9420-3 - Cembraies à Calamagrostis villeux

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat des Alpes internes.
Installé aux expositions fraîches (nord, nord-ouest) en subalpin au-dessus de 2 000 m ; souvent sur gros éboulis, crêtes rocheuses ; sur schistes lustrés, grès, quartzites.
Dérive également de la recolonisation de mégaphorbiaies à Calamagrostis villosa.
La plus grande abondance du Mélèze entraîne une atmosphère plus sèche au niveau du sol.
Les sols sont moins évolués (moins acidifiés) : sols lessivés légèrement podzolisés.
L’accumulation de la matière organique est faible ou nulle (humus de type moder à mull). La lumière permet une bonne minéralisation.
—› Influence des graminées et de la lumière sur le sol.

Variabilité

Variations géographiques :
Des études restent à faire pour préciser l’aire de répartition de ce type :
- race de la Maurienne :
a) variante à Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa) dominant la strate herbacée ;
b) variante avec espèces prairiales dans les peuplements pâturés ;
- race du Queyras à Gentiane de Villars (Gentiana villarsii) ;
- race des Alpes-Maritimes installée dans les petites dépressions entaillant les versants (exemple : Vésubie).

Physionomie, structure

Les peuplements se présentent sous forme d’une futaie régulière où la densité des arbres est faible. Le Mélèze est bien représenté et le plus souvent plus abondant que le Pin cembro.
On peut noter l’extrême rareté de la régénération des essences (concurrence mécanique et physiologique exercée par la Calamagrostide velue : lacis de racines et de radicelles très denses) —› seulement là où se rencontrent le Géranium des bois, l’Alchemille vulgaire… Les Ericacées sont faiblement représentées.
Le tapis herbacé est constitué essentiellement par la Calamagrostide velue, les autres espèces étant plutôt dispersées.
Strate muscinale assez riche en espèces (Dicrane à balais, Hypne de Schreber…).

Confusions possibles

Avec les cembraies à Rhododendron ou à Cotonéaster où la Calamagrostide velue peut être présent mais très dispersée.

Dynamique

Spontanée :
Cf. schéma du cahier d'habitat.

Liée à la gestion :
Parfois peuplement clair sur la pelouse à Calamagrostis (Mélèze et Pin cembro dispersés) du fait de l’exploitation et par ailleurs des difficultés de régénération.

Habitats associés ou en contact

Végétation des fentes de rochers (UE : 8210 et 8220).
Éboulis (UE : 8110 et 8120).
Végétation de dalles rocheuses (UE : 8230).
Divers types prairiaux (prairies à Trisète ou à Poa alpina) fertilisés par les animaux (UE : 6520).
Landines à Empetrum, Vaccinium uliginosum (UE : 4060).
Landines à Loiseleuria procumbens (UE : 4060).
Landes à Rhododendron (UE : 4060).
Formation à Saules bas (UE : 4080).
Mégaphorbiaies à Calamagrostis villosa, à Adenostyle alliariae (UE : 6430).
Aulnaies vertes.
Pessières du subalpin inférieur (UE : 9410).

Répartition géographique

Se rencontre en certains points de la chaîne alpine, au niveau des Alpes internes.
Décrit en Maurienne, Queyras. Son aire exacte reste à préciser.

Valeur écologique et biologique

Peuplements en cours d’évolution n’ayant pas atteint son stade de maturité.
—› Peuplement forestier sur un sous-bois de mégaphorbiaies à Calamagrostis villosa.
Sinon flore représentative de l’étage subalpin supérieur.
—› Type d’habitat représentatif de l’étage subalpin supérieur.
Mosaïque d’habitats du plus grand intérêt (forêt, landes, landines, espaces rocheux, pelouses) par le grand nombre de niches offertes à la faune et à la flore.

États de conservation

États à privilégier :
Futaie mélangée de Pin cembro et de Mélèze.
Peuplements pionniers plus ou moins pâturés dominés par le Mélèze.

Autres états observables :
Mégaphorbiaies « mésophiles » à Calamagrostis villosa, cf. fiche correspondante.

Tendances et menaces

Type d’habitat tendant à s’étendre du fait de la baisse des activités pastorales.
Maturation lente de mélézeins du fait de la disparition des troupeaux, remplacés par le Pin cembro.
La maturation lente, le retour des Ericacées devraient à long terme ramener ce type d’habitat à l’état de cembraie à Ericacées.
Menaces éventuelles :
- les aménagements de sports d’hiver mal intégrés.

Potentialités intrinsèques de production

Ce type d’habitat, installé dans des conditions plus sèches que le type cembraie à myrtille et rhododendron (fiche : 9420-1), est donc peu productif d’autant plus qu’il est très clairièré. On ne trouvera guère de production dépassant 1 m3/ha mais l’évolution vers des peuplements plus denses l’accroîtra.

Axes de recherche

Mettre au point des techniques peu onéreuses et fiables de régénération.
Études complémentaires nécessaires pour préciser l’aire de distribution de ce type d’habitat.
Études sur les possibilités de régénération du Pin cembro et sur la dynamique lente du tapis herbacé en liaison avec l’évolution du couvert arborescent.

Bibliography

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)