FR4312013 - Petite montagne du Jura

Site de la directive "Oiseaux"

Base de référence : Juillet 2024.

Identification du site

Type : A (ZPS)

Code du site : FR4312013

Compilation : 31/07/2004

Mise à jour : 26/06/2014

Appelation du site : Petite montagne du Jura

Dates de désignation / classement :

  • ZPS : Premier arrêté : 27/04/2006
  • ZPS : Dernier arrêté : 23/03/2018
Texte de référence
Arrêté de création du 23 mars 2018 portant décision du site Natura 2000 Petite montagne du Jura (zone de protection spéciale)

Localisation du site
Coordonnées du centre (WGS 84) :
  • Longitude : 5,63472 (E 5º38'04'')
  • Latitude : 46,49667 (N 46º29'48'')
Superficie : 38 293 ha.
Pourcentage de superficie marine : 0 %
Altitude :
  • Min : 336 m.
  • Max : 742 m.
  • Moyenne : 504 m.
Régions biogéographiques :
Continentale : 100%

REGION : BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
DEPARTEMENT : Jura (100%)
COMMUNES : Arinthod, Aromas, Beffia, Boissière, Cernon, Chambéria, Charchilla, Charnod, Chavéria, Condes, Cornod, Coyron, Dompierre-sur-Mont, Dramelay, Genod, Gigny, Maisod, Marigna-sur-Valouse, Meussia, Monnetay, Montfleur, Montlainsia, Montrevel, Onoz, Orgelet, Plaisia, Saint-Hymetière-sur-Valouse, Sarrogna, Thoirette-Coisia, Tour-du-Meix, Val Suran, Valzin en Petite Montagne, Vescles, Vosbles-Valfin, Écrille.

Carte de localisation

Description du site

Caractère général du site

Classes d'habitats Couverture
Forêts caducifoliées 42%
Prairies ameliorées 12%
Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana 10%
Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées 8%
Pelouses sèches, Steppes 7%
Forêts mixtes 6%
Autres terres arables 4%
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 3%
Autres terres (incluant les Zones urbanisées et industrielles, Routes, Décharges, Mines) 3%
Zones de plantations d'arbres (incluant les Vergers, Vignes, Dehesas) 2%
Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente 2%
Marais (vegetation de ceinture), Bas-marais, Tourbières, 1%

Autres caractéristiques du site

Les  milieux  présents  en  Petite  Montagne  présentent  une  diversité  intéressante, notamment  aux  interconnections  des  différentes  entités  et  forment  une mosaïque paysagère. Les milieux forestiers et les prairies et pelouses constituent l'essentiel du territoire.
Les  forêts  représentent  43%  du  territoire,  avec  des  espèces d'oiseaux  et  des  habitats  d'intérêt  communautaire.  De  grands ensembles forestiers (principalement des hêtraies) sont d'intérêt communautaire  ainsi  que  des  secteurs  plus  ponctuels  aux 
conditions    abiotiques    spécifiques    (pente,    humidité importante...). Des espèces comme les rapaces, le Pic noir, les chauve-souris ou encore le Lynx passent tout ou partie de leur cycle biologique en forêt.
Les pelouses  et  prairies,  milieux  agropastoraux  présents sur près  de  25%  du  territoire  constituent  des  milieux  très importants  pour  un  grand  nombre  d'espèces  nicheuses  ou migratrices. Sur les pelouses, on trouve l'Alouette lulu, la Pie-Grièche écorcheur ou le Damier de la Succise et sur les milieux prairiaux, le Busard St Martin et les Milans. Les habitats naturels d'intérêt communautaire sont également très variés et plutôt bien représentés en Petite Montagne. De la pelouse sèche pionnière sur dalle (pelouse rupicole calcaire) à la prairie maigre de fauche, on dénombre 4 habitats d'intérêt communautaire dans le site Natura 2000. Ce grand milieu ne comprend pas les prairies humides, incluses dans les « zones humides ».
Les landes et broussailles constituent des milieux de transition entre prairies-pelouses et forêt. Très souvent rattachés aux pelouses ou aux forêts jeunes, ils abritent des espèces caractéristiques de ces milieux de transition tels que l'Engoulevent d'Europe et la Laineuse du prunelier.
Les milieux rupestres abritent des espèces comme le Faucon pèlerin, le Grand-Duc d'Europe et les chauves-souris utilisent les grottes et cavités comme gite d'hivernage ou de transit.
Les rivières de Petite Montagne sont des habitats pour 3 espèces de poissons d'intérêt communautaire, l'Écrevisse à patte blanche et la Moule perlière. 
Les 2 principaux plans d'eau du site sont le lac de Vouglans et de Lac de Coiselet. Ce dernier est un secteur d'hivernage pour plusieurs espèces d'oiseaux.
Les zones  humides représentent  une  faible  part  du  territoire,  mais  sont  de  très  grande  importance,  puisque  beaucoup  d'habitats  et  d'espèces  d'intérêt communautaire y sont liés. On y trouve 2 types d'habitats de prairies humides et 4 types de marais ou tourbière, mais ils sont très peu représentés dans le site. Les oiseaux migrateurs comme le Courlis cendré et la Bécassine des marais sont quant à eux à la recherche de plus grands ensembles de zones humides. Ces  espèces et habitats sont donc particulièrement fragiles au vu de la faible représentation de ces milieux en Petite Montagne.
Les cultures occupent 4% du territoire et présentent des enjeux faibles de conservation des espèces d'intérêt communautaire.
Les  zones  urbanisées   représentent  une part importante dans l'occupation du sol du fait de l'habitat  dispersé.  Ces zones abritent un nombre important d'espèces d'oiseaux et de chauve-souris dans le bâti ou les vergers par exemple. Les infrastructures comme les ponts sont aussi utilisées par des chauve-souris. 

