"Habitats, fauna, flora" directive site
Reference database: Juillet 2024
Annual update of the list SCI - publication in the OJ EU : 02/02/2024 (from the database: 02/02/2024).
Type : B (pSIC/SIC/ZSC)
Site code : FR4301348
Compilation : 30/11/1995
Updated : 31/05/2012
Site name : Piémont vosgien
Designation dates :
Habitat classes | Cover |
---|---|
Forêts caducifoliées | 61% |
Forêts mixtes | 20% |
Forêt artificielle en monoculture (ex: Plantations de peupliers ou d'Arbres exotiques) | 10% |
Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées | 2% |
Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente | 2% |
Prairies ameliorées | 2% |
Pelouses sèches, Steppes | 1% |
Autres terres (incluant les Zones urbanisées et industrielles, Routes, Décharges, Mines) | 1% |
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) | 1% |
Cette tête de bassin essentiellement forestière couvre le piémont des Vosges dans le Territoire de Belfort. La qualité des eaux des ruisseaux est optimale ; ils s'écoulent dans des vallées étroites où le maintien d'herbages est difficile. Les forêts feuillues ont été largement enrésinées (plantation) faisant largement régresser les chaumes occupant anciennement les têtes de relief.
L’ensemble du site, inscrit dans le Piémont vosgien, forme la partie septentrionale du Territoire de Belfort située au sud-est du Ballon d'Alsace. Cette zone montagneuse, constituée par des formations gréseuses relevées à la faveur du rajeunissement des Vosges (éruption des ballons des hautes Vosges), alternant avec des roches d'origine volcanique. Du nord au sud, des terrains d’altitude décroissante de plus en plus récents, complètent cette série. Sur ce domaine, les massifs forestiers sont abondamment développés (plus de 90% de la surface du site). Les situations topographiques et d’exposition variées sont à l'origine d'un large éventail de groupements végétaux. Toutefois, le recouvrement majoritaire en terme d’habitats d’intérêt communautaire est constitué de hêtraies à luzules et à aspérule (luzulo-fagetum et de asperulo-fagetum). A l'étage collinéen (entre 400 et 700 m environ), l’influence de l'exposition se fait déjà sentir. Si le chêne abonde sur les versants sud à ouest, en compagnie du hêtre, il disparaît en revanche complètement dans des conditions plus fraîches : - sur les versants bien exposés, dans les zones de rupture de pente et sur les hauts de versants, la hêtraie-chênaie acidiphile* (Fago-Quercetum) domine. Elle est relayée, en bas de versant, par des groupements où le charme apparaît. Il s'agit alors d'une chênaie-hêtraie-charmaie acidicline* à mésoacidiphile*, - les versants en exposition froide sont le domaine de la hêtraie-sapinière (Abieti-Fagetum). Les peuplements sont le plus souvent dominés par le hêtre. En contexte acide, le tapis herbacé est souvent peu recouvrant, - dans les vallons encaissés se développe l’aulnaie-frênaie (Carici remotae Fraxinetum), - dans les zones de replat où les suintements sont abondants, les sols hydromorphes accueillent une aulnaie marécageuse marquée par une strate herbacée recouvrante localement exubérante. A l'étage montagnard (entre 650 et 1100 m environ) les conditions de topographie, d'exposition et de microclimat ont une influence prépondérante : - dans la partie supérieure des versants bien exposés, dans les zones de rupture de pente de ces mêmes versants, la hêtraie ou hêtraie-sapinière acidiphile à luzule domine (Luzulo-Fagetum). Le chêne existe encore sous forme de pieds isolés ou à l’état de semis, - dans la même situation topographique, mais en exposition froide, le sapin est plus représenté. Les peuplements sont localement monospécifiques (hêtre ou sapin exclusif). La richesse du sol est source de diversité de groupements (Abieti-Fagetum, Mercurialo-Abietum, Milio-Fagetum, Luzulo-Fagetum), - sur les crêtes sommitales aux environs de 1100 m, c’est le domaine de la hêtraie-érablaie d’altitude. Elle est peu recouvrante sur le site et les peuplements en bon état de conservation sont résiduels (Aceri Fagetum), - la frênaie-érablaie s’étire en fond de vallon le long des « Gouttes », voir dans les zones de ravins où la lunaire vivace apparaît sporadiquement (Stellario-Alnetum glutinosae – Aceri-Fraxinetum – habitat prioritaire), - sur sols hydromorphes se développe une aulnaie marécageuse (Alno Macrophorbietum) ou ponctuellement une formation herbacée haute dense intraforestière (Mégaphorbiaie), - une mosaïque originale d’habitats forestiers et rocheux caractérisée par un couvert forestier clair se développe sur un éboulis stabilisé à Riervescemont (Blanc Murger). Le hêtre et le sapin sont accompagnés du bouleau, de l'érable sycomore, de l'alisier blanc, du frêne, du sorbier des oiseleurs, du tilleul à grandes feuilles, du chêne sessile et du noisetier. Le tapis herbacé, recouvrant en ubac, à l’inverse clairsemé en adret est diversifié (strate muscinale, fougères, ronce et myrtille), - les escarpements rocheux et falaises, où se développe un groupement spécifique (végétation chasmophytique), alimentent parfois un éboulis présentant une végétation clairsemée (Eboulis siliceux), ou un boisement majoritairement dominé par l’érable sycomore et/ou le Tilleul. L’érablaie sur éboulis est un habitat d’intérêt prioritaire et peu recouvrant sur le site (Tillio-Aceretum). Les forêts mixtes (17 % de la surface forestière) et résineuses à base de sapin (10%) se concentrent dans le quart nord-est du site alors que les