Site de la directive "Oiseaux"
Base de référence : Juillet 2024.
Type : A (ZPS)
Code du site : FR4312002
Compilation : 28/02/2002
Mise à jour : 06/06/2014
Appelation du site : Massif du Risoux
Dates de désignation / classement :
Classes d'habitats | Couverture |
---|---|
Forêts de résineux | 60% |
Forêts mixtes | 30% |
Forêts caducifoliées | 6% |
Marais (vegetation de ceinture), Bas-marais, Tourbières, | 1% |
Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente | 1% |
Pelouses alpine et sub-alpine | 1% |
Pelouses sèches, Steppes | 1% |
Le Massif du Risoux constitue une structure anticlinale qui domine l'accident de Morez situé au sud-ouest. Cet anticlinal se poursuit au delà de la frontière suisse jusqu'à l'accident de Vallorbe-Pontarlier. Son altitude varie entre 1250 et 1300 m et ses limites topographiques sont marquées par des escarpements importants. L'intense érosion glaciaire a façonné le relief du replat sommital en d'immenses dépressions et combes étroites au fond desquelles les masses d'air froid plus denses restent prisonnières. Sur les sommets, l'eau et le gel ont sculpté les dalles calcaires compactes en lapiaz.
La hêtraie-sapinière représente le stade climacique* de l'étage montagnard* supérieur et occupe les secteurs d'altitude inférieure à 1200 - 1300 mètres, sur les pentes moyennes et faibles. Le peuplement est dominé par le hêtre et l'épicéa, le sapin étant inégalement réparti (absent dans la partie sud). La nature des sols et la régénération naturelle du hêtre, très dynamique sur certains secteurs (petites propriétés privées des bordures, certaines parcelles de forêt communale) peut induite l'existence de hêtraies denses et monospécifiques. Quelques anciens prés-bois sont colonisés par des peuplements presque purs d'épicéas. A ces exceptions près, les hêtraies sapinières sont traitées en futaie jardinée si bien que le sous-bois, toujours frais, est particulièrement riche en espèces avec une strate herbacée dominée par la fétuque des bois. Quelle que soit l'altitude, les forêts de pente se succèdent et se remplacent selon les mêmes lois : variation de la taille, de la mobilité des cailloux, pourcentage d'espaces vides entre les blocs. Ainsi, en situation plus froide et sur éboulis plus ou moins grossiers, la hêtraie-sapinière évolue vers une hêtraie à adénostyle ou une érablaie à spirée, lorsque l'éboulis est enrichi en terre fine. A partir de 1200 m d'altitude, sur sol acidifié en surface par les précipitations abondantes, la hêtraie-érablaie (ou hêtraie à hautes herbes) qui représente le climax* de l'étage subalpin* se rencontre sous forme d'îlots ponctuels. L'érable sycomore, vigoureux, a souvent été éliminé par les traitements sylvicoles qui tendent à favoriser les essences résineuses. Si le couvert arboré demeure clairsemé, la strate arbustive est assez bien développée avec le sorbier des oiseleurs, les chèvrefeuilles noir et des Alpes ou le rosier des Alpes. L'exubérance des espèces herbacées confère au groupement une physionomie tout à fait originale avec la présence d'espèces de grande taille comme le prénanthe pourpre, le persil sauvage, la renoncule à feuilles d'aconit... Sur les lapiaz de la zone centrale fortement érodée, s'installe la pessière à doradille où l'épicéa assure à lui seul la couverture arborée. Quelques arbustes comme le rosier des alpes, le chèvrefeuille noir dominent un peuplement clairsemé. Cette pessière s'installe sur des sols peu épais, très humifères et acides en surface, favorables à une petite orchidée, la listère cordée. Cette pessière sur lapiaz est traitée en futaie jardinée et les conditions de sol et de climat conditionnent une forêt claire à fort recouvrement de myrtilles et d'airelles. Dans les nombreuses dépressions apparais-sent fréquemment des mégaphorbiaies d'altitude (formation de hautes herbes des sols eutrophes*) à laitue des Alpes. En plusieurs endroits apparaissent des tourbières intra-forestières, riches en sphaignes et installées sur des pentes, phénomène exceptionnel dans le Jura. Leur situation est liée à une alimentation par des eaux acides (eaux de pluie et eaux de ruissellement acidifiées par les sols). La Chaux Sèche, la Roche du Creux, de même que les différents "plans" permettent le développement de pelouses sommitales mésophiles* qui contribuent à la diversification d'un site à flore subalpine* typique et remarquable : nigritelle noire, campanule en thyrse (toutes deux protégées en région Franche-Comté)... La végétation des corniches et des falaises est caractéristique : l'orientation sud, comme à la Roche du Creux favorise une flore de sols secs et ensoleillés (flore xérophile*). On ne saurait clore cette présentation des milieux rocheux sans parler des éboulis situés en pied de falaise. Ils constituent un des plus beaux exemples présents en Franche-Comté à l'étage montagnard*. Aux quelques plantes herbacées hautement spécialisées des éboulis mobiles, font suite, dans les parties plus stables, érables et sorbiers. Cette variété de milieux s'accompagne d'une faune caractéristique des forêts d'altitude. Ainsi, la forêt du Risoux est connue comme un bastion historique de la chevêchette d'Europe en France, mais cette réputation ne doit pas occulter, d'une part, la présence d'effectifs non négligeables dans les massifs périphériques et d'autre part, le reste du peuplement de ce massif : gélinotte des bois, grand tétras, venturon montagnard, tarin des aulnes. La population de gélinotte des bois est très fluctuante sans qu'il soit possible de