Site de la directive "Oiseaux"
Base de référence : Juillet 2024.
Type : A (ZPS)
Code du site : FR5310072
Compilation : 30/06/1988
Mise à jour : 30/06/2008
Appelation du site : Ouessant-Molène
Dates de désignation / classement :
Classes d'habitats | Couverture |
---|---|
Mer, Bras de Mer | 80% |
Habitats marins et côtiers (en général) | 15% |
Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana | 1% |
Dunes, Plages de sables, Machair | 1% |
Rivières et Estuaires soumis à la marée, Vasières et bancs de sable, Lagunes (incluant les bassins de production de sel) | 1% |
Galets, Falaises maritimes, Ilots | 1% |
Marais salants, Prés salés, Steppes salées | 1% |
La ZPS englobe un chapelet d'îles et d'îlots qui s'étire du sud-est vers le nord-ouest sur une vingtaine de kilomètres, ainsi que toute la zone marine entre ces îles et la côte du Finistère. Ouessant est l'île la plus occidentale, éloignée d'une vingtaine de kilomètres des côtes léonardes, elle se situe dans le prolongement de l'archipel de Molène.
L'île d'Ouessant et l'archipel de Molène sont des sites majeurs pour la reproduction, le repos et l'hivernage de nombreux oiseaux de mer. Ces sites doivent leur richesse pour partie à celle de la mer d'Iroise, mais aussi au caractère exceptionnel des nombreux îlots marins qui constellent l'archipel de Molène et les abords d'Ouessant. Leur localisation, leur configuration et les importants efforts de gestion et de protection qui ont été mis en place en font des sites d'importance nationale et internationale pour la conservation des oiseaux de mer. Treize de ces espèces se reproduisent tous les ans dans les falaises de l'île d'Ouessant ou sur les îlots du site. On y retrouve les trois espèces de goélands, la Mouette tridactyle, le Fulmar boreal (qui est ici en limite sud de reproduction régulière), le Pétrel tempête, le Puffin des anglais, le Grand cormoran, le Cormoran huppé, le Guillemot de Troïl, les Sternes pierregarin et naine et le Crave à bec rouge. Il convient aussi d'y ajouter des espèces qui se reproduisent, dans la zone, de façon plus irrégulière comme le Macareux moine et les Sternes caugek et arctique. La fusion en 2008 des deux ZPS existantes et leur extension jusqu'au littoral a eu pour conséquence d'accroître considérablement l'intérêt de la ZPS et de tenir compte des conditions écologiques nécessaires à ces oiseaux marins. Les îles de Keller et Keller Vihan constituent ainsi le secteur le plus intéressant d'Ouessant en matière d'oiseaux marins nicheurs. Ce site abrite en effet la plus grosse colonie française de goélands marins, l'essentiel des effectifs nicheurs de Cormoran huppé et de Fulmar boréal d'Ouessant, ainsi que les derniers couples de Macareux moine. Une ZPS étendue à tout le littoral d'Ouessant et englobant les îlots Keller et Keller Vihan accueillait en 2008 : - 8 à 10% de la population française nicheuse de Fulmar boréal, - 11 à 16% de la population de Cormoran huppé, - 13% de la population de Goéland marin, Par ailleurs, la plus grande colonie française de Goéland brun est celle de Béniguet. L'archipel de Molène est aussi très important pour les populations d'océanites tempêtes qui s'y reproduisent constituant la plupart des effectifs bretons qui ont augmenté de 19 % depuis 10 ans (rapport OROM 2017). L'extension du périmètre sur les falaises d'Ouessant a permis d'englober également l'ensemble des couples de Crave à bec rouge se reproduisant sur l'île. La population de Crave à bec rouge revêt un intérêt bio-géographique tout particulier. Les quelques dizaines de couples représentent en effet une bonne part de la population côtière française. C'est aujourd'hui plus du tiers du noyau de la population bretonne, qui constitue le reliquat d'une population littorale qui occupait par le passé les falaises maritimes de Bretagne et de Normandie. L'intégration de la bande littorale correspondant à la partie terrestre du site classé a permis par ailleurs de tenir compte des exigences écologiques du Crave à bec rouge, pour lequel ces zones de landes rases, pelouses aérohalines et pelouses écorchées constituent les zones d'alimentation exclusives. L'extension vers le large jusqu'au continent intègre les zones d'alimentation pour un grand nombre d'espèces marines nichant sur les îles (exemple : puffins, océanites, sternes, goélands, cormorans) ainsi que des espèces extérieures à la zones mais l'utilisant également comme zone d'alimentation (exemple : Fou de Bassan, Petit pingouin, Guillemot de Troïl) ou de transit telles que puffins, labbes, plongeons pour les plus communes. Lorsqu'ils sont indiqués