9420-1 - Cembraies à Myrtille et Rhododendron

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat des Alpes internes le plus souvent (et des Alpes intermédiaires).
Installé aux expositions les plus fraîches (nord et est), s’affai- blissant sur versant ouest ; en subalpin supérieur (au-dessus de 1 950 m) ; présence de quelques vieux Mélèzes et Aroles de taille réduite jusqu’à 2 400 m ou plus.
Sur schistes lustrés et diverses roches siliceuses.
Sols lessivés à sols podzoliques plus ou moins marqués.
Le climat froid et la présence d’Ericacées très développées entraînent l’accumulation d’humus très épais.
L’évolution des sols est plus poussée sous Rhododendron ou Myrtille que sur pelouse.

Variabilité

Variations géographiques :
- race de la vallée de Chamonix avec pénétration de l’Aulne vert (Alnus viridis), Camarine (Empetrum hermaphroditum), Gentaine pourpre (Gentiana purpurea), divers Lycopodes… ;
- race de Tarentaise avec des exemples de dynamique Épicéa —› Cembraie, et des Cembraies à Linnée boréale (Linnaea borealis) ;
- race de Maurienne sur schistes lustrés, grès, quartzites :
a) variante à Rhododendron ;
b) variante à Myrtille ;
c) variante pâturée à Pâturin de Chaix (Poa chaixii), Millet dif- fus (Millium effusum), Pâturin des bois (Poa nemoralis), Trisète dorée (Trisetum flavescens) ;
- race du Briançonnais avec Pédiculaire incarnate (Pedicularis rostrato-spicata), Liondent helvète (Leontodon helveticus)… ;
- race du Queyras, de l’Ubaye, de l’Embrunais à Gentiane de Villars (Gentiana villarsii) :
a) variantes à Rhododendron, Myrtille ;
b) variantes pâturées ;
c) variantes sèches à Lichens ;
- race des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes :
a) variante typique ;
b) variante hygrocline à Impératoire (Peucedanum ostruthium), Oseille à feuille d’Arum (Rumex arifolius).

Variations selon le degré de maturation :
- variante à Myrtille correspondant au degré de maturation le plus élevé ;
- variante à Rhododendron, correspondant à une phase de prématurité.

Physionomie, structure

La strate arborescente (futaie claire, d’aspect régulier) est dominée par le Pin cembro ; le Mélèze est moins bien représenté sauf dans les peuplements jeunes ; l’Épicéa peut être à l’état dispersé. La strate arbustive est dominée par le Rhododendron ferrugineux (Rhododendrum ferrugineum) auquel s’ajoute le Camerisier bleu (Lonicera caerulea).
La strate basse est dominée par la Myrtille, l’Airelle rouge et entre les taches d’Ericacées par la Luzule des bois (Luzula sieberi), la Fétuque jaunâtre (Festuca flavescens).
La strate muscinale est fournie : Rhytidiadelphus triquetrus, Hylocomium splendens, Dicranum scoparium, Pleurozium schreberi…

Confusions possibles

Avec la cembraie d’adret à Genévrier nain.

Dynamique

Spontanée :
Cf. schéma du cahier d'habitat.

Liée à la gestion :
Cembraie constituée gérée en futaie jardinée.
Beaucoup de surfaces potentielles autrefois déboisées pour le pâturage.

Habitats associés ou en contact

Végétation des fentes de rochers (UE : 8210 et 8220).
Éboulis (UE : 8110 et 8120).
Végétation de dalles rocheuses (UE : 8230).
Divers types de pelouses, selon les régions, selon le substrat, selon les pratiques, certaines étant concernées par la directive ; dont nardaies (UE : 6230*).
Landines à Empetrum, Vaccinium uliginosum, Landines à Loiseleuria procumbens et Landes à Rhododendron (UE : 4060).
Mégaphorbiaies (UE : 6430).
Aulnaies vertes.
Pessières du subalpin inférieur (UE : 9410).

Répartition géographique

Ensemble des Alpes internes avec débordement de l’aire sur une partie des Alpes intermédiaires ; à l’étage subalpin supérieur (> 1 900 m).
Nous rappelons que les stations les plus occidentales où le Pin à crochets est souvent présent avec Mélèze et Pin cembro ne sont pas concernées. (Code Corine : 41.33).

Valeur écologique et biologique

Les cembraies mûres, en équilibre sont assez peu étendues (à l’exception de certaines régions : Queyras).
Flore représentative de l’étage subalpin.
—› Type d’habitat représentatif de l’étage subalpin supérieur. Mosaïque d’habitats du plus grand intérêt (forêt, landes, landines, espaces rocheux, pelouses) par le grand nombre de niches offertes à la faune et à la flore.

États de conservation

États à privilégier :
Futaie de cembro y compris à l’état de semis envahissant les pelouses.
Peuplement mélangé de cembro avec du mélèze (parfois un peu d’épicéa, de pin à crochets, de pin introgressés sylvestre à crochets).
Peuplements pionniers de mélèze avec des semenciers de cembro pas trop éloignés.

Autres états observables :
Rhodoraies de substitution (cf. fiche correspondante).

Tendances et menaces

Type d’habitat tendant à se reconstituer sur l’ensemble de son aire sur le plan de la densification des peuplements.
Il tend également à s’étendre du fait de la baisse des activités pastorales.
L’augmentation des populations de Casse-Noix favorise la progression du Pin cembro.
Menaces éventuelles :
- les aménagements de sports d’hiver mal intégrés.

Potentialités intrinsèques de production

Entre 1800 et 2300 m d’altitude, il ne faut pas s’attendre à de fortes productivités de la part de ces cembraies certes mésophiles mais encore claires après avoir subi une forte action séculaire du pâturage. Une production de 1,8 m3/ha/an a été observée dans un site : pour le type, elle doit varier entre 1,5 et 2,0 m3/ha/an.
Depuis quelques années, le prix des bois est devenu extrêmement valorisant pour les arbres bien conformés, de bonne dimension et encore sains (plus de 1 000 F/m3 pour une utilisation en menuiserie).

Axes de recherche

Études permettant de préciser la dynamique cyclique de ce type d’habitat, la régénération et la dynamique des populations d’Ericacées.
Études complémentaires permettant de préciser la variabilité écologique et floristique de ces cembraies sur l’ensemble de leur aire.

Bibliography

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)