mettre en évidence un déclin : l'effectif se situe dans un épisode bas aux environs de 80 individus. Le grand tétras présente une population limitée à moins de 40 individus dont seulement 9 coqs chanteurs pour les années 2000/2001. La conservation de la population du Risol-Mont-d'Or-Risoux est considérée comme prioritaire par les spécialistes. En Franche-Comté, il n'y a plus que sur ce massif qu'on trouve des habitats très favorables à leur reproduction. Les chouettes d'altitude trouvent dans la forêt du Risoux un habitat de prédilection puisque les densités constatées sont assez fortes. Les pentes peuplées de hêtres sont très favorables au pic noir offrant des cavités à la chouette de Tengmalm alors que la partie centrale est très favorable à la chevêchette d'Europe (la présence de Pic épeiche dans la zone centrale conditionne l'existence de cavités favorables à l'espèce). Enfin, les zones de régénération sont préférées alors que les zones réellement ouvertes sont évitées. Les falaises bordant le massif abritent entre 1 et 2 couples de faucon pèlerin. Ces oiseaux exploitent, tout comme les autres rapaces (milans et bondrée) le massif forestier et les vallées avoisinantes. La présence régulière, en petits effectifs, du tarin des aulnes peut être envisagé sur le massif. Le venturon montagnard est abondant aux abords de la Chaux Sèche : la pessière claire, mésophile à sèche avec de nombreuses lisières représenterait son habitat de prédilection. Ce site constitue donc probablement une zone importante pour la nidification de cette espèce. La Chaux-Sèche enfin constitue une originalité importante de ce massif, laissant la possibilité à certaines espèces de milieux ouverts ou semi-ouverts de nicher (venturon montagnard, alouette lulu et tarin des aulnes dans une moindre mesure). Pour les reptiles, ce secteur présente une caractéristique biogéographique importante avec la jonction des domaines de la vipère aspic et de la vipère péliade. Chez les mammifères, le lynx est très bien représenté dans ce secteur et dans le monde des insectes, quelques papillons diurnes sont remarquables. A ce titre, le massif abrite la plus belle population franc-comtoise de piéride de la bryone, insecte d'altitude relativement rare et lié aux bordures des chemins où l'arabette constitue la plante hôte. Il convient également de signaler l'apollon et le protée, tous deux protégés et inféodés aux pelouses sèches.
L'enjeu de ce site unique, en terme de milieux naturels et d'espèces en Franche-Comté, mais également très attractif car situé au coeur de la zone touristique phare du Haut-Jura, est la cohabitation entre certaines activités durant les périodes hivernale et estivale, et la qualité des habitats naturesl et des habitats d'espèces, en particulier pour le grand tétras. Cette cohabitation fait l'objet d'une réglementation spécifique, en l'occurence un arrêté préfectoral de protection de biotope, et d'une politique de sensibilisation et d'information menée conjointement par les acteurs locaux et l'Etat. L'intégration au réseau Natura 2000 permettra de renforcer cette double action d'une part entre nécessité de protection et nécessité de gestionet, d'autre part, entre outils réglementaires et outils contractuels. La dynamique Natura 2000 sera également le creuset au sein duquel tous les acteurs présents sur ce massif pourront, ensemble, renforcer sa protection en apportant des réponses adaptées à la demande touristique, en poursuivant une gestion forestière favorable au grand tétras, au venturon montagnard et à la chevêchette d'Europe, trois espèces très bien représentées dans le Risoux, et en garantissant l'intégrité des biotopes intra-forestiers (pelouses, corniches, éboulis, bords de routes...). Les politiques de préservation et de gestion du massif actuellement conduites satisfont aux objectifs de Natura 2000. Tout d'abord, un arrêté préfectoral de protection de biotope a été mis en place sur la partie centrale du Risoux. Cette réglementation a pour principal objectif d'organiser la fréquentation touristique hivernale. Un comité local garantit sa bonne application et propose les mesures susceptibles d'en améliorer son efficacité. Parallèlement, un programme Life Nature a été conduit durant la période 1993-1997. Il visait à la protection des populations de tétraonidés, notamment grâce à : - une meilleure connaissance de leurs populations et habitats ; - l'identification des facteurs limitant pour ces deux espèces ; - l'établissement des orientations de gestion sylvicole et leur mise en oeuvre ; - la formation et la sensibilisation de tous les acteurs. De nombreuses expérimentations ont été mises en oeuvre sur le Risoux. Du point de vue économique, il apparaît que les actions n'engagent généralement pas de surcoûts notables. En même temps, les professionnels s'accordent tous pour déclarer que le jardinage favorable au tétras est également la plus intéressante gestion du point de vue économique parce qu'adaptée au climat et à la nature des sols. Les objectifs et les préconisations générales de gestion à atteindre sur le site déclinés dans le document d'objectifs sont les suivants : ¨ retour au pastoralisme extensif sur Chaux Sèche, ¨ maîtriser la fréquentation hivernale pour assurer la quiétude du grand tétras, ¨ poursuite de la gestion forestière actuelle avec quelques infléchissements, comme par exemple l'ouverture des hêtraies fermées privée, le contrôle de l'ouverture des habitats ouverts, notamment les zones de nourrissage des poussins de tétras.