forêts feuillues (54 %) se développent essentiellement au sud-est. Les forêts résineuses issues de plantations couvrent 19% de la surface forestière du site. La crête ne reste que localement le domaine des chaumes (Tremontkopf, Baerenkopf) colonisées par des formations herbacées d’altitude à Gentiane. Après la déprise agricole et l'abandon des pratiques, la forêt a largement progressée sur les crêtes et en fond de vallées. Les pentes sont entaillées par trois vallées aux versants occupés par des prairies pâturées mésophiles (Arrhena-theretea elatioris) installées sur des sols relativement pauvres. L’abandon des surfaces est encore actif en tête de vallée au détriment des formations herbeuses à Nard raide (pelouses acidiclines d’intérêt prioritaire). La faible perméabilité du substratum favorise l'existence d'un réseau hydrographique dense, alimenté par des précipitations abondantes. Le site est en tête de bassin versant où naissent la Rosemontoise, la Madeleine et la Saint-Nicolas. Ces cours d’eau principaux sont issus de nombreuses « gouttes » qui prennent leurs sources entre 600 et 1000 m d’altitude. Dès l'élargissement de la vallée (Vescemont, Rougegoutte), de nombreux canaux, témoins de l'importance passée de l'irrigation et de l’alimentation pour les étangs, implantés en périphérie du site, sillonnent dans un agro-système où se localise la majorité des surfaces de prairie de fauche d’intérêt communautaire. La Rosemontoise se jette dans la Savoureuse à Valdoie après un parcours de 17,5 km. La Madeleine prend sa source à une altitude de 780 m sur la commune de Lamadeleine-Val-des-Anges et rejoint la Saint-Nicolas après un parcours de 25 km. La Saint-Nicolas prend sa source sur la commune du même nom, à 650 m d’altitude, et rejoint la Madeleine à Bretagne, pour former la Bourbeuse. La situation actuelle de la qualité des eaux oscille entre les classes 1A (normale) et 1B (pollution légère) avec des valeurs d'indice biologique global variant de 16 à 19/20. L'objectif est la classe 1A sur l'ensemble du réseau. Ce secteur du Piémont vosgien présente un très haut intérêt patrimonial. Plusieurs populations d'écrevisse à pieds blancs sont parmi les plus riches du réseau hydrographique franc-comtois. Le chabot est également présent dans ces mêmes configurations écologiques. Les petits systèmes latéraux d'eau vive représentent d'importants territoires de fraie pour la truite, bien représentée sur le secteur. La végétation riveraine est constituée de cordons continus d'aulnes (secteur d’Eloie par exemple), généralement bien entretenus, à l'extérieur d'intéressants groupements à pétasites et faux roseaux qui fixent les champs de galets et de graviers. Les ruisseaux du secteur sont d’excellente qualité dans les parties supérieures mais leurs peuplements sont fragiles et leur végétation rare. Leurs ripisylves doivent également faire l’objet d’une attention particulière. Quelques habitats naturels à eaux stagnantes oligotrophes sont présents dans le site (dont l’Etang Collin qui héberge également une population de loche d’étang). Ce réseau est également imbriqué avec des zones humides qui hébergent quelques populations d’insectes intéressantes comme le damier de la succise, un papillon dont le cycle de développement se déroule en partie sur la plante hôte éponyme. Concernant les oiseaux, les inventaires ont permis de confirmer l’intérêt des secteurs forestiers et des secteurs agricoles gérés de manière extensive. Ainsi les massifs forestiers avec la présence de nombreux pics et en particulier le pic noir dans les hêtraies souvent en association avec la chouette de Tengmalm qui réutilise les anciennes loges du plus grand pic de nos régions. Le pic mar et le pic cendré qui affectionnent les forêts plus claires du Piémont vosgien. La bondrée apivore, se reproduisant en forêt et se nourrissant d’hyménoptères en milieux ouverts, est également présente. Concernant la gélinotte, sa présence effective n’a pu être confirmée. Les agrosystèmes et milieux ouverts prairiaux, pâturés et/ou fauchés, comportant des réseaux de haies et des bosquets sont intéressants pour la pie-grièche écorcheur, prédatrice d’insectes et de micromammifères (notamment les rongeurs). Le site du Piémont vosgien abrite également les deux espèces de milans, noir et royal, ce dernier étant particulièrement rare et menacé.
Les groupements forestiers décrits sont bien représentés sur ce secteur de Piémont vosgien, de façon plus ou moins localisée. Il faut cependant noter que de très vastes surfaces sont enrésinées artificiellement. Un grand nombre de plantations sont encore jeunes. Par suite d'une déprise agricole très marquée, l'ensemble des milieux ouverts est particulièrement menacé par l'extension spontanée ou provoquée des boisements. L'espace riverain des cours d'eau, bien représenté dans les hauts de vallées, est particulièrement sensible aux interventions mécaniques. Vers l'aval, il est fréquemment artificialisé de façon désordonnée en de nombreux points des réseaux hydrographiques. Rejets d'étangs et de carrières sont également à l'origine de modifications des habitats aquatiques sur des sites sensibles à l'impact thermique, au lessivage des sols et au flux de matière en suspension. L'existence d'ouvrages insuffisamment entretenus crée des conditions de déplacement difficile, notamment pour la truite, à l'occasion de la remontée vers les frayères. Ce manque d'entretien nuit également à la stabilité des cours d'eau.