Site de la directive "Habitats, faune, flore"
Base de référence : Juillet 2024.
Mise à jour annuelle de la liste SIC - publication au JO UE : 02/02/2024 (à partir de la base : décembre 2022)
Type : B (pSIC/SIC/ZSC)
Code du site : FR3102007
Compilation : 11/03/2022
Mise à jour :
Appelation du site : Le Marais de Villiers
Dates de désignation / classement :
Classes d'habitats | Couverture |
---|---|
Marais (vegetation de ceinture), Bas-marais, Tourbières, | 85% |
Forêts caducifoliées | 10% |
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) | 5% |
Le marais de Villiers, d’une surface de 20,6 hectares est constitué de deux secteurs distincts. Au nord un secteur pâturé d’environ 10 ha présentant un gradient de végétations hygrophiles ponctuées de lentilles tourbeuses éparses. Au sud, un secteur de bas-marais de même superficie où tremblants, roselières, gouilles et fossés s’entremêlent.
Au total sur les 263 taxons floristiques observés sur le marais entre 2013 et 2021, 10 espèces sont inscrites à la liste rouge nationale dont trois sont considérées comme vulnérables au niveau français, 32 sont protégées à l’échelle régionale ou nationale et 69 sont considérées comme d’intérêt patrimonial à l’échelle des Hauts-de-France. La richesse de la flore fait du marais de Villiers l’un des principaux sites pour des espèces dont la présence est exceptionnelle dans les Hauts-de-France : le Rubanier nain (Sparganium natans), le Blysme comprimé (Blysmus compressus), la Laîche arrondie (Carex diandra) et la Laîche blonde (Carex hostiana). Concernant la faune, de nombreuses espèces sont exceptionnelles à très rares dans la région. On citera à titre d’exemple : trois espèces d’araignées (Larinia jeskovi, Mendoza canestrinii et Robertus arundineti) ou encore la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides), oiseau nicheur régulier sur le site. Au total sur le marais de Villiers, 30 syntaxons ont été identifiés (données CEN et Digitale2) entre 1997 et 2022. 22 syntaxons sont d’intérêt patrimonial en Nord-Pas-de-Calais (d’après CRP/CBNBL., 2016) dont 10 ayant un statut de menace égal ou supérieur à « En danger » et 14 syntaxons dont la menace en Nord-Pas-de-Calais est supérieure à « Très rare ». Au total, les végétations patrimoniales recouvrent approximativement 60 % de la surface du site. Il faut souligner la responsabilité majeure du marais de Villiers pour la conservation de certaines de ces végétations : - Gazon amphibie à Mouron délicat et Eleocharide pauciflore (Anagallido tenellae - Eleocharitetum quinqueflorae) [DH :7230-1] : Ce gazon atlantique n’est connu en région que des marais de la plaine maritime picarde où il est dans le meilleur état de conservation, de la carrière de Dannes et de la vallée de la Somme. Dans le Laonnois, le Clermontois et la Brie, il semble qu’il soit présent sous forme très fragmentaire. Il est ainsi considéré comme très rare et en danger critique d’extinction en Nord-Pas-de-Calais et est également un habitat naturel d’intérêt majeur à l’échelle du bassin parisien (FRANCOIS., PREY. et al., 2012). On peut donc considérer la Plaine maritime picarde comme le bastion absolu de cette association (son aire de répartition va du Finistère sud à la Champagne). Dans un contexte de dégradation et de vieillissement généralisé des marais tourbeux, cette végétation apparaît comme un bon indicateur du fonctionnement des tourbières actives et traduit donc une grande qualité de l’écosystème. - La Cariçaie à Jonc à fleurs obtuses et Laîche filiforme (Junco subnodulosi - Caricetum lasiocarpae) [DH 7140-1] : ce radeau flottant de petites laîches situé dans les niveaux topographiques inférieurs, abrite de nombreuses espèces typiques des bas-marais comme le Liparis de Loesel (Liparis loeselii, Ann. II de la DHFF). L’aire de répartition de cette végétation est probablement nord-atlantique ; en France, elle pourrait s’étendre de la Normandie occidentale à la Champagne et la Bourgogne et l’Île-de-France. Elle reste toutefois extrêmement localisée du fait des conditions écologiques nécessaires à son développement. En région, les rares stations encore existantes sont localisées en Plaine maritime picarde, dans les vallées de la Somme et de l’Avre et dans les marais de la Souche. La description originale de cette association émane de la Plaine maritime picarde (Wattez, 1968). - L’Herbier à Scorpidion faux-scorpion et Utriculaire naine (Scorpidio scorpioidis – Utricularietum minoris) [DH 3160-1] : cet herbier immergé de petites plantes carnivores (utriculaires), associées à des mousses et des Characées est une végétation à caractère subatlantique boréal avec des disjonctions dans les massifs montagneux calcaires (Jura par exemple), inféodée aux eaux très riches en carbonate de calcium et pauvres en nutriments. Elle est répartie principalement dans le nord-ouest de l’Europe, mais reste toujours rare dans de nombreuses zones humides de la France non méditerranéenne. En région, cette association est considérée comme exceptionnelle car localisée dans la Plaine maritime picarde et dans la vallée de la Somme principalement. - La Prairie naturelle à Jonc subnoduleux et Choin noirâtre (Junco obtusiflori - Schoenetum nigricantis [DH 7230-1]: cette pelouse hygrophile héberge à Villiers des espèces d’intérêt patrimonial majeur (Liparis loeselii, Carex hostiana, Pedicularis palustris...). L’association possède une aire nord-atlantique centrée sur le nord-ouest du Bassin parisien. Les relevés d’Irlande sont appauvris, sans doute pour des raisons chorologiques. Les relevés de Bretagne sont légèrement appauvris, peut-être pour des raisons écologiques (le sol pourrait être moins alcalin). Vers l’est (Aisne, Champagne-Ardenne), l’association s’exprime sous une race subcontinentale (de FOUCAULT, 1984), faisant la transition avec l’Orchido palustris – Schoenetum nigricantis Oberdorfer 1957. Sa distribution a probablement beaucoup régressé en un siècle. Les communautés de la Plaine maritime picarde, globalement en bon état de conservation, doivent donc être considérées comme d’une importance majeure pour la conservation de cette association.
Vulnérabilité : Le marais se trouve sous l’influence de facteurs externes, du fait de sa situation en contact avec une vaste région d’agriculture intensive. Toutefois, les espèces et habitats sont aussi soumis à des facteurs internes (abandon de pratiques, drainage). Il sera nécessaire de bien identifier les menaces, notamment en termes de fonctionnement hydrologique.