dans ce formulaire, les effectifs des oiseaux pélagiques de passage ou hivernant dans le périmètre de la ZPS " Ouessant Molène " sont donnés à titre indicatif, en référence à des données récentes obtenues à partir d'observations terrestres. Des dénombrements couvrant l'ensemble de la zone devront préciser ces chiffres, de même qu'ils apporteront des données sur les espèces dont la présence est avérée mais pour lesquelles les effectifs fréquentant la zone sont insuffisamment connus. des inventaires seront à conduire pour connaître le réel statut de ces espèces dans la ZPS. Le programme PACOMM (et notamment son programme SAMM)dédié au suivi aérien des mammifères et oiseaux marins dans toute la ZEE française métropolitaine a montré que ces espèce fréquentaient la zone avec des effectifs parfois conséquents. En attendant d'éventuelles études spécifiques, le PDS de la DCSMM dédié aux oiseaux marins en mer devrait à terme venir compléter ces informations. La gestion du site se fait dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de gestion du Parc Naturel Marin d'Iroise (PNMI) qui vaut DOCOB pour le site
Les facteurs affectant les oiseaux peuvent être classés en plusieurs catégories. Les changements climatiques observés à une large échelle pourraient avoir des répercussions sur les oiseaux marins de l'archipel de Molène. Un réchauffement des eaux marines peut ainsi avoir de rapides répercussions sur le plancton, dont se nourrissent les Pétrels tempêtes, et sur diverses espèces de poissons que consomment les autres oiseaux marins. L'augmentation de la fréquence et de l'intensité d'évènements climatiques particuliers (tempêtes, précipitations, etc.) pourraient aussi avoir un impact direct sur la reproduction et la survie des oiseaux de mer. Sur Ouessant : · La dynamique de la végétation est un élément clé qui permet d'expliquer au moins partiellement les évolutions constatées chez plusieurs espèces. Sur l'îlot de Youc'h Korz, le développement important d'une végétation nitrophile, conséquence de la présence d'une colonie de goélands, serait ainsi un des facteurs expliquant la forte baisse des effectifs nicheurs de Pétrel tempête constatée sur ce site depuis les années 1970 (CADIOU 2002). · La quasi-disparition de l'agriculture sur Ouessant a pour conséquence l'enfrichement progressif de l'île. Cette dynamique s'avère également être défavorable pour certaines espèces, et en particulier pour le Crave à bec rouge qui s'alimente dans des milieux très ouverts comme les pelouses écorchées, les pelouses aérohalines et les landes rases (KERBIRIOU comm. orale). · Les problèmes de prédation exercent aussi une influence sur plusieurs oiseaux. La présence de rats sur les îlots et dans les falaises d'Ouessant pourrait bien avoir un impact sur les oiseaux marins nicheurs (KERBIRIOU comm. orale). Toutefois, l'impact réel d'une prédation par les rats n'est actuellement pas évalué. CADIOU (2002) estime cependant que la prédation par le rat serait en partie responsable de la chute du nombre de couples de Pétrel tempête se reproduisant sur Youc'h Korz. De la même manière, la prédation exercée par la Corneille noire et le goéland argenté est la raison avancée pour expliquer la disparition à la fin des années 1990 de la colonie de Mouette tridactyle, jusqu'alors installée dans les falaises du Stiff. Au début des années 1990, les effectifs de cette colonie atteignirent pourtant près de 200 couples, soit environ 5% de la population nicheuse française de l'époque. Depuis 1998, les falaises d'Ouessant sont désertées par l'espèce, une partie des reproducteurs ayant émigré vers les colonies de Camaret et du Cap Sizun. · La compétition inter-spécifique pour les sites de nidification expliquerait la disparition d'un des derniers couples de Macareux moine nichant sur Ouessant. La croissance de la colonie de Cormoran huppé implantée sur l'île de Youc'h aurait en effet entraîné une érosion accrue du sol, rendant alors impossible la nidification hypogée du Macareux moine (CADIOU 2002), 2 couples sont toutefois toujours présents sur l'île Keller en 2008. · Plusieurs facteurs pouvant agir sur l'avifaune trouvent leur origine dans des activités humaines. La pression touristique est importante sur la frange littorale de l'île, notamment pendant la saison estivale Sur les secteurs du Stiff et de Pen ar Lan, on dénombre ainsi près de 10 000 visiteurs par an, et 60 000 sur Porz Doun (KERBIRIOU comm. orale). La forte présence humaine en pleine période de nidification peut induire un fort dérangement sur l'avifaune, et notamment sur des espèces