1110-1 - Sables fins propres et légèrement envasés, herbiers à Zostera marina (façade atlantique)

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Attention

Les unités marines des Cahiers d'Habitats ne sont plus utilisées suite à la publication de l'interprétation française des HIC marins (de Bettignies et al., 2021). L’interprétation française de l'unité HIC est disponible ici, ainsi que les correspondances avec la typologie nationale d'habitats benthiques (NatHab-Atl).

Caractéristiques stationnelles

Ces avant-plages ne sont que le prolongement sous-marin, jusqu'à 15 à 20 m, des plages intertidales (étage médiolittoral) des milieux à très haute énergie. Elles se trouvent généralement face aux houles dominantes.
Selon le gradient hydrodynamique décroissant de la côte vers le large, ces sables fins (médiane de 100-200 μm) sont caractérisés par une zone de charriage au contact du médiolittoral, puis par une zone d'instabilité où la couche de surface est fréquemment remaniée par les houles et les vagues. Apparaît ensuite une zone de stabilisation hydrodynamique, et enfin une zone de stabilité sédimentaire où les remaniements sont peu fréquents, comme en témoignent les premières teneurs en particules fines (5 à 10 %). Ces zones traduisent les actions hydrodynamiques, mais ne peuvent se référer à des valeurs bathymétriques absolues.
Ce sable fin constitue un substrat très compact.

Variabilité

Elle est essentiellement liée à l'hydrodynamisme défini par la force des houles dominantes et par l'orientation de l'avant-plage par rapport à elles.
Le dépôt des particules fines, si infime soit-il, traduit la stabilisation sédimentaire. Celle-ci peut favoriser de l'installation d'herbiers à Zostera marina. En effet, les feuilles de ces phanérogames viennent atténuer l'action des houles et permettent un envasement progressif du sable au niveau de la matte de l'herbier. À ce niveau, racines et rhizomes peuvent constituer un milieu anoxique pour la faune endogée.

Espèces "indicatrices"

Cet habitat est caractérisé par des mollusques bivalves suspensivores. Ce sont les Donax trunculus et vittatus en zone de charriage, Venus (= Chamelea) gallina, Mactra stultorum en zone d'instabilité et Pharus legumen en zone de stabilisation, auxquels se joignent de nombreuses autres espèces de Mactridés, Solénidés, Cardiidés... La zone de stabilisation peut être marquée par l'apparition de bivalves déposivores comme Tellina fabula, T. serrata.
Les sables fins d'instabilité sont surtout caractérisés par la présence d'amphipodes Haustoriidae du genre Bathyporeia auxquels s'associent les polychètes Nerine bonnieri, Magelona mirabilis. Ensuite apparaissent les amphipodes tubicoles comme les Ampelisca spp. qui possèdent une structure d'habitat plus permanente.
Avec les premiers stades d'envasement, apparaissent les ophiures suspensivores Acrocnida brachiata, Amphiura filiformis, ainsi que des polychètes de plus en plus nombreuses comme Magelona alleni, Clymene oerstedii, Pectinaria auricoma. Le Spatangue Echinocardium cordatum et le crabe Corystes cassivelaunus sont également très représentatifs de cet habitat.
L'herbier à Zostera marina héberge de nombreuses espèces vagiles de crustacés et de poissons qui y trouvent abri et nourriture, c'est le cas des représentants de la famille des Syngnathidés (Entelurus aequorus, Syngnathus acus, Siphonostoma typhle, Hippocampus antiquorum, H. guttulatus...), des Gastérostéridés : Spinachia spinachia, Gasterosteus aculeatus, des Labridés... La matte d'herbier est caractérisée par des bivalves très spécifiques de ces milieux anoxiques : Loripes lacteus, Divaricella divaricata.

Confusions possibles

Il n'y a aucune confusion possible, si ce n'est avec les sables mal triés (fiche : 1110-4). L'herbier à Zostera marina caractérise bien cet habitat infralittoral, du bas de l'estran de 3 à 4 m de profondeur. Il ne doit pas être confondu avec l'herbier à Zostera noltii qui ne se développe que dans l'étage médiolittoral.

Correspondances

Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : III.3.1., III.3.4.
Typologie Marine Biotope (1996) : IMS EcorEns, IMS Zmar, IGS FabMag, CMS AfilEcor, IMS Spi Spi.
Typologie EUNIS (1999) : A4.2 et A4.5

Habitats associés ou en contact

Cet habitat infralittoral constitue le prolongement naturel des replats boueux et sableux de l'étage médiolittoral (UE : 1140), comme l'illustre la figure 4, page 72.

