Site de la directive "Habitats, faune, flore"
Base de référence : Juillet 2024.
Mise à jour annuelle de la liste SIC - publication au JO UE : 02/02/2024 (à partir de la base : décembre 2022)
Type : B (pSIC/SIC/ZSC)
Code du site : FR2300122
Compilation : 31/12/1995
Mise à jour : 12/04/2024
Appelation du site : Marais Vernier, Risle Maritime
Dates de désignation / classement :
Classes d'habitats | Couverture |
---|---|
Marais (vegetation de ceinture), Bas-marais, Tourbières, | 34% |
Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées | 31% |
Autres terres arables | 24% |
Forêts caducifoliées | 8% |
Pelouses sèches, Steppes | 1% |
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) | 1% |
Marais salants, Prés salés, Steppes salées | 0% |
Rivières et Estuaires soumis à la marée, Vasières et bancs de sable, Lagunes (incluant les bassins de production de sel) | 0% |
Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana | 0% |
Galets, Falaises maritimes, Ilots | 0% |
Le Marais Vernier Vaste dépression semi-circulaire de 4500 ha inscrite dans un ancien méandre de la Seine, le Marais Vernier possède une valeur patrimoniale exceptionnelle sur les plans paysager et biologique. Formé d'une grande tourbière au sud - aujourd'hui la plus importante de France en cubage de tourbe - et d'un polder au nord, gagné sur l'estuaire du fleuve après l'endiguement du XIXème, le Marais Vernier tient de sa zone tourbeuse la majeure partie de son intérêt. Comme les autres méandres la formation du Marais est liée aux grandes glaciations du quaternaire qui déterminèrent l'encaissement de la vallée. Au pleistocène inférieure (- 1 million d'années) la Seine coule à 65/70 mètres d'altitude sur l'emplacement de la future Pointe de la Roque, comme en témoigne un méandre fossile situé au sommet de la pointe. Le pleïstocène moyen et supérieur assistent à une succession de transgressions et régressions tandis que les méandres migrent vers l'aval, aboutissant vers - 60 000 ans au creusement du coteau de pourtour du Marais Vernier. La capture du méandre a lieu au cours de la dernière glaciation vers - 15 000 ans. Au cours de la transgression flandrienne, la cuvette du Marais Vernier se couvre d'alluvions et dès - 7000 ans apparaissent des lits de tourbe plus ou moins épais entre les alluvions. La dernière couche plus épaisse s'est constituée derrière un bourrelet alluvial dont la rupture vers 4000 ans a induit un dépôt d'alluvions important dans la partie ouest du Marais Vernier. La couche superficielle de tourbe n'a donc pas la même épaisseur sur l'ensemble du Marais, elle atteint plus de 6 mètres à l'est de la tourbière. A l'époque historique, le Marais Vernier a connu des phases successives d'aménagement et de travaux qui ont influencé les milieux actuellement en présence. La plus importante est sans doute la grande tentative d'assèchement réalisée en 1950 et financée par le plan Marshall. La Risle maritime Affluent de la Seine au niveau de son estuaire, les formations alluviales de la basse vallée sont d'origine fluviatile et marine. Le cours inférieur de la Risle a été profondément modifié au début du siècle pour améliorer sa navigabilité. Aujourd'hui cette rivière n'est plus utilisée à cet effet.
Ensemble remarquable incluant le Marais Vernier, la basse vallée de la Risle et les coteaux du pourtour. La richesse de ce site tient à la fois de sa grande diversité de milieux - 24 habitats d'intérêt communautaire dont 4 prioritaires- et de la qualité de ceux-ci - 20 espèces d'intérêt communautaire, de nombreuses espèces : plantes, oiseaux, batraciens,... dont plusieurs espèces pour lesquelles ce site constitue la seule station de Normandie Orientale. Le Marais Vernier constitue une des plus grandes tourbières françaises. Son originalité est due, entre autres, à la présence d’une mosaïque de milieux acides et alcalins. La proximité de l'estuaire de la Seine donne aux marais de ce site un rôle fonctionnel et un intérêt biologique accru, notamment pour les oiseaux (ensemble classé en Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux). Les coteaux et les pentes boisées du pourtour du Marais Vernier et de la vallée de la Risle sont à inclure dans le site pour assurer la continuité biologique d'une part et du fait de leur propre intérêt d'autre part : 3 habitats de l'annexe I. Bien qu'en partie dégradée par l'agriculture intensive la partie alluvionnaire du Marais Vernier doit être incluse dans le site ; elle présente en effet une richesse en Triton crêté importante (annexe II de la directive). De plus, elle assure la continuité biologique entre l'estuaire et le marais tourbeux. Situé en limite de l'aire atlantique et nord-atlantique, le site possède également un intérêt biogéographique à prendre en compte dans le cadre du réseau Natura 2000.
L'objectif principal du site, pour le bon état de conservation des habitats et espèces d'intérêt communautaire est la bonne fonctionnalité des milieux forestiers et ouverts, et particulièrement celle des habitats humides alluvionnaires et tourbeux. Pour les habitats humides, les pressions exercées et les solutions à développer liées au drainage et à l'accès à l'eau sont multiplies selon les usages et les saisons. Le maintien et la restauration de milieux ouverts humides (remise en herbe, débroussaillement, niveaux d'eau suffisants, gestion écologique ou agricole extensive) concourt à l'atteinte de cet objectif. Le bon état de conservation des milieux forestiers assure l'habitat d'une flore et d'espèces forestières diverses en fonction des conditions stationnelles et garantit une continuité latérale sur le site, de la forêt vers la zone humide nécessaire notamment aux amphibiens. Les habitats et espèces aquatiques bénéficient également de la bonne fonctionnalité des zones humides comme les mares et particulièrement des continuités latérales de la Risle ou de la Seine vers les réseaux hydrauliques. Les espèces exotiques envahissantes les plus problématiques sur le site sont : *la Crassule de Helms qui a été observée pour la première fois en juin 2020 sur une mare à gabion de la commune de Marais Vernier. Sa forme aquatique est observée sous forme de coussins flottants, en mélange avec d’autres espèces pour une surface totale cumulée de 100m². Sa forme terrestre tapissante et dense supplante les gazons amphibies, *la Jussie à grandes fleurs qui colonise le réseau hydraulique. En raison de la densité des réseaux hydrauliques et des nombreux habitats favorables à l'implantation de l'espèce (fossés, mares, gabions, etc.), l’enjeu de dissémination de l’espèce est très important, *les ragondins et rats musqués (impact négatif sur la reproduction de la Bouvière par consommation des bivalves aquatiques), *la perche soleil (39% des prises réalisées en 2020 par le PnrBSN dans les réseaux hydrauliques du marais Vernier et pêchée en 2020 dans le réseau hydraulique de Conteville), *et le crabe chinois qui pullule. L'espèce est connue dans le fossé de ceinture, ce qui laisse à penser qu'elle est présente sur l'ensemble du réseau primaire.