nicheuses fragiles comme le Grand gravelot ou le Crave à bec rouge. La forte fréquentation humaine se traduit également en certains endroits par une dégradation des pelouses aérohalines du fait du piétinement. Ce phénomène est particulièrement marqué sur le secteur de Porz Doun, avec la multiplication des chemins et le développement de zones érodées. Ces pelouses aérohalines, qui sont des milieux d'alimentation majeurs pour le Crave à bec rouge, sont également fortement dégradées par endroits en raison de leur exploitation de plus en plus intensive et non contrôlée par étrépage. Dans l'archipel de Molène : · D'une manière générale, les prédateurs terrestres tels que les rats et les visons d'Amérique représentent une sérieuse menace pour les colonies d'oiseaux de mer et pour les limicoles nicheurs. Le vison d'Amérique est absent de l'archipel de Molène. Les rats ont quant à eux été éradiqués de l'île de Trielen (KERBIRIOU et al. 2004). · Divers phénomènes de relations interspécifiques, notamment entre oiseaux de mer (prédation, compétition spatiale, dégradation des habitats), sont par contre susceptibles d'influer sur les évolutions démographiques (CADIOU 2002, CADIOU et al. 2004). Ainsi, la forte prédation exercée par les goélands marins sur les Pétrels tempêtes depuis le milieu des années 1990 pourrait avoir un rôle dans la récente stabilisation des effectifs. · Un autre phénomène concerne aussi le Pétrel tempête : il s'agit du développement d'une végétation herbacée haute sur la principale colonie de l'île de Banneg, conséquence directe de la disparition des lapins dans les années 1990 et de l'absence d'abroutissement depuis lors. Cette fermeture du milieu entraîne l'obturation de l'entrée des sites occupés auparavant par les océanites. Les goélands peuvent aussi, dans certains cas, avoir un impact sur les colonies de sternes (LE NEVÉ 2004, YÉSOU et al. 2005). · Parmi les facteurs anthropiques pouvant avoir un impact significatif sur les oiseaux, le dérangement humain occupe une place prépondérante. L'archipel de Molène, par sa qualité et sa diversité paysagère et par ses richesses naturelles, constitue un lieu particulièrement attractif pour les touristes et les plaisanciers (BRIGAND 2002). L'accroissement récent du nombre d'embarcations de type gonflables et semi-rigides s'accompagne d'une fréquentation accrue des îles de l'archipel car ce type d'embarcation permet un accès plus facile qu'avec des voiliers ou d'autres types de bateaux à moteur. La fréquentation de l'archipel de Molène par des kayakistes ou des jets-skieurs tend aussi à se développer. Hors période estivale (mai à août principalement), cette fréquentation des îles par les plaisanciers reste cependant très limitée. Une partie des îles et îlots bénéficie d'un statut de réserve (Réserve naturelle d'Iroise, Réserve de chasse et de faune sauvage de Béniguet, Réserve biologique), où l'accès à la partie terrestre est réglementé (MONNAT 1982, YÉSOU et al. 1993). · La zone de l'estran est accessible à tous sur l'ensemble de l'archipel toute l'année. L'impact potentiel de l'activité de pêche à pied sur les oiseaux nicheurs apparaît a priori limité, même si il n'a jamais été évalué. L'impact potentiel du dérangement humain sur les oiseaux hivernants apparaît lui aussi a priori limité. Par contre, les activités de plage durant la période estivale et les accès aux îlots à cette période sont bien plus susceptibles d'avoir un impact négatif sur les oiseaux, notamment les Grands gravelots et les Huîtriers pies en période de reproduction ou encore les sternes (dérangement durant l'incubation ou durant l'élevage des jeunes). Le dérangement humain est également susceptible de favoriser la prédation par les goélands (YÉSOU et al. 2005). Plus généralement Si des captures accidentelles de grands cormorans ou de cormorans huppés dans des filets sont régulièrement signalées par les pêcheurs, le maintien de la croissance des effectifs pour ces deux espèces dans l'archipel de Molène et Ouessant tend à montrer que l'impact est négligeable. La réduction des sources de nourriture d'origine anthropique (fermeture des décharges d'ordures ménagères, déchets issus des pêcheries) apparaît comme un des facteurs ayant joué un rôle dans la diminution des populations de goélands argentés, voire aussi de goélands bruns, durant les dernières décennies (CADIOU & YÉSOU en prép.). Toute proche du rail d'Ouessant, zone d'un intense trafic maritime, la ZPS Ouessant Molène, est soumise au risque de pollution par les hydrocarbures (marée noire ou pollution chronique liée aux déballastages).