Répartition géographique

Les sites les plus représentatifs sont la baie de Douarnenez, la baie d'Audierne, le tombolo Etel-Quiberon, les plages de Vendée. En Manche où les courants de marée sont dominants cet habitat est plus restreint (baies de St Brieuc, de Lannion par exemple).
L'herbier à Zostera marina est présent essentiellement de la Hague au bassin d'Arcachon sur de nombreux sites abrités (archipel de Chausey, Molène, Glénan), le plus souvent sous forme de taches isolées de quelques dizaines à quelques centaines de mètres carrés. Au l'inverse, dans le bassin d'Arcachon, ce type d'herbier avoisine 400 ha.

Valeur écologique et biologique

La présence de nombreuses espèces de mollusques bivalves et d'amphipodes fait de cet habitat un milieu très diversifié, malgré le caractère peu hospitalier. Ces espèces sont la proie de nombreux prédateurs comme les oiseaux et les juvéniles de poissons plats (Sole Solea vulgaris, Turbot Psetta maxima...) pour lesquels cet habitat fait office de véritable nourricerie.
Les herbiers forment un habitat de qualité exceptionnelle. L'inventaire d'un herbier comprend généralement plus d'une centaine d'espèces, parmi lesquelles les amphipodes, les polychètes errantes et les gastéropodes constituent les groupes dominants.

Tendances et menaces

Dans ce milieu de type dispersif, où l'hydrodynamisme lié aux courants de marées et à la houle est généralement important, les possibilités de stockage des contaminants dans les sédiments sont limitées. Cependant, dans certaines zones littorales où la circulation résiduelle de marée est faible et où des apports terrigènes non négligeables d'azote inorganique ont lieu au printemps et en été, il est observé des phénomènes de prolifération d'algues vertes (Ulva spp.) Ces "marées vertes", manifestation d'une eutrophisation locale, affectent essentiellement les côtes bretonnes.
Les herbiers peuvent être endommagés, voire détruits, par des activités de dragage et de chalutage. La turbidité croissante des eaux côtières, de même que le développement local d'algues vertes, peuvent être, par réduction de l'apport de lumière, un élément défavorable pour leur maintien.

Potentialités intrinsèques de production

Ce milieu possède des capacités productives notables et constitue un maillon essentiel dans le réseau alimentaire qui conduit aux poissons démersaux. Des nourriceries de Soles, de Mulets sont fréquemment observées sur ces types de fonds.
Les activités de tourisme liées à cet habitat (pêche récréative) sont importantes ; en effet, elles ne se limitent pas qu'à l'habitat médiolittoral (UE : 1140), mais débordent dans l'infralittoral lors des grandes marées de vives-eaux.

Modes de gestion recommandés

Dans le domaine halieutique, les pratiques de chalutage ne causent a priori pas de dommages irrémédiables, car cet habitat subit naturellement des remaniements de son substrat, du fait d'un hydrodynamisme important. Cependant, la présence de nourriceries implique une protection locale vis-à-vis de ce type de pêche.
La préservation des herbiers à Zostères suppose l'interdiction du chalutage et des dragages, ainsi qu'une limitation, voire une interdiction, des ancrages de bateaux dans ces zones, et à leur périphérie.
Une diminution sensible des apports en azote sur le littoral, et prioritairement dans les zones peu dispersives, doit être envisagée pour réduire les marées vertes et leurs effets secondaires.
Toute demande d'exploitation de ce milieu nécessite des procédures renforcées d'études d'impact et un suivi des qualités de l'eau, mais aussi des sédiments. Sur un plan général il est possible de se référer au cas des Posidonies (Posidonia oceanica) pour l'ensemble des herbiers des côtes de France.

Axes de recherche

La compréhension du rôle trophique des zones de nourriceries, l'analyse de leur capacité de production, la sensibilité des peuplements benthiques à la prédation par les poissons, l'analyse des facteurs favorisant la fréquentation de cet habitat par les espèces démersales, constituent autant d'axes de recherche à développer dans le domaine halieutique.
L'inventaire des herbiers et des populations animales qu'ils hébergent reste encore à mener dans certains secteurs et le suivi de leur évolution doit être envisagé.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliography

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