et Bruyère à nombreuses fleurs (Erica multiflora).
Principales variations de type édaphique : sur les petites buttes de sable accumulées par le vent, variante à Alysse des sables (Alyssum montanum var. psammeum) de l’Armerietum junceae.
Pelouses rases (hauteur de l’ordre de quelques cm), peu recouvrantes à moyennement recouvrantes (en général de 40 % à 80 %), dominées par les chaméphytes frutescents (Helianthemum pilosum, Helianthemum canum, Helichrysum stoechas, divers Thymus) et crassulescents (divers Orpins), les hémicryptophytes (différentes Fétuques, dont Festuca christianii-bernardii) et les thérophytes (préséance numérique de ces dernières, mais recouvrement du sol de l’ordre de 10 à 15 %).
Importance moyenne de la strate des mousses et des lichens.
Diversité floristique importante avec un pic de floraison surtout printanier en climat méditerranéen (mars-mai), en juillet sur les Causses.
Grande variabilité de l’aspect physionomique suivant les années : depuis une grande rareté des thérophytes les années les plus sèches à une grande abondance les années pluvieuses.
Habitat généralement peu étendu qui couvre en général quelques mètres carrés ; on peut trouver la totalité des espèces représentatives sur un seul mètre carré.
Dans les Causses :
-avec certaines formes ouvertes des pelouses xérophiles de l’Ononidion striatae qu’elles côtoient ; ces dernières sont pauvres en thérophytes et toujours dominées par les hémicryptophytes ;
-avec les groupements de dalles rocheuses de l’Alysso alys-soides-Sedion albi encore mal connus et non décrits dans cette région.
Pelouses parfois primaires, mais résultant souvent de la déforestation de différents types forestiers, essentiellement la Chênaie pubescente (Buxo-Quercetum pubescentis), la Hêtraie xérophile (Buxo-Fagetum), la Pinède à Pinus sylvestris (Cephalanthero-Pinetum) (Causses), la Chênaie verte (Quercetum ilicis), la Pinède à Pinus salzmanni et Pinus halepensis (Bas-Languedoc).
Spontanée :
Certaines pelouses des sables dolomitiques semblent stables à l’échelle humaine ; elles sont maintenues par l’apport de sable dû au ruissellement, par l’action du vent, par le piétinement des brebis et l’oeuvre des lapins.
Un ruissellement trop intense peut détruire la pelouse.
Ces pelouses peuvent se constituer à la suite de la culture de céréales, se développer aux dépens de friches et aussi s’installer sur des surfaces dénudées artificiellement comme des fonds de carrières.
La diminution de la pression des brebis ou l’abandon pastoral peut conduire à une densification lente du tapis graminéen (diverses Fétuques, Bromus erectus, Stipa pennata) et chaméphytique, liée à la réduction progressive des secteurs nus favorables aux thérophytes.
La diminution de la pression des brebis ou l’abandon pastoral peut aussi favoriser l’installation de la pinède. Dans un premier temps le Raisin d’ours (Arctostaphyllos uva-ursi) et le Genêt poilu (Genista pilosa) se développent, permettant la germination des Pins sylvestres et l’installation du Cephalanthero-Pinetum.
Liée à la gestion :
L’intensification du pâturage permet le maintien voire favorise l’extension de l’habitat.
Pelouses xérophiles à Stipe pennée (Stipa pennata), Hélianthème des Apennins (Helianthemum apenninum), Koélerie du Valais (Koeleria vallesiana), Bugrane striée (Ononis striata), Hélianthème de Pourret (Helianthemum canum subsp. pourretii), Brome dressé (Bromus erectus) (Ononido striatae-Stipetum pennatae).
Pelouses xérophiles d’ubac à Seslérie élégante (Sesleria caerulea var. elegantissima) et Raiponce (Phyteuma tenerum) (Phyteumo teneri-Seslerietum).
Groupements rupicoles à Kernérie des rochers (Kernera saxatilis), Athamanthe de Crète (Athamantha cretensis), Daphné des Alpes (Daphne alpina), Sabline velue (Arenaria hispida) (Kernero saxatilis-Arenarietum hispidae, Potentillo-Saxifragetum cebennensis).
Garrigues à Lavande à larges feuilles (Lavandula latifolia), Romarin officinal (Rosmarinus officinalis), Bruyère à nombreuses fleurs (Erica multiflora), Grémil arbustif (Lithospermum fruticosum) (Rosmarino-Lithospermetum).
Causses (Hérault, Gard, Lozère, Aveyron) : association Armerietum junceae.
Languedoc méditerranéen (Hérault, Gard) : association Phleo arenari-Sedetum anopetalae.
Vallée de la Valdaine (Drôme) et certainement ailleurs en Provence : association Phleo arenari-Sedetum anopetalae.
Habitat assez rare à très rare selon les régions. Pelouses parfois primaires, adaptées à un milieu très spécialisé. Diversité floristique élevée, avec plusieurs taxons endémiques
(Armeria girardii, Alyssum montanum subsp. psammeum). Présence de nombreuses espèces rares à très rares en France, par exemple Saponaria bellidifolia et Alyssum serpyllifolium.
États à privilégier :
Pelouse rase, ouverte à très ouverte.
Habitat toujours très morcelé et relictuel, généralement inclus au sein d’ensembles pâturés plus vastes, parfois au sein de systèmes forestiers.
Il se maintient bien dans le cas où l’érosion est active et la présence des lapins importante.
Dans les autres cas, il tend à régresser avec l’abandon du pâturage.
L’habitat fait partie intégrante de systèmes pastoraux substeppiques auquel il est fortement lié.
Actuellement, plutôt pâturage ovin, sur les causses du sud de la France notamment. Systèmes pastoraux ovin, voire caprin.
Absence de données.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)