Qualité et importance

Localisée entre le Revermont à l'ouest, le département de l'Ain au sud et le Massif du Haut-Jura à l'est - dont elle est séparée par les gorges de l'Ain - la Petite Montagne fait partie intégrante du massif jurassien. Elle appartient au Jura plissé, caractérisé par un relief tourmenté correspondant à une succession de crêtes orientées pour la plupart nord-sud. L'altitude varie de 400 à 841 m et la pluviosité annuelle entre 1200 et 1500 mm, avec des risques importants de sécheresse en mars-avril et en période estivale. 

La Valouse,  un petit cours d'eau présent sur le site, est situé à l'extrême sud du département du Jura. Il se jette dans la rivière d'Ain à la limite du département, dans la région de Chaléa-Thoirette, après un parcours de 44,7 km. Son bassin culmine à une altitude de 841 m et présente un dénivelé maximum de 569 m. 
Cette rivière et son principal affluent le Valouson, d'origine karstique*, entaillent profondément les plateaux. Une série de petits ruisseaux alimentent ces rivières (la Thoreigne, située en rive droite, le Bief d'Enfer, le Valzin et l'Ancheronne, en rive gauche, etc.). 

La Petite Montagne est un secteur particulièrement intéressant sur les plans écologique et biologique, par l'agencement des différents types de milieux qui composent le terroir. Les systèmes pastoraux et les pelouses sont interconnectés, les forêts montrant toujours une structure globalement linéaire. Ce terroir présente une agriculture peu intensive et généralement respectueuse de la qualité des milieux naturels. 

Parmi les habitats forestiers présents sur le site certains ont un intérêt patrimonial particulier : 

- Sur certains éboulis, les forêts de ravins sont représentées par l'Erablaie à Scolopendre sur les versants les plus froids, et par des Tillaies-érablaies sur versants plus chauds.
- Les fonds de vallée sont occupés par des forêts alluviales résiduelles. La Saulaie arborescente à Saule blanc est assez bien représentée sur le site. Présente sur les matériaux les plus riches en éléments grossiers, la Frênaie-Erablaie est elle-aussi un habitat communautaire d'intérêt prioritaire.
- Sur les pentes les moins ensoleillées, il est possible de rencontrer des hêtraies-chênaies à Aspérule odorante (ex : forêt de Coisonnet ).
- Enfin, sur les sols à engorgement non permanent, d'où le Hêtre est absent, la chênaie pédonculée fait son apparition.

Un grand nombre d'unités, de petite ou de grande taille, les pelouses, couvrent la Petite Montagne. Il s'agit de milieux biologiquement très riches, plusieurs d'entre elles présentant même un intérêt exceptionnel. 
Les pelouses sont des formations herbacées qui se développent sur des sols généralement peu épais, moyennement riches en matières nutritives et non amendés. Souvent, un même secteur présente une mosaïque de milieux : pelouses, friches, ourlets, et dalles plus ou moins nues. On rencontre deux grands types de pelouses à fort intérêt patrimonial et leurs milieux associés : 

- Les pelouses mésoxérophiles calcicoles en exposition sud où la flore est riche en orchidées. Elles sont représentées sur les pelouses de Thoirette et de Nermier, les friches et pelouses de Bellecin et du vaste plateau de Sapey, le Pré Gatheron, le Molard de Justice, les Petits Buis, "la Cha" et les Quarts. 

- D'autres colonisent les surfaces marno-calcaires dont les sols ravinés à teneur variable en eau sont constamment rajeunis par l'érosion ; ce sont les pelouses mésohygrophiles* marnicoles*. Elles sont rares dans le Jura et abritent une flore caractéristique tel que le Lotier maritime et de nombreuses orchidées. Elles sont représentées sur Dramelay, les Près Perrin, le Pré Gatheron, la pelouse de la ferme des Cornes, Sous Rametain, les Petits Buis et les pelouses de Nermier.

Sur l'ensemble de la Petite Montagne, les secteurs plats ou de faible pente, ainsi que les fonds de vallée, combes et cuvettes, localisés entre les crêts, sont exploités par l'agriculture à vocation pastorale. La prépondérance de l'élevage bovin explique l'extension des prairies permanentes. L'abandon progressif, par l'agriculture, des parcelles les plus difficiles à exploiter dans les pentes et sur les sols superficiels, explique le développement des friches.

Certains secteurs présentent des zones humides. 
- Ainsi, à Onoz, on rencontre un petit lac entouré par des prés plus ou moins marécageux, un bas-marais alcalin et une roselière qui s'est développée sur une ancienne tourbière. Malgré les drainages dont il a fait l'objet, ce bas-marais abrite des espèces caractéristiques: Marisque, Choin ferrugineux ou encore Gentiane des marais, ces deux dernières espèces étant protégées en Franche-Comté. Les parties orientales du lac sont colonisées par les aulnes, les saules et la Bourdaine. 
- Le lac de Viremont, jouxté par le Molard de Bron reste un site exceptionnel malgré les drainages dont il a fait l'objet. Le marais occupant la bordure orientale du lac constitue la plus importante station du Jura à Glaïeul des marais sur les deux présentes en Franche-Comté. Il recèle également le Choin ferrugineux, la Gentiane pneumonanthe et la Grassette. Le Molard de Bron qui le jouxte lui assure une bonne complémentarité. 

La faune est également très riche. 
Par ailleurs, l'avifaune est elle-aussi intéressante. Cette région naturelle reste le seul secteur de nidification du Circaète Jean-le-blanc en Franche-Comté. Par son maintien, cet aigle chasseur de serpents illustre parfaitement les exigences de la plupart des autres espèces animales présentes, à savoir un vaste territoire dont les milieux naturels sont à la fois diversifiés et interconnectés. 
Autre oiseau à signaler, l'Engoulevent d'Europe peut être rencontré sur les coteaux calcaires ensoleillés, favorables au Genévrier et aux orchidées. Dans les milieux ouverts à semi-ouverts, sont présents également différents passereaux comme l'Alouette lulu ou la Pie-grièche écorcheur.
Certaines falaises du site abritent quelques couples d'oiseaux rupestres, tels que le Faucon pèlerin, ou son prédateur, le Grand Duc d'Europe.

Actuellement, les milieux naturels de la Petite Montagne présentent encore un bon état de conservation. Ils hébergent un grand nombre d'espèces à forte valeur patrimoniale.

Vulnérabilité

Actuellement, les milieux naturels de la Petite Montagne présentent globalement encore un bon état de conservation. Ils hébergent un grand nombre d'espèces à forte valeur patrimoniale. 

Globalement, la Valouse et ses affluents présentent une qualité biologique satisfaisante (classes 1A et 1B). Toutefois, une analyse détaillée des peuplements faunistiques de macro-invertébrés ( insectes, crustacés, mollusques, vers, etc...) témoigne d'altérations plus ou moins marquées :
- la diversité taxonomique des peuplements  de la Valouse peut-être élevée sur certains secteurs mais elle chute parfois de façon spectaculaire,
- le Valouson apparaît comme le moins dégradé avec des valeurs d'IBG de 16/20,
- le Valzin témoigne d'une situation moins satisfaisante.

Parmi les menaces, les points de vulnérabilités et les principaux enjeux ayant trait à la conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore de la Petite Montagne du Jura, il convient de retenir :
- L'insuffisance des capacités de stockage des effluents d'exploitation agricole, 
- la gestion des épandages de fumier,
- le manque d'épuration des effluents domestiques (qui se traduisent par des excédents de phosphore et une prolifération d'algues dans le cours principal de la Valouse et sur certains secteurs des affluents (ruisseau du Val d'Enfer).
- à la suite des remembrements, les opérations insuffisamment réfléchies d'entretien des cours d'eau et de la végétation riveraine (dommageables pour le milieu aquatique). 
- la perturbation du régime des cours d'eau sur certains secteurs par un non respect du débit biologique acceptable en période d'étiage,
- la présence d'ouvrages infranchissables